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Félix Renaud : le photographe qui vous faisait rêver
Fouki et Koriass dans un décor lunaire. Cœur de pirate dans une chambre d’ado. Damien Robitaille dans toutes les situations possibles. Souldia, Sarahmée, Pier-Luc Funk, Richard Séguin, Pierre-Yves Lord, et même Marjo.
Toutes ces personnalités adorées du public sont passées devant la caméra du photographe Félix Renaud qui a su les capturer à la hauteur de la place qu’ils occupent dans notre imaginaire.
« C’est lui qui m’a contacté sur Instagram. Je suis allé voir son profil et j’ai capoté ben raide », se souvient Fouki. C’est Félix, précise-t-il, qui a eu l’idée de le photographier, étendu sur un lit de crottes de fromage. Une photo maintenant iconique que vous avez sans doute déjà aperçue :
« On a tellement eu de fun, pendant ce shoot-là. Félix avait acheté plein de sacs de Cheetos jumbo, gros comme ton chest. Ça puait la vieille chambre d’adolescent dans le studio (rires). C’était quelqu’un qui avait le don de te mettre à l’aise, dans son humilité et sa manière d’être. On s’était fait remorquer la voiture, cette journée-là. Mais avec Félix, y en avait pas, de problèmes. Il était toujours bien et souriant. Je me suis tout de suite senti en confiance et on a beaucoup travaillé ensemble, par la suite », raconte le rappeur québécois.
Un être humain en or, une force créative, un talent unique. C’est ce qui ressort des hommages qui fusent de toutes parts depuis l’annonce du décès du photographe Félix Renaud, en février dernier. Il avait 36 ans et deux jeunes enfants, Pablo et Luna.
Vous ne le connaissiez peut-être pas, mais les gens que vous aimez voir à la télé ou écouter dans vos AirPods semaine après semaine l’adoraient. Depuis plusieurs années, vous regardiez vos personnalités publiques préférées à travers ses yeux.
Donner de son talent
Chez URBANIA, on connaissait bien Félix. Il avait, entre autres, réalisé trois couvertures pour le magazine, dont la toute dernière édition papier parue en 2019 et la plupart de celles ayant servi à nos collaborations avec La Presse+. Peu de temps avant son décès, il était sur le plateau de Bien joué! pour prendre la photo officielle de l’émission qu’URBANIA produit actuellement en partenariat avec Télé-Québec.
« Félix est arrivé dans les bureaux d’URBANIA sans prévenir, un après-midi, avec des dessins en main. Il avait illustré des mises en scène qu’il imaginait pour des séances photos dignes de notre magazine », me raconte Rose-Aimée Automne T. Morin, l’ancienne rédactrice en chef du magazine et personnalité médiatique.
« Je l’ai aimé immédiatement. Je n’ai jamais été déçue. Il était créatif, audacieux, drôle, passionné, aimant. Un homme formidable et un artiste complet », se souvient Rose-Aimée.
« C’était un gars d’une immense générosité », m’explique le photographe Nicolas Gouin. « Si les gens doivent se rappeler d’une seule chose, j’aimerais que ce soit ça. Il m’a prêté son stock de plongée pour un shooting que je voulais faire sous l’eau. Il avait le cœur sur la main. Il donnait tellement de son temps et de son talent aux gens. »
« On faisait du skateboard dans son studio. C’est des beaux souvenirs », ajoute-t-il.
Faire les choses pour les bonnes raisons
« Je me rappelle, d’un 5 à 7 bien arrosé, il y a de ça 6 ou 7 ans où j’avais jasé avec Félix. Sa carrière était en train de décoller et du haut de ma sagesse (?!?), je lui avais donné un conseil : plus tu vas avoir du succès, plus ça va aller vite et tu vas te retrouver à répondre à plein de commandes. Tu vas faire du cash, mais n’oublie jamais pourquoi tu as choisi de faire ce métier, au départ. Continue de faire des shoots juste pour toi, sans aucune contrainte de client et juste pour le plaisir », se souvient le grand patron d’URBANIA, Philippe Lamarre.
« J’ai senti que ça avait résonné chez lui. Chaque fois qu’on s’est revus, au fil des ans, Félix m’a rappelé ce conseil que je lui avais prodigué en me disant qu’il avait bien assimilé ce petit conseil offert autour d’une bière. En plus d’être un créateur de grand talent, Félix était un maudit bon gars. Un cœur pur qui faisait les choses pour les bonnes raisons. Il me manque déjà. Repose en paix, mon Félix. »
Faire les choses pour les bonnes raisons, c’est quelque chose qui lui tenait à cœur.
Félix prenait des photos, mais c’était beaucoup plus qu’un photographe. C’était important, pour lui, que ses sujets se trouvent aussi beaux que lui les trouvait beaux. Son plus grand talent était de faire ressortir la beauté et l’unicité des gens. D’immortaliser la raison pour laquelle on les aimait.
« À notre dernier shooting ensemble, j’avais (comme toujours) des commentaires violents à mon endroit », raconte l’humoriste et animateur Jean-Sébastien Girard, qui faisait affaire avec Félix depuis dix ans. « Du genre : “mon Dieu que je suis gros”, “mon Dieu que j’ai huit mentons”, “mon Dieu que je cale”. Il n’a pas aimé ça et regarde ce qu’il m’a envoyé, par la suite. »
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Pierre-Yves Lord, un autre collaborateur de longue date de Félix, se souvient de lui pour cette pulsion créative qui l’habitait et son empathie envers ses sujets :
« C’était un gars avec une vibe très particulière. Il avait un don pour lire les gens et les mettre à l’aise. On a tout de suite bondé, lui et moi, parce qu’on faisait tous les deux de la plongée sous-marine. C’était un gars qui aimait beaucoup l’eau », se souvient-il. « Il était à l’aise lorsqu’il avait de la liberté créative. C’était un gars qui n’avait pas peur d’essayer des affaires, alors quand on travaillait ensemble, on essayait. J’ai eu beaucoup de plaisir avec ce gars-là. »
Je laisse le mot de la fin à sa conjointe Manuela, mère de ses enfants, à propos de tous ces souvenirs que se partagent les gens qui ont croisé son chemin : « Avec le mot Funky tatoué sur le bras et un cœur qui, même dans toute son immensité, ne pouvait contenir tant de créativité, Félix laisse des traces colorées dans la vie de tous ceux qui l’ont croisé. Une machine à idées grandioses pour qui rien n’était impossible! Tu as laissé ton empreinte, Félix, et elle ne s’effacera jamais! »
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