.jpg)
« Il y a présentement deux choses qui monopolisent mon fil Facebook: le coronavirus et François Lambert. »
Si cette phrase est entre guillemets, c’est parce qu’elle a été écrite le 13 mars dernier (sans farce), au moment où je signais un petit portrait du coloré millionnaire, en marge du lancement d’une nouvelle série vidéo baptisée « Car wash ».
La série a été tuée dans l’œuf et le portrait n’a finalement jamais été publié à cause de ce léger contretemps nommé PANDÉMIE MONDIALE.
Mais comme la vie s’est donnée comme mission sur terre de nous surprendre, voilà que 300 jours plus tard ET François Lambert ET la COVID-19 sont à nouveau (Noovo hu-hu) réunis grâce à la téléréalité Big Brother Célébrités.
Le prétexte idéal donc pour dépoussiérer et publier l’entretien que voici, après un an de running gags avec ma boss Barbara chaque fois qu’elle se gratte la tête pour compléter sa grille éditoriale. « Ben, il y a toujours le portrait de François Lambert…»
Voici donc le résultat un brin updaté donnant la parole a posteriori au millionnaire en Segway le plus connu au Québec et le nouveau PM (patron de maison) de Big Brother Célébrités.
.png)
Rencontre au sommet (de la McCroquette)
Douze mars 2020. François Lambert me rejoint dans une succursale McDonald’s du boulevard Crémazie, tout juste à côté du lave-auto où l’on vient de tourner notre première capsule de la série évoquée plus haut. Le concept est simple: accompagner au lave-auto des personnalités polarisantes, au centre de controverses ou qui se retrouvent dans l’eau chaude puis les savonner le temps d’un cycle.
Et parlant d’eau chaude, monsieur douche glacée en personne est le meilleur candidat possible pour lancer les hostilités.
En gros, je veux surtout comprendre ce qui se passe avec lui, s’il a perdu la boule. En plus de sa fameuse vidéo de douche glacée, François Lambert attire alors beaucoup l’attention avec ses balades en Segway en chest, (beaucoup d’affaires en chest à bien y penser), ses visites matinales au poulailler, ses courriers du haters, ses coups de gueule sur tout ce qui touche le milieu des affaires, sans oublier ses chicanes virtuelles récurrentes avec plusieurs personnalités et sur toutes sortes d’enjeux.
Après vérification sur sa populaire page FB , quelqu’un de son entourage s’affaire présentement à le maintenir virtuellement en vie en entendant que « le beau François » sorte gagnant de l’aventure dans 13 semaines.
Et il est productif le torrieux. S’il n’était pas confiné plusieurs semaines à cause de l’aventure Big Brother Célébrités entre les murs d’un manoir de L’Île-Bizard, il aurait très certainement critiqué un chroniqueur, commenté les fluctuations boursières instables dans le contexte actuel, fait un nombre incalculable de live, diffusé ses chroniques quotidiennes intitulées «Derrière du comptoir » et – oui- fait un stunt supplémentaire en chest entre le début et la fin de cet article.
Après vérification sur sa populaire page FB , quelqu’un de son entourage s’affaire présentement à le maintenir virtuellement en vie en entendant que « le beau François » sorte gagnant de l’aventure dans 13 semaines.
.png)
Malgré cette surexposition virtuelle, c’est quand même un homme parfaitement en contrôle de la situation qui s’est retrouvé en face de moi dans un McDo au début de l’hiver 2020.
«La réalité, c’est que les gens découvrent un millionnaire qui n’est pas dans un bureau en train de boire du scotch, quelqu’un d’accessible.»
François Lambert semble très bien savoir ce qu’il fait, au point qu’on peut le soupçonner de nous troller allègrement. « La réalité, c’est que les gens découvrent un millionnaire qui n’est pas dans un bureau en train de boire du scotch, quelqu’un d’accessible », analyse Lambert, ajoutant que ce côté givré reflète mieux sa personnalité que l’image plus austère et superficiel qui colle souvent au milieu des affaires. « Mes prises d’opinion sur le milieu des affaires sont partagées, parfois même par le milieu des affaires, mais on me parle quand même de mes vidéos en chest », constate l’homme de 53 ans, qui s’est fait connaître du grand public lors de sa participation à l’émission Dans l’oeil du dragon.
Lambert et PKP : même combat
Il se targue ouvertement d’être authentique et accessible, à l’instar de PKP, un autre millionnaire « qui n’a pas peur non plus de varger dans le tas ».
«Ma mère m’a appris à cuisiner et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en parler uniquement parce que j’ai un gros compte de banque.»
Ce côté cowboy n’empêche évidemment pas les dérapages. François Lambert s’en dit parfaitement conscient. Il cite en exemple un texte sur les infirmières publié en octobre 2019 sur sa page FB (qui comptait plus de 40 000 abonnés lors de notre rencontre, un nombre qui a pratiquement doublé depuis), dans lequel il critiquait leur gourmandise dans leur négociation avec le gouvernement. Un texte qui a d’ailleurs très mal vieilli dans le contexte actuel. Mais même à l’époque, Lambert s’était fait ramasser solide. Il reconnait que le deuxième degré utilisé dans son statut n’avait pas super bien passé, mais il n’a jamais renié ses mots. « Je n’ai jamais effacé un statut de ma vie », assure Lambert, qui dit être plus actif sur Facebook depuis 2014.
Et plus le temps passe, moins les commentaires hargneux et les controverses l’affectent. Il avoue éviter délibérément une seule éventuelle pelure de banane. « Je ne parle jamais de religion, je ne suis pas pratiquant. C’est pas mal le seul sujet que je refuse de toucher », admet-il.
Pour ce qui est de sa désormais légendaire épicerie à 75$ (remember?), il jure ne pas avoir joué la carte prolo par démagogie. « Je viens d’une famille extrêmement pauvre qui n’avait pas l’air pauvre. Ma mère m’a appris à cuisiner et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en parler uniquement parce que j’ai un gros compte de banque ».
Cette forme de « simplicité volontaire » correspond davantage au mode de vie de l’ex-dragon, qui partage sa vie entre Montréal et sa ferme en Outaouais. Depuis quelques mois, il s’est lancé corps et âme dans la production de popcorn à l’érable et autres produits dérivés, une entreprise qui le passionne et qu’il mène à bien avec une petite équipe, dont ses deux fils qui lui donnent parfois un coup de main. « Je ne me tiens pas dans les cocktails de monde riche, je trouve ça super plate. Moi je me lève le matin et je pense à mes 1000 pots de barbe à papa que je vais faire avec ma gang.»
Bon ok, il pense aussi à tourner une vidéo aux aurores en bedaine avec ses poules qui caquettent en bruit de fond, mais ça vient en bonus dans la vie de Lambert. Un bonus calculé, puisque derrière ce côté cabotin et désinvolte, se cache un gars qui track presque tout ce que ses vidéos génèrent comme réaction. Et Dieu sait qu’il en génère des réactions. « Je fais ma revue de presse. Je me google et je recadre des gens qui disent n’importe quoi. Si tu veux du succès sur les réseaux sociaux, tu dois être authentique et ne pas te cacher derrière ton clavier », assure-t-il.
«J’essaye aussi de changer la perception d’échec dans le milieu de l’agriculture, en montrant qu’une ferme 2.0 peut être rentable, sans l’aide de l’UPA», explique Lambert
Du succès, il en obtient apparemment, au point d’affirmer voir un lien direct entre ses pitreries virales et les ventes de ses produits de l’érable. Mais ce qui le rend plus fier, c’est de « scorer » avec un texte plus consistant, qui fait réfléchir les gens. « J’essaye aussi de changer la perception d’échec dans le milieu de l’agriculture, en montrant qu’une ferme 2.0 peut être rentable, sans l’aide de l’UPA », explique Lambert, qui écoule ses produits en ligne seulement. « C’est ça qui me fait tripper. C’est pas mon statut qui ramasse Mariana Mazza qui me fait vivre », explique Lambert, qui en plus de ses produits de l’érable, dit avoir encore plusieurs entreprises actives à son nom. « Je suis en train de tout vendre, je suis ailleurs dans la vie ».
Cet ancien élève moyen dit ne « fitter » dans aucun moule, «l’histoire de sa vie», note-t-il.
« Je ne suis bon en rien, mais je suis moyen dans tout. Je suis par contre un bâtisseur d’entreprise, pas un opérateur d’entreprise », résume Lambert, qui se perçoit comme un meilleur passeur que scoreur.
Avec la portée de ses publications virtuelles, il s’explique mal pourquoi les grands médias ne l’ont toujours pas invité à exploiter cette popularité sur leurs tribunes. En attendant, il collabore à quelques radios, tient un blogue pour Les Affaires en plus du développement de sa business d’érable. « Je suis un marchand de bonheur. Sans prétention, je me vois comme ça. »
« Est-ce qu’on voudrait d’un ministre des Finances qui a fait du Segway en chest?»
On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs et c’est pourquoi François Lambert devra faire une croix sur un saut en politique, quelque chose qui lui trottait en tête jusqu’à récemment. « J’ai eu des ambitions politiques, d’avoir la chance de contribuer à changer le monde et ne pas être un gérant d’estrade, mais est-ce qu’on voudrait d’un ministre des Finances qui a fait du Segway en chest ? », demande Lambert, qui connaît visiblement la réponse à cette question. « Je n’ai pas de squelette dans le placard, mais je serais une distraction. »
S’il était en politique, François Lambert aimerait mettre de l’avant des projets de société rassembleurs, qui sont présentement négligés dans notre monde polarisé. Par exemple, il chercherait des moyens pour se débarrasser graduellement du pétrole en misant sur l’hydroélectricité.
«Je suis excessif dans tout. J’essaie d’avoir un mode de vie équilibré dans un monde déséquilibré.»
L’entrevue se termine. On se serre la pince (on avait encore le droit dans ce temps-là). François n’a rien commandé, sauf un café noir un peu plus tôt. Il explique faire un jeûne intermittent, une façon de perdre rapidement du poids, en plus de ses deux entraînements quotidiens. Il a pris sa douche froide en se levant, comme chaque matin. « C’est raide, mais ça règle d’autres problèmes, comme la dépression. Ça marche pour moi en tout cas, mais je n’ai pas à convaincre personne », lâche Lambert, qui dit s’occuper ainsi pour combattre son TDAH. « Je suis excessif dans tout. J’essaie d’avoir un mode de vie équilibré dans un monde déséquilibré », tranche-t-il, avant de grimper dans son Land Rover fraîchement nettoyé dans le car wash voisin et rentrer chez lui.
En quittant l’entrevue, je m’étais passé la réflexion que François Lambert n’était pas à la veille de dire son dernier mot.
Et plusieurs mois plus tard, de le voir se tordre de douleur avec le visage crispé suspendu à un mur incliné en train de recevoir des giclées d’eau dans face tend à nous donner raison.