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Eh bien ça y est, c’est fait, hallelujah! Le fameux deux ans que ça prend pour se remettre de l’éclatement de la famille est enfin derrière moi…
Tout ce qu’on dit à ce sujet est vrai (du moins, ça l’a été dans mon cas). Après un an, ça n’a déjà plus rien à voir avec les premières semaines. Après deux ans, on est redevenu quelqu’un qui ressemble à soi-même. Et aussi, il est vrai de dire que fort probablement, on ne fera jamais totalement le deuil de la famille nucléaire, qu’il restera toujours une petite grisaille en nous, qui se manifestera de temps à autre, de toutes sortes de façons, dépendamment de chacun.
Moi, c’est quand je me couche le soir, de ne pas avoir dans mon lit quelqu’un qui est aussi gaga que moi de mes enfants et qui peut en entendre parler sans fin.
Ou quand ma fille me quémande un câlin avec papa et maman en même temps. Ou chaque fois que je pense que pour le reste de leur enfance, je ne verrai mes enfants que 50% du temps. Mais bon, avec le temps, j’ai appris à rediriger mes pensées quand elles empruntent la pente de la nostalgie. D’autres fois, je les laisse aller, pis je m’offre une petite séance de tragédie mugissante et morveuse sur le plancher du sous-sol. Ça nettoie.
Donc, comme je disais, ça y est… Je suis rendue de l’autre bord, j’ai survécu au tsunami et à la reconstruction qui a suivi, je suis redevenue quelqu’une qui a des projets, des rêves, des moments de calme toute seule avec elle-même. Et je trouve que ce genre de résurrection, ben, ça se fête!
J’ai pensé aux diverses possibilités qui s’offraient à moi : huîtres et champagne (idée évidente en ce mois d’octobre); petit séjour dans un spa; nouvelle robe avec de nouveaux souliers… Comme je le fais toujours quand j’ai un projet en train de germer dans ma tête, j’en ai jasé avec tous mes amis. Et c’est Virginie qui m’a offert ZE idée…
Virginie, c’est l’amie de filles avec-pas-d’enfants, mais toujours prête à prendre en charge/consoler/amuser les tiens que toute mère mono devrait avoir dans son entourage. Moi, en plus, j’ai la meilleure : elle a une Westfalia…
Virginie a pris 10 jours de congé pour s’offrir une dernière petite excursion, pour « partir sur un nowhere », avant de ranger sa West pour l’hiver. Fin octobre. Côte Est américaine. Je dis fin octobre, mais en fait, ça va jusqu’au 2 novembre – vous comprendrez bientôt l’importance de ce détail. Elle me propose de partir avec elle.
Pensez-y fort, visualisez notre escapade et essayez de voir ce que je suis en train de manigancer pour fêter mes 2 ans?
Je l’sais, ça ne se fait pas, c’est un no-no évident quand on a de jeunes enfants, mais moi, c’est ce que je vais bel et bien me permettre… je m’en vais foxer l’Halloween drett-là!!!
Sans même avoir entaillé une seule citrouille!
Flashback à octobre 2012. Je viens de me séparer. Je ne dors plus depuis deux semaines. Je suis en mille miettes, non fonctionnelle au travail, non fonctionnelle avec les enfants, incapable d’être seule, incapable d’être avec quelqu’un… Et je tiens mordicus à mener à bien le projet « Halloween », le premier que je vais tenter de réussir en mono.
Finir les déguisements. Acheter des bonbons. Maquiller les enfants, mettre assez de couches sous leurs déguisements pour pas qu’ils aient froid. Passer l’Halloween. Revenir à la maison. Donner des bonbons. Faire un party avec les autres adultes et enfants avec qui on vient de se les geler pendant deux heures. Jeter une partie des bonbons après. Cacher les minis Coffee Crisp dans le tiroir de mon bureau, dans la boîte qui servait autrefois à entreposer les disquettes (un artéfact).
Je n’aurais jamais pu imaginer à ce moment-là que mes enfants passent l’Halloween avec mon ex. Il a accepté, sans rechigner (content?), de me les laisser. Sinon, je sais pas ce que j’aurais fait, il aurait fallu que je ferme les breakers, que je me mette des bouchons dans les oreilles et que je me roule en boule sous mes couvertures en attendant le mois de novembre.
J’ai donc passé l’Halloween. Pas tout à fait là – en fait, pas là du tout, je n’en ai absolument aucun souvenir -, mais j’ai survécu. Et les enfants n’y ont sans doute vu que du feu.
Et cette année, eh bien, j’assume totalement mon indignité maternelle ainsi que la part de moi qui haguit cette fête-là et je me pousse aux States en Westfalia. Avec du champagne. On va acheter les huîtres rendues là-bas. Pis, si jamais je me trouve une petite robe mignonne dans une boutique, je vais pas me retenir, c’est moi qui vous le dis. Ça se fête en grand, une nouvelle vie!
Sur ce, je vous souhaite à tous une joyeuse Halloween. Oubliez pas de mettre les photos de vos enfants sur Facebook, que je puisse suivre ça quand même, assise les pieds dans le sable.