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Religion et films d’horreur: pourquoi ça fait encore aussi peur?

On ne va peut-être plus à l'Église, mais on veut encore aller au ciel.

Par
Benoît Lelièvre
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URBANIA et Unibroue, avec leur bière La Maudite, s’unissent pour démasquer vos peurs.

On a une drôle de relation à la religion en 2018. On aime se dire spirituel, mais pas religieux. Croyant, mais pas pratiquant. On aime se distancier de la religion organisée et prôner un rapport plus personnel au sacré, mais on tremble de peur en regardant un film d’horreur où une p’tite fille possédée du démon grimpe au plafond en jasant en Ara

C’est quoi notre problème? Est-ce qu’on est religieux ou est-ce qu’on l’est pas?

La religion est omniprésente dans les films d’horreur. Elle a développé tellement de visages qu’on oublie parfois qu’elle est là. Des années 60 au film The Nun, paru cette année, il n’y a qu’à chercher des signes religieux dans votre film d’horreur préféré pour qu’ils vous tombent dessus.

Pourquoi donc? Et bien… c’est compliqué. Y’a plusieurs raisons.

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Nos valeurs sont encore Judéo-Chrétiennes

Prenez la série de films Friday the 13th, par exemple.

Il n’y a aucune allusion directe au diable, là-dedans. C’est l’histoire d’un tueur en série zombie avec un masque de hockey dans face qui assassine sauvagement des jeunes adultes rebelles et libidineux. Mais on se surprend quand même à prendre le bord du tueur Jason Vorhees dans cette histoire, parce qu’il punit systématiquement le monde qui se croit tout permis.

Si vous menez une mauvaise vie et avez des valeurs douteuses, vous allez finir à l’autre bout de sa machette. Vorhees est l’agent de la morale judéo-chrétienne tout comme… eh oui, le diable. Ou le Bonhomme Sept Heures. Ou le monsieur creepy qui demeurait sur votre rue, que personne ne connaissait et que vos parents utilisaient pour vous faire rentrer tôt le soir : « Si t’es pas à la maison en pyjama à 7h, le Père Ouellette va t’attraper et t’emmener chez lui. »

Dans la série Friday the 13th, comme dans plusieurs autres films d’horreur, seuls les jeunes gens au cœur bon et aux désirs virginaux ont la capacité d’affronter le mal (personnifié par Vorhees) et de survivre. Comme quoi on a peut-être sorti les gens de la religion, mais on n’a pas sorti la religion des gens.

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On a tous encore peur de mourir

On ne croit peut-être plus en Dieu, mais la dernière fois que j’ai vérifié… on meurt encore tous et on a toujours aucune idée de ce qui se passe après. Donc, c’est toujours aussi épeurant de confronter sa propre mortalité.

Si y’a un problème que la laïcisation de la société n’a pas réglé, c’est bien celui-là.

La religion, ça donne du sens à l’existence. Prenez le film Stigmata où Patricia Arquette souffre de stigmates (les blessures de Jésus, sur la croix), un phénomène lié aux personnes extrêmement pieuses. Elle se met aussi à parler en Araméen et à invoquer des textes mis à l’index par l’Église. C’est épeurant, parce qu’on ne sait pas ce qui anime cette pauvre fille qui n’était pas religieuse pour deux sous avant que tout ça arrive.

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Dans Stigmata, la loi divine se heurte à la loi des hommes. Un secret enfoui par l’Église depuis plusieurs années revient à la surface, animé par une force surnaturelle. C’est épeurant, mais c’est rassurant à la foi. C’est un film qui affirme que de mener une bonne existence et de « gagner son ciel » ne se reflète pas seulement dans un au-delà théorique. Que même si on meurt, une partie de nous va survivre et que nos combats continueront d’être menés parce qu’ils sont justes.

On veut encore un rapport au sacré

The Exorcist est l’un des plus grands films d’horreur de l’histoire du cinéma. Il a donné des cauchemars à la génération de vos parents et il vous a peut-être donné des cauchemars à vous aussi.

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C’est effectivement vraiment épeurant, mais c’est un film somme toute très simple : la jeune Regan MacNeil (jouée par Linda Blair) semble souffrir d’une maladie mentale, mais ça devient vite clair qu’elle est possédée par une force surnaturelle et que la médecine ne peut rien pour elle.

Pour faire une histoire courte, lorsque le philosophe Friedrich Nietzche a affirmé au XIXe siècle que Dieu était mort, il a un peu brisé le monde en deux. Ce qu’il voulait dire, c’est qu’avec l’avènement des lumières, la Bible n’était désormais plus la seule source de vérité. C’est une vérité qu’on a toujours au beaucoup de difficulté gérer. On ne veut plus écouter le prêtre, mais on veut aller au ciel; on ne veut plus prier, mais on ne veut pas que ça s’arrête lorsqu’on meurt, etc. En réaffirmant la vérité religieuse, The Exorcist ramène aussi le paquet de peurs malsaines qui viennent avec.

Ça marche, parce qu’on ne veut plus de religion, mais on veut encore aller au ciel.

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C’est un langage universel

Que vous soyez chrétiens, juifs ou musulmans, tout le monde a une idée approximative de ce qu’est l’Enfer.

C’est parce que les religions, malgré leurs différences, servent toutes de cadre moral pour leurs adeptes. Et pour servir de cadre moral, ça prend une histoire avec des bons nobles d’esprit et vertueux et des méchants violents et sans âme. Et tout le monde sait qu’il n’y a pas plus méchant que le diable. Le critique américain Chuck Klosterman affirmait dans son recueil I Wear the Black Hat : Grappling with Villains (Real and Imagined), que personne n’osait parler d’Adolf Hilter de façon nuancée parce qu’il est la personnification du mal. Et bien avant lui, la personnification du mal, c’était le diable.

Donc, ramener la religion et le diable dans un film d’horreur, c’est un peu facile. Prenez par exemple Constantine, avec Keannu Reeves (oui, je suis très au courant que c’est basé sur une BD, merci). C’est l’histoire d’un « policier de l’au-delà » si on veut, qui renvoie les démons en enfer pour se racheter d’une tentative de suicide. Donc en gros, c’est l’histoire d’un gars qui tue des démons.

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Constantine est un antihéros classique. Un badass à cause noble qui tue juste les méchants et y’a pas plus méchant qu’un démon. Tuer un démon, c’est comme tuer un nazi dans un film. C’est efficace, mais c’est facile parce que tout le monde s’entend pour dire qu’ils l’ont cherché.

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Le diable et l’enfer font aussi partie de notre patrimoine culturel québécois. Par exemple, la légende de la Chasse-Galerie met en scène un Satan trompeur et rusé. C’est d’ailleurs en hommage à cette légende qu’Unibroue a créé La Maudite, une bière aux épices qui a beaucoup fait jaser à sa sortie, alors qu’on n’était pas encore habitués à voir des produits avec des noms de sacre!

Pour en savoir plus sur La Maudite, visitez le site d’Unibroue.