Logo

Fermer sa gueule

Aujourd’hui, je n’ai rien à dire.

Publicité

Je n’ai pas envie de commenter quoi que ce soit, de révéler ce que je pense de tel ou tel sujet. Non pas que je n’aie pas d’opinion sur ce qui se passe dans le monde, simplement, je ne considère pas que celle-ci soit particulièrement intéressante.

J’aurais bien pu me forcer pour trouver une raison de chialer. Après tout, c’est facile de se plaindre de tout et de n’importe quoi, Pascal Henrard l’a très bien démontré la semaine dernière, mais à quoi bon ; des millions d’internautes se chargent déjà de remplir les forums et les sections de commentaires de leur pensée enragée ou de leur indignation exagérée, alors de mon côté, je peux bien prendre congé. C’est rendu qu’on ne lit plus les blogues, voire les articles et les reportages, pour savoir ce qu’ont à raconter les chroniqueurs ou le journalistes, mais plutôt pour se divertir en lisant les remarques laissées à la fin par les autres lecteurs.

Publicité

Voilà où nous en sommes rendus : à commenter les commentaires. C’est peut-être ça qu’on appelle le deuxième degré de lecture ? Parce qu’en tout cas, le deuxième degré dans sa définition première, c’est-à-dire l’ironie, ne semble plus très bien compris ni accepté. Combien de fois ceux qui prennent la parole ici et ailleurs se font-ils rentrer dedans parce qu’ils ont osé employer des antiphrases et y aller d’un peu de dérision ?

Aujourd’hui, je ne donnerai donc pas mon point de vue sur l’actualité (et ne ferai surtout pas de sarcasme). Pourtant, des dizaines de grands titres et de faits divers ont retenu mon attention. Les débuts d’Anne-France Goldwater à la télévision, le retour de Jacques Languirand à l’antenne de Radio-Canada, l’endettement des étudiants en cette période de rentrée scolaire, le fait que des chercheurs aient trouvé une ixième nouvelle manière de maigrir ou celui que les industriels de l’alimentation reconnaissent eux-mêmes qu’il y a trop de cochonneries dans les produits qu’ils nous vendent dans les épiceries : je me suis livrée à toutes sortes de réflexions lorsque j’ai lu sur ces sujets, j’ai pris des notes, cela m’a même inspirée pour un de mes projets de fiction, bref, j’ai pensé quelque chose de tout ça. Mais je n’ai pas cru bon le partager avec vous.

Publicité

Comme une des affaires qui me tombent le plus sur les nerfs ces temps-ci, c’est l’accumulation exponentielle d’opinions diffusées à qui mieux mieux par les médias traditionnels ou non – on va les appeler les « médias crémeux », tiens –, j’ai décidé de donner l’exemple et de ne pas ajouter mon petit grain de sel bien personnel cette semaine. Se taire. Fermer sa gueule. Des fois, ça fait du bien. (La semaine prochaine, je vais devoir recommencer à me prononcer cela dit, puisqu’il faut bien que je gagne ma vie.)

Le problème, c’est qu’en disant que j’ai voulu me la boucler pour une fois et en expliquant pourquoi, j’ai fini par formuler une critique sur quelque chose. Il est bien là le drame : dans le monde 2.0, l’absence de quoi que ce soit qui ressemble à une opinion est devenue pratiquement impossible. Même quand on écrit comme statut Facebook « Je mangerais bien des fettucine carbonara », on prend position. C’est du moins ce que certains pensent, dont celui qui prend la peine de nous répondre « Franchement, t’as pas honte. Carbonara = bacon. Tuer des pauvres animaux pour se nourrir, c’est dégueulasse. »

Publicité
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!

À consulter aussi