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Faque on a regardé des hentai…

Avec la participation spéciale de Lora Zepam

Par
Charles Beauchesne
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Trigger warning : viol, pédophilie, inceste. Ben oui, désolé…

Ben voilà, on en est finalement arrivé à ce stade où URBANIA m’a le plus sérieusement du monde sollicité pour écrire un billet sur la pornographie japonaise… Ça doit faire une dizaine de fois, au fil de mes articles, que je fais référence de façon plus ou moins ouverte à mon amour pour Sailor Moon, force est de croire que ça a fini par cimenter l’idée que je suis le genre de gars qui consomme sa porno en dessins animés.

Ah shit. Ça, ça veut dire que je vais devoir “faire de la recherche”… *long soupir*

La vérité c’est que je suis tout aussi néophyte que vous sur le sujet, et tout comme vous, j’ai entendu suffisamment de fables préventives sur le fétichisme nippon pour ne pas nécessairement avoir été victime d’une folle envie de me taper l’aventure tout seul dans le noir.

Non, déjà que je me déguise en personnage du Moyen Âge chaque année pour mes vacances, je peux simplement pas devenir le gars qui écoute du hentai tout seul, ma mère ne me le pardonnerait jamais. J’ai donc une fois de plus passé un appel d’urgence à ma compatriote blogueuse et éternelle chum de passe-temps weird, Lora Zepam, question d’avoir une compagne de route féminine dans ce défi, parce que c’est toujours un peu plus valorisant d’être entre amis quand tu tapes “best hentai tentacle porn” dans Google.

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– Allo Lora? Faut que j’écrive un article sur le hentai, libère ta fin de semaine, toute cette porno-là va pas s’écouter toute seule.
– Ben, ok. Dit de même, je suppose que c’est pas une suggestion…

Aussitôt dit aussitôt fait, nous nous sommes scrupuleusement affairés à rechercher sur le sujet de long en large, et ce, même au péril d’avoir des cookies franchement déstabilisants.

Petite histoire du hentai : hentai est un mot japonais signifiant “transformation” ou “perversion”. En occident, on l’utilise pour désigner des films de fesses en p’tits bonshommes. Fin.

Nous en avons également profité, par souci d’exhaustivité de la démarche, pour monter film par film une liste, une bien sombre liste, des meilleurs titres de l’industrie dans chacune des catégories principales de hentai, soit :

Yaoi : gars sur gars
Yuri : fille sur fille
Funatari : femmes avec pénis (jusqu’ici, je suis encore ouvert d’esprit)
Tentacle porn : fourrer avec des monstres tentaculaires (nous y reviendrons malheureusement)

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– Lora! Penses-tu qu’on devrait se taper une couple de lolicon [femmes prépubères] ou shotacon [garçons prépubères], juste pour dire qu’on est allés jusqu’au boute?
– Charles, essaie même pas de chercher ça sur internet, la GRC va débarquer chez toi. Va lire l’alinéa b de l’article 163 du Code criminel.
– [Lecture en diagonale à voix haute.] Ben coudonc, faut croire que tu viens de me sauver de la prison.

Bref, on a fini par s’organiser un marathon qui se tient et ce, tout en explorant suffisamment de couleurs de cet arc-en-ciel pour dire qu’on a fait le tour.

Entrent donc en scène les tentacules…

Épreuve 1 : Himekishi Lilia

Le pire, c’est que ça a commencé de façon assez smooth, petit scénario médiéval fantastique de princesses guerrières, jusqu’à ce que :

“Pour que la princesse soit apte à être sacrifiée au roi des démons, vous devrez d’abord en faire une véritable salope!”

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Here we go… S’ensuit donc un bon 6-7 minutes de princesse forcée à se masturber en public pendant que les habitants du village la regardent en éjaculant dans un baril de sperme lorgné par un enfant avec des oreilles de chat qui le convoite comme une gamelle de lait.

– J’espère vraiment que le chat va pas en boire…
– Ça commence rough, mais ça peut pas être pire. […] Est-ce qu’ils sont en train de lui faire un lavement baryté avec le contenu du baril?
– Ciboire… Au moins, je crois que c’est le plus rock’ n roll que ça peut être.

Scène suivante :

“Princesse, vous serez maintenant ravagée par ce démon tentaculaire, bonne chance!”

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– Savais-tu que les Japonais utilisent des monstres tentaculaires pour contourner les lois qui jugent indécente la représentation de la pénétration par un pénis?
– Le tentacule est rentré dans son vagin, pourquoi on le voit dans son estomac, est-ce que quelqu’un a fait une recherche anatomique avant d’illustrer ça?
– Wow, tu réalises que jusqu’à maintenant, la fille pleure dans toutes les scènes érotiques… QUI A BESOIN DE ÇA?

Épreuve 2 : Hitoyozumakan Inkou Rannyuuroku

Gros viol par un monstre tentaculaire incompréhensible en partant, pas de générique, BANG! DEALEZ AVEC ÇA, LES NORD-AMÉRICAINS! En gros, de ce que j’ai pu comprendre, ça se passe dans une espèce de bordel, j’ai senti comme un désir du réalisateur de perdre le temps de personne.

– Câline, ils se sont pas cassé le cul avec la structure narrative, ça fait 20 minutes que les scènes de cul s’enchaînent. Les gens ont des conversations dans les maisons de passe aussi!
– Pourquoi les filles ont jamais vraiment l’air d’aimer ça à 100 % d’avoir des relations sexuelles?

15 minutes plus tard…

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– Eille, je suis déjà plus capable de voir des dessins de monde qui éjacule. Il y a des gens qui ont possiblement passé des semaines à animer cette shot de scrotum en contre-plongée.
– Est-ce que ton sperme a l’air d’un gros pouding toi aussi?
– Je me sens pas bien, je commence à avoir envie d’entendre autre chose que des filles qui ont mal alors qu’elles devraient avoir du fun.
– Charles, est-ce que tu produis des raz-de-marée de sperme, toi?
– Non…
– Ben là, es-tu sûr que t’es NORMAL?
– Je sais pus ce qui est normal.

Dernière shot du film, tout le monde pisse en même temps sur la fille.

– Évidemment…
– Je sais même pas comment j’ai pu ne pas suspecter qu’on s’en allait là…

Épreuve 3 : Sensitive Pornograph

Notre yaoi de la soirée. Celui-là était plutôt mignon. En fait, les gars avaient l’air en amour, comme quoi faut être un dude pour que ce soit le fun au Japon… En gros, une jeune artiste mangaka découvre son homosexualité en compagnie d’un trentenaire aux traits super androgyne.

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– Je sais que je lâche pas avec ça, mais d’après toi, combien de gens ont travaillé sur cette shot de sperme qui sort d’un anus?
-Uh oh, semblerait que le plus vieux des deux soit une véritable salope qui couche avec n’importe qui. Penses-tu que ça va lui briser le cœur?
– … Non il a l’air plutôt live and let live face à cette réalisation…. Fin? Ah oui? Sec comme ça? Je me demande à quel point c’est courant comme résolution dans une relation gaie : “En passant je fourre avec un paquet de monde, mais c’est toi que j’aime.” “Cool! veux tu une pipe?”

Épreuve 4 : Immoral Sisters Ai Shimai

Assisté d’une femme qu’il a lui-même endoctrinée à être un objet sexuel dès son plus jeune âge, un homme d’affaires moustachu de Tokyo fait subir à une collégienne une série de sévices sexuels sur le toit de l’école.

– Ah… Sérieusement? On s’attarde beaucoup sur cette shot de sang qui s’écoule dans des petites culottes, je trouve. Non, je ne vais pas me masturber! Passez à autre chose!
– On est-tu obligés de tous les regarder au complet?
– Ouin, c’est long, hein…
– C’est surtout pénible à regarder.
– Ah fiou! Plus de collégiennes arrivent! Peut-être qu’elles vont la sauver?
– Non… Non, ça continue plus que jamais.
– En fait, semblerait que ça excite l’homme d’affaires à moustache encore plus!
– Tabarnak! Come on le Japon!

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Épreuve 5 : Cream Lemon

À un moment donné, j’ai dû faire une sieste, le marathon devenait demandant.

– Charles, j’ai commencé Cream Lemon pendant que tu dormais. C’est le tout premier hentai, ça date des années 80.
– Pis?
– Ça aurait pu être pas si pire si c’était pas du fait que c’est underage, encore. Coudonc, les adultes fourrent pas, au Japon?

Épreuve 6 : Immorality

– Bon. J’avais hâte qu’on regarde un futanari, j’espérais quelque chose de plus sex positive, et pourtant c’est la même ossetie d’affaire que tous les autres.
– Oui, hein? Des filles avec des tits impossibles, sauf que l’une d’elles a un immense pénis veineux à la place du clito.
– Moi je suis juste contente de plus être en train de regarder UN VIOL.

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Épreuve 7 : Ane Yome Quartet

Après quelques recherches sur la toile, on a fini par apprendre que pour voir des hentai sans scène de viol, il fallait chercher dans une sous-catégorie, le vanilla hentai. Oui oui, le sexe consensuel est une sous-catégorie.

– Pour une fois que les filles ont vraiment l’air de vouloir fourrer…
– … C’est juste plate que ce soit avec leur frère, hein.
– On est-tu prudes?
– Non, c’est le monde qui a changé.

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Épreuve 8 : Angel Blade

– Bon, à ce qu’il paraît, celui-là c’est un classique, je crois que… Wow! Ok! Femme vampire à trois pénis en partant, toi!
– Tsé, quand t’es un monstre, penses-tu que c’est gênant que ton pouvoir ce soit de déchirer des petites culottes à distance?
– Attends, je crois que cette super héroïne nue boules va venir la sauver. Seigneur que ça fait du bien de voir enfin quelqu’un essayer d’aider les filles… Et naturellement, il faut qu’elle attaque le monstre en pissant dessus…

15 minutes plus tard…

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– En tout cas, si tu te demandais de quoi ça a l’air un gang bang de monstres japonais…
– Moi je leur accorde des points pour la créativité dans le design des pénis de monstres. Bon, la plupart ont des piques et se veulent clairement prédatoriaux dans leur apparence, mais…
– Charles, est-ce qu’on a écouté quelque chose ce soir qui n’était pas un peu prédatorial? Moi j’en peux pus, je suis saturée.
– Également… Je sais même pas ce que je suis censé apprendre aux gens de cette expérience. On s’écoute-tu un Sailor Moon?
– Est-ce que les gens se font agresser sexuellement dans Sailor Moon?
– Je sais plus ma chérie, je sais juste plus…

En conclusion : À vrai dire, je savais pas trop quoi conclure de toute cette expérience. J’ai donc pris le temps d’en discuter avec la sexologue Julie Lemay (j’aime dire des phrases professionnelles comme ça) question d’essayer d’y voir plus clair dans tout ce cirque. C’est certain que de prime abord, une partie de moi se demande à quel point c’est sain de consommer autant de violence sexuelle à des fins de divertissement…

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Est-ce qu’il me manque certaines notions culturelles japonaises pour bien comprendre? Comme toute œuvre pornographique, le hentai est la représentation imagée des fantasmes de son auteur, s’agirait-il d’une sorte de catharsis collective face au tabou? Est-ce une sorte de réponse à la rigidité des rapports interpersonnels au Japon, chez qui, entre autres, il est mal vu de témoigner physiquement son affection à quelqu’un en public?

Tout ceci suscite beaucoup plus de questions que de réponses. Est-ce un type de pornographie plus malsaine que ce qui se fait ailleurs dans le monde? Je ne crois pas. L’univers de la porno en a toujours été un de domination et d’objectivation inassouvie, de là à dire que c’est pire que ce que j’ai vu ailleurs sur internet… Non pas vraiment.

Je crois qu’il est important de se rappeler que le mot hentai nous vient de Hentai seiyoku qui signifie : “désir sexuel anormal”. Il y a donc cette idée, dans le fondement même de ce type de pornographie, de perversion, d’anormalité, de transgression du tabou. Le médium animé agit comme une sorte de distance, de filtre fantastique par rapport à l’agressivité sexuelle des images. Un filtre de femmes et d’hommes surdimensionnés, de monstres, de démons, de pieuvres…

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Comme pour tout, je serais porté à dire que c’est au consommateur de tirer la ligne, quoique si c’est au bout des petites culottes ensanglantées que tu commences à te mettre une main dans les pantalons, il est peu probable que je t’invite à un pique-nique.

Sur ce, je vais aller prendre une douche.