.png)
Je pensais jamais, au grand calice de jamais écrire une telle chose. Mais là, la belle bande de gens, désolé de vous l’annoncer aussi straight, il faut songer sérieusement à retourner à la messe.
C’est la fin du monde.
Si vous ne me croyez pas, consultez ce rapport qui est sorti récemment et dont l’analyse par Lise Thériault et Marie-France Bazzo est venue torpiller mon mercredi matin, la semaine dernière, tandis que j’écoutais Pénélope en me patentant un petit café.
Je le sais que vous le savez, mais y a pas juste le présent qui suce, l’avenir est sombre foncé. Et cette fois, même le gouvernement est d’accord.
Zone de perturbations
Je vous fais une petite synthèse rapide (le mal du siècle) de cette étude nommée avec un certain sens de la réserve Perturbations à l’horizon par des comités de scientifiques canadiens. Mais je vous conseille quand même d’y jeter vous-même un coup d’œil.
Perturbations à l’horizon informe ses lecteur.ice.s quant à 35 enjeux de société aux conséquences possiblement dévastatrices, couvrant tous les départements, des sciences sociales, à l’écologie en faisant un détour par la politique, les classant en fonction de leur impact et de leur probabilité à se produire.
Pis breaking news, ça va mal en sale, les chums.
Et la question qui m’habite depuis la lecture de ce document est la suivante : pourquoi est-ce qu’on ne parle pas que de ça dans tous les médias du pays, en ce moment? Comment est-ce possible que ça ne soit pas la page frontispice de tous nos journaux?
Si j’en crois cette étude, qui ne semble pas servir à vendre des frites, des votes ou des pickups, il serait grand temps qu’on lâche notre boîte à fou pour passer en mode solution, voire en mode super solution, comme dirait le beau gars de Frank vs Girard (pas moi, l’autre gars de Frank vs Girard. Vous savez, cette émission jeunesse culte du milieu des années 2000).
J’avoue qu’il commençait à être temps que j’arrive en ville, que ces messages nous sont adressés depuis longtemps. Mais dans mon cas, la rencontre du contenu de Perturbations à l’horizon est venue s’arrimer à un dimanche après-midi de pur enchantement.
J’y reviens dans 2.
Death cult de la personnalité
Le document, donc, mentionne – entre 30 autres enjeux! – le fait qu’on devrait grandement s’inquiéter du fait que « les milliardaires dirigent le monde », que « les antibiotiques ne fonctionnent plus », que « la mobilité descendante est la norme » et que « les ressources naturelles vitales se raréfient ».
Mon deux cennes : on a créé un monde dans lequel on voue un culte à l’individu.
Puis, profitant de cet élan, quelqu’un (un homme blanc qui voulait prouver quelque chose à son père?) a conçu une machine au mécanisme très addictif qui sert à alimenter ce culte débridé et l’a mise dans nos poches et nous, on donne ça à nos kids « pour les protéger ».
On passe nos vies le nez planté dans notre petit miroir noir et on est en train de manquer l’autobus de quelques années lumières. Parce qu’on a perdu le sens de la communauté.
Il est plus que temps qu’on (re?)commence à se réunir, pour incarner un changement massif, à l’échelle de la société. Parce que – et je le sais que vous le savez, mais je me sentirais taré de ne pas l’écrire vu l’invitation à contribuer à cette tribune – le navire est en train de couler et on se demande quel filtre on peut appliquer sur notre selfie pour avoir l’air le plus cute possible pendant le naufrage.
À moins qu’on tienne absolument à continuer d’acheter de la scrap sur Internet pour que JB s’achète un septième yacht à 230 millions.
À l’abri du capitalisme
Bref, je reviens à mon dimanche. Le Festival TransAmériques vient de prendre fin, et s’il reste un endroit dans le monde où le commerce est maintenu à un bras de distance, c’est bien les salles de théâtre.
Quelques jours après avoir pris connaissance de Perturbations à l’horizon, je suis allé voir Ode de Catherine Gaudet – un spectacle de danse extrêmement réussi dans lequel, grosso modo, un seul mot est prononcé.
Ce mot est « love », et Justin et moi, sur le chemin du retour, on s’est demandé si c’est pas le message le plus subversif qu’un spectacle nous a livré dans les dernières années : « amour ».
La messe, pour moi, ça serait celle-là. Un chœur de danseurs qui me répète « love » pendant les 60 minutes enivrantes d’une prière désespérée, lancée à l’univers par des interprètes transis.
Si on veut nettoyer l’égout nauséabond qu’on s’est bâti en guise de maison, on va devoir s’y mettre toute la gang, et si ce que j’écris là n’est pas la vérité, je sais pas ce qui l’est. C’est plus le temps de chicaner les immigrants, de blâmer les wokes. Vous pouvez cesser immédiatement de vous magasiner une belle grosse Tesla avec un aileron.
Parce que là, les citoyens, faut rénover le contrat social. Pis je parle pas de changer le back splash de la cuisine. Je parle des fondation, de structure, de gros travaux.
Et pour ça, il va falloir se mobiliser.
Ode, le spectacle de Catherine Gaudet, c’est de ça que ça parle, au final.
De l’extraordinaire puissance de la communauté.
Et de ce pouvoir qu’on a de vibrer, de croire et de s’élever, quand on se réunit et qu’on prie en communion.
Essayons donc ensemble de faire mieux. Ensemble.
Ça se peut-tu?