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François Julien, expert en projection de sang

Par
Judith Lussier
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Sur une scène de crime, c’est lui qui analyse comment la victime a été tuée. Comme Dexter, mais en vrai.

Qu’est-ce que c’est, un expert en projection du sang?
En fait, je suis retraité du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale. Je témoignais à la cour dans tous les procès qui impliquaient des substances biologiques comme le sperme, le sang, la salive, la sueur, les matières fécales ou les cheveux. Quand je suis entré au labo il y a 35 ans, j’ai compris qu’on pouvait expliquer une scène de crime en observant des détails, comme la projection du sang.

Comment?

En mesurant la largeur et la longueur des goutes, on peut déterminer combien de coups ont été donnés, dans quel angle, où était la victime, etc. Au départ, il a fallu que je montre que la technique était utile pour comprendre les scènes de crime.

Quel a été votre premier cas probant?
Dans un cas de dispute conjugale, on avait toutes les raisons de croire qu’un gars avait tué sa blonde, mais qu’il voulait faire croire à un suicide. Il était connu des policiers et une arme longue avait été utilisée. Sur les lieux, j’ai constaté qu’il y avait du sang tout partout devant la fille. Or, s’il y avait eu quelqu’un devant elle, il y aurait eu un effet d’ombrage. Ça démontrait que c’était vraiment un suicide.

Avez-vous travaillé sur des crimes «célèbres»?

L’un de mes derniers cas était connu, et comme il est toujours en cours, je ne peux pas en parler. Par contre, je peux vous dire que j’ai déjà travaillé sur la personne qui avait été découpée en une vingtaine de morceaux à la scie tronçonneuse. On a reconstitué le casse-tête à l’aide de luminol, un produit qui devient luminescent au contact du sang, même s’il a été nettoyé.

Comment ça a évolué, la science judiciaire?

Quand j’ai commencé, on ne travaillait pas encore avec l’ADN. On ne pouvait pas dire à qui appartenait le sang, on pouvait juste confirmer qu’il s’agissait, par exemple, de sang de groupe A. Pour identifier le sperme, on y allait à tâtons avec nos mains. Bientôt, on pourra dire qu’on cherche un suspect aux cheveux blonds et aux yeux bleus juste avec des traces de substances biologiques.

Dormez-vous bien la nuit?

Oui. On n’a pas le droit d’être émotif au travail, parce que ça pourrait altérer notre jugement.

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