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Fourre-tout
Maintenant que les manifestations sont terminées et les pancartes rangées, parlons de la Journée internationale des femmes. Cette année, les activistes manifestaient contre Pornhub ou en appui aux femmes de la nation autochtone wet’suwet’en.
Quand même bizarre que les héritières de celles qui revendiquaient à une certaine époque le droit de vote, le droit à l’avortement et l’équité salariale, en soient rendues à combattre un site web et un gazoduc.
La sénatrice Julie Miville-Dechêne, qui participait à la manif, m’a expliqué cette semaine, le plus sérieusement du monde, qu’il fallait dénoncer la mise en ligne de matériel pornographique juvénile et empêcher de diffuser des rapports sexuels sur le net, sans le consentement des protagonistes. J’en suis. On a déjà des lois qui interdisent ça. En quoi est-ce le combat féministe de l’heure?
Quant à celles qui soutenaient le blocus ferroviaire, savent-elles que de nombreuses femmes wet’suwet’en, incluant des leaders héréditaires, appuient le projet de gazoduc dans leur communauté, alors que c’est plutôt cinq gars qui foutaient la merde contre le projet?
Où est le lien féministe?
Dans la même foulée, le candidat à la direction du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon annonçait dans sa semaine de promesses pour courtiser le vote féminin, qu’il créerait, s’il Premier ministre, un Educ’alcool du porno.
Ai-je besoin de rappeler qu’il y a des féministes qui militent pour le droit de légaliser la prostitution et les droits des travailleuses du sexe, tandis que d’autres souhaitent non seulement que la prostitution demeure criminelle, mais que l’industrie de la pornographie soit limitée ou éliminée? Idem chez les hommes.
En quoi est-ce un enjeu féministe? Moralisateur, religieux ou puritain, peut-être. Mais certainement pas féministe.
Un mouvement éparpillé
Il ne faut plus se surprendre que le mouvement féministe ratisse aujourd’hui moins large qu’à l’époque où la cause se voulait beaucoup noble et claire: elle réclamait un vote comme les hommes, elle voulait décider de son corps et elle exigeait d’être payée au même salaire.
Aujourd’hui, on a les fémens les seins à l’air en compagnie des femmes voilées, des transgenres et des ultra-cathos qui égrainent des chapelets pour combattre un gazoduc ou Pornhub. Toutes les marges sont là… sauf, selon moi, l’écrasante majorité des femmes et des hommes.
La député Catherine Fournier a aussi souligné la Journée du 8 mars, à sa façon, en diffusant un tableau des iniquités dont seraient encore victimes les femmes au Québec.
Elle resort les mêmes vieilles statistiques pour tenter de démontrer une discrimination systémique.
Aujourd’hui, on a les fémens les seins à l’air en compagnie des femmes voilées, des transgenres et des ultra-cathos qui égrainent des chapelets pour combattre un gazoduc ou Pornhub.
Les femmes gagnent effectivement moins, à 87% du revenu des hommes en 2018. Mme Fournier oublie juste de préciser que l’écart ne cesse de se resserrer et que chez les femmes de moins de 35 ans, l’écart est fort probablement à l’avantage des femmes, surtout si l’on considère les congés parentaux.
La députée déplore aussi que trois familles monoparentales sur quatre sont dirigées par une femme. Souhaite-t-elle que les tribunaux aient maintenant un préjugé favorable aux hommes et que ceux-ci obtiennent plus facilement la garde légale des enfants?
Madame Fournier note également que les femmes occupent deux fois plus un emploi à temps partiel. Alors que nous vivons une période de pénurie de main-d’oeuvre, est-il possible que ce soit simplement le choix de plusieurs femmes et qu’il faudrait le respecter?
Moi aussi, je pourrais commencer à citer des statistiques sur le taux de suicide, de décrochage scolaire, de blessures ou de morts au travail, de sous-représentation dans les facultés de médecine, etc, pour illustrer la discrimination systémique dont les hommes souffrent au Quebec.
Une société égalitaire
La réalité est que personne ne souhaite jouer au jeu de savoir qui est plus victime. On devrait plutôt tous s’enorgueillir de vivre dans la ou l’une des sociétés les plus égalitaires au monde.
Si les féministes tiennent tant à défendre le sort des femmes discriminées, abusées et tuées, qu’elles aillent voir ailleurs. Qu’elles s’insurgent, par exemple, contre le voile islamique, symbole ultime de la soumission du « sexe faible ». Ou encore qu’elles dénoncent les avortements sélectifs.
Mais, non, nos courageuses chevalières de la cause préfèrent s’attaquer à l’homme blanc capitaliste. Le féminisme sert malheureusement trop souvent de façade afin de faire avancer leurs idéaux de gauche radicale.
Si le 8 mars devient un fourre-tout pour ces groupuscules, doit-on comprendre que la Québécoise moderne jouit déjà de sa pleine égalité, dans son couple, son travail et sa société?
N’oublions pas que c’est Lénine qui le premier a proclamé le 8 mars Journée des femmes. La condition féminine demeure pourtant encore précaire dans cette partie du monde mais elle a bien servi la propagande communiste soviétique pendant des années et continue d’être instrumentalisée par une certaine gauche.
D’ailleurs, la chronique d’Aurélie Lanctôt publié dans Le Devoir la semaine dernière démontre bien les liens que font certaines féministes entre la lutte des femmes, celle des ouvriers et celle des immigrants illégaux. Un appel à s’exclure du système actuel rappelle que leur combat déborde largement celui des femmes. Il en est un d’une gauche radicalisée qui souhaite un autre modèle politique et économique.
Rendu-la, ça n’a quant à moi plus rien à voir avec le féminisme. Si le 8 mars devient un fourre-tout pour ces groupuscules, doit-on comprendre que la Québécoise moderne jouit déjà de sa pleine égalité, dans son couple, son travail et sa société?
L’an prochain, mon souhait le plus cher serait qu’on célèbre le 8 mars avec autant de sobriété que le 19 novembre, la Journée internationale des hommes…