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FOULE SENTIMENTALE: l’art rétro de cruiser sur MSN et Myspace

Comment les années 2000 ont influencé toute une génération en termes de relations amoureuses.

Par
James Lynch
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En matière de dating, on se souviendra de la dernière décennie comme celle où des milléniaux se sont faits des tendinites en swipant pour trouver LA personne avec qui aller au Chocolats Favoris. Bien avant ce fléau sentimental, plusieurs ont vécu la séduction du début des années 2000. Genre de Far-West du dating où avoir le bon nom de chat pouvait augmenter ses chances d’aller au cinéma Guzzo avec son kick.

Grâce à Internet haute-vitesse et les hormones dans le tapis, j’ai moi-même été acteur dans cette charade de flirt technologique. Vous croyez que ghoster et jouer hard to get date de 2011 ? Je vous dirais que vous n’avez pas connu MSN Messenger et Myspace.

J’aimerais donc vous replonger à une époque où avoir un permis de scooter et une carte Subway étaient aussi importants qu’une chemise Frank and Oak et un Reer aux yeux d’une fréquentation en 2019.

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Pour certains ados, l’amour se trouvait à quelques clics sur MIRC et autres SLOCHE.com. Moi, c’était MSN Messenger. Je me rappelle avoir eu vent de cette plateforme en 2001. Un gars avec un col roulé Phat Farm avait comparé ma silhouette de chérubin à la mascotte MSN. Sur le coup je n’ai pas compris l’insulte. Après une recherche sur la Toile du Québec, j’ai réalisé que c’était une pas pire joke et que le chat douteux de Caramail ne ferait plus long feu.

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Bill Gates et compagnie avaient enfin trouvé un autre moyen que le Démineur pour parler à ma génération.

Après un atelier de mime, elle m’a demandé c’était quoi mon Hotmail. Sur le coup, je me suis retenu pour ne pas montrer mon extase à coup de jazz hands.

Armé d’une adresse Hotmail pas piqué des vers (sk8rboi4life), j’ai commencé à passer mes soirées à discuter avec mes amis de mes dernières découvertes de groupes ska sur Limewire. Malheureusement, je commençais à me rendre compte que ceux-ci semblaient moins disponibles pour aller «skanker» à des spectacles à l’Adobase de Boisbriand. Ils étaient plus occupés à frencher avec leurs «petites blondes».

Depuis un bout, j’avais un oeil sur une fille dans mon cours d’option-théâtre : Stéphanie, une brunette de 5’10 qui avait des airs de Dua Lipa, si elle était vendeuse au HMV de la Place Rosemère. Après un atelier de mime, elle m’a demandé c’était quoi mon Hotmail. Sur le coup, je me suis retenu pour ne pas montrer mon extase à coup de jazz hands.

En quelques mois seulement, ma routine habituelle de regarder mon crush Patricia à 0340 après l’école s’était transformée en session de clavardage MSN avec Stéphanie. À coup d’emojis et de références à la Comedia dell’ arte, j’étais en train de développer une belle complicité avec celle-ci. Avec les vacances d’été qui arrivaient à grand pas, j’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai invitée au cinéma. Après quelques minutes de silence, j’ai reçu ceci : <>

Juste en amis…

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Je n’ai rien répondu, et je l’ai bloquée. Sans le savoir, je venais de ghoster pour la première fois une personne sympathique juste à cause de mon précieux ego. À ce moment, j’ai compris que j’avais du chemin à faire si je voulais me trouver ‘’une petite blonde’’.

L’art de la séduction à grands coups de likes

Sans même avoir frenché, le secondaire était déjà terminé. Je voyais donc le Cégep comme l’endroit idéal pour me réinventer. Bye bye cheveux avec des frosted tips et bonjour cheveux noirs asymétriques.

Je venais tout juste découvrir Myspace. Grâce à mon RAZR, j’avais des belles selfies de salle de bain pour agrémenter mon profil. J’ai vite compris que mon toupet emo et mes jeans serrées du Château étaient très appréciés de la gent féminine. Les likes quotidiens flattaient mon ego, tout comme les messages du genre : salut jte trouve ben cho, en2k écrit moi :) xx

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Je me suis donc mis à lire sur les techniques de séduction. Je me suis créé des règles : 2 likes sur le profil d’une fille à mon goût et attendre 2 heures avant de répondre à ses messages. Tout un Casanova!

Avec cette technique, j’ai quand même trouvé «l’amour» avec une fan de Panic! at the disco. Ça n’a duré que 2 semaines et elle m’a laissé par texte quand je lui ai révélé que je n’avais pas de fausses cartes. Moi qui croyais que j’étais un bad boy

Plus ça change, plus c’est pareil

Avec du recul, je réalise que les enjeux de séduction d’antan sont toujours d’actualité. Selon moi, les années 2000 ont contribué à faire de nous des êtres plus cyniques quand vient le temps de faire la cour. C’est aussi facile de bloquer quelqu’un en 2019 qu’en 2001, sauf que maintenant on a encore plus l’embarras du choix et on peut le faire en direct de notre toilette.

Puisque ça fait plus de 20 ans qu’on est bombardé d’images hyper stylisées de partenaires potentiels, on se réconforte dans le fait que si ça ne marche pas, il y aura toujours une autre option. J’ai le sentiment que nous devenons plus superficiels avec le temps et plus exigeants. Je ne pense pas que ma mère aurait ghosté mon père après 2 dates car il ne voulait pas aller patiner à la Récréathèque.

C’est aussi facile de bloquer quelqu’un en 2019 qu’en 2001, sauf que maintenant on a encore plus l’embarras du choix et on peut le faire en direct de notre toilette.

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Cette abondance de possibilités romantiques me rappelle le buffet Mandarin : les plats semblent alléchants, mais est-ce que la qualité y est? J’imagine qu’il faut essayer. Peut-être vous allez tomber en amour avec une nouvelle saveur de crevette panée, ou développer la salmonelle. Au pire, les 2. Malheureusement, il n’y a pas de Yelp review pour un match en ligne. Il faut se fier à son instinct et garder espoir, aussi naïf soit-il.

Au final, c’est quand même drôle de penser que des enfants sont nés car leurs parents ont laissé le bon commentaire ou on envoyé le bon gif.

Bref, g2g ma mère a besoin de téléphoner…