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Quand j’étais petit gars, j’avais deux obsessions : Star Wars et Harry Potter. Avec le temps, je me suis fait à l’idée que je n’allais jamais pouvoir utiliser la Force ou encore avoir un sabre laser (ou peut-être que oui, qui sait jusqu’où Elon Musk et Space X iront). Mais pour ce qui en est de Poudlard, j’avais encore une chance d’y entrer. Il en existe justement une version montréalaise : McGill. Enfin, disons qu’il s’agit d’une version simplifiée, sans balais qui volent (même si on a une équipe de Quidditch) et fantômes dans ses murs, mais qui possède tout de même sa propre touche de magie…
Un peu d’histoire pour se mettre en contexte
À sa mort, James McGill, propriétaire d’esclaves et marchand d’origine écossaise, a cédé l’entièreté de ses terres à l’Institution royale pour l’avancement des sciences pour qu’y soit créée la toute première université montréalaise. Lors de sa fondation en 1821, les environs de l’université étaient bien différents. Elle était érigée dans un véritable petit coin de campagne sur l’île. Cette « banlieue » bourgeoise avait pour nom le Golden Square Mile, genre de Ville Mont-Royal avant l’heure où les riches marchands anglais s’achetaient de grandes propriétés loin du Centre-Ville.
Les temps ont bien changé depuis la traite des fourrures et c’est aujourd’hui au cœur du centre-ville que se dresse McGill, mais le campus n’en a pas pour autant perdu sa prestance. Le campus principal couvre 80 acres de terrain et est emblématique d’un certain paysage urbain montréalais avec ses grands bâtiments victoriens accoudés aux vastes espaces verts de la montagne. On peut donc siroter sa bière à l’Open Air Pub (OAP, pour les intimes) tout en étant assis dans l’herbe, les yeux rivés sur le centre-ville et le dos tourné aux édifices centenaires.
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James en personne.
Ce qui importe d’abord : la bière
La plus grande et la plus célèbre festivité mcgilloise reste certainement l’OAP. Deux fois par années, au début de la session d’automne et à la fin de la session d’hiver, la partie sud du downtown campus se transforme en vraie salle de spectacle / cantine à burgers / pub. C’est un incontournable de l’université et une (dangereusement) excellente raison pour foxer ses premiers cours de la session. Quand il fait 28 dehors, que la bière est à 3$ et les burgers à 2,50$, ce n’est certainement pas l’étude des enzymes qui réussissent à nous garder à l’intérieur !
Quand il fait 28 dehors, que la bière est à 3$ et les burgers à 2,50$, ce n’est certainement pas l’étude des enzymes qui réussissent à nous garder à l’intérieur !
Quand, au bout d’une semaine, l’OAP finit par quitter le campus, le Bar des arts nous permet de passer du régime de l’étudiant trop fêtard à celui de l’étudiant un peu moins fêtard. Durant la session, c’est au tour du Arts Lounge (genre de salon étudiant pour les sciences humaines) de prendre la forme d’un bar estudiantin chaque jeudi. Même si la file pour ces débauches hebdomadaires peut parfois se faire longue, les grilled-cheese et la bière à 1$ qu’on sert à l’intérieur valent clairement l’attente !
On n’était pas là pour étudier ?
Une fois qu’on a assez fait la fête, il faut savoir se ressaisir. Après tout, on est là pour étudier et non pour sociabiliser avec des frat-boys américains et des Français en échange (ou peut-être que oui aussi). D’ailleurs, ce ne sont pas les bibliothèques qui manquent dans le coin de McGill. Si vous avez le cœur à l’étude de groupe ou que vous êtes de ceux qui révisent mieux avec un bruit ambiant, Redpath Library ou encore le 5e étage de Burnside vous conviendront parfaitement. On peut y apporter un lunch, procrastiner en se disant qu’on étudie, parler à voix haute sans se faire dévisager par les étudiants stressés qui veulent à tout prix se concentrer. J’ai même déjà vu deux gars à Burnside qui jouaient à Magic à côté de leur devoir de physique. Ils m’ont dit que c’était pour éviter la crise de nerf, car, c’est connu, McGill est réputée pour avoir un taux d’anxiété très élevé. « It’s as high as Harvard! », m’a dit un des deux gars en parlant du taux de dépression.
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La Birks Reading Room, un must.
En revanche, si vous cherchez un endroit calme, serein et ô combien noble pour étudier, Birks Reading Room et Islamic Studies Library seront parfaits pour vous. Les deux salles possèdent des boiseries magnifiques et des mezzanines qui vous font sentir comme un étudiant de la fin du XIXe siècle : on a carrément l’impression qu’un homme avec des gros favoris et portant une redingote noire va entrer et nous dire que notre diligence est arrivée. L’atmosphère studieuse et le silence des lieux permettent de se laisser absorber entièrement par un article sur la révolution égyptienne de 2011, par des exercices de linguistiques ou encore par un roman de Balzac à lire pour le lendemain.
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La Islamic Studies Library, un must (bis).
Si vous avez la chance de faire partie d’une élite académique, réjouissez-vous : McGill semble définitivement considérer que certains programmes valent plus que d’autres puisqu’un pavillon entier (qui possède un café-restaurant et un bar !) est réservé aux étudiants de cycles supérieurs et… à ceux de droit et de médecine ! L’accès à la Thomson House serait donc un privilège auquel seule l’élite aurait droit. Malgré tous ses bons côtés, McGill reste un peu vieux jeu sur certains aspects. On voit alors les racines victoriennes de l’établissement qui ressortent avec leur bons et leurs mauvais c ôtés.
À boire, cafetière !
Pour bien s’approvisionner en nourriture et en délectable nectar noir, l’étudiant moyen doit agencer deux éléments : la qualité et les prix bon marché. Avec ce combo, le Snax est indétrônable. C’est un petit café self-serve au milieu de Leacock, un des bâtiments les plus fréquentés du campus. Leur café filtre biologique et équitable se vend pour la modique somme de 1$ si on apporte sa propre tasse.
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Le Snax : rapport qualité-prix = <3
Si on aime faire la fine bouche et qu’on est prêt à dépenser un peu plus, il y a toujours le Dispatch dans l’immeuble d’ingénierie. Cette compagnie montréalaise est reconnue depuis toujours pour faire un des meilleurs cafés en ville et leur excroissance mcgilloise ne salit pas leur réputation ! Deux raisons supplémentaires pour y aller ? Leur latté est divin et on s’y fait toujours servir avec un sourire et une complicité hors pair.
Bien que les cafés peu chers sont faciles à trouver, les bons repas eux le sont moins. Il y avait bien les fameuses ventes de samossas avec leur incomparable 1 for 2$, 2 for 3$. Malheureusement, des inspecteurs alimentaires ont forcé la cessation de ces ventes pour cause d’insalubrité. La bonne franquette ne semble pas trop acceptable pour la ville. C’est alors, pleurant cette grande perte, que j’ai découvert mon nouveau restaurant fétiche : La Cafétéria Mosaïque. Cette cantine sert des mets typiquement chinois sous forme de tapas. En plus de fournir des portions généreuses, les plats y sont tout bonnement succulents ! Sans équivoque, mon portefeuille et mes papilles gustatives s’entendent pour dire qu’il s’agit définitivement du restaurant le plus underrated de tout McGill.
« Et si je speak pas trop much l’anglais »
Dans toute cette masse d’anglophones se détache tout de même une bonne cohorte de représentants francophones qui prennent leur place à McGill à travers diverses instances. Tout d’abord, il peut être intéressant de savoir qu’on peut remettre en tout temps ses travaux en français et que les professeurs sont obligés de les accepter. Petit secret entre vous et moi, ils ont souvent la correction plus facile quand ce n’est pas dans leur langue.
On peut remettre en tout temps ses travaux en français […] les professeurs sont obligés de les accepter. Petit secret entre vous et moi, ils ont souvent la correction plus facile quand ce n’est pas dans leur langue.
Quoiqu’il y a quand même une exception à la règle : le Département des littératures de langue française, de traduction et de création (DLTC). C’est le seul département unilingue francophone de toute l’université, un genre de monde dans un monde. C’est d’ailleurs dans ce département que l’on rencontre (presque) tous les Québécois de McGill.
Il y a ensuite Le Délit, le seul journal étudiant francophone de l’Université. Officiellement créé en 1977, ce journal publie entre 12 et 16 pages de contenu chaque semaine, touchant autant à la politique universitaire qu’aux nouveautés culturelles montréalaises en passant par des textes d’opinion. C’est une excellente expérience de rédaction et ils ont une équipe formé d’étudiants provenant des quatre coins de la francophonie.
Oui, mais encore…
En bref, on trouve de tout pour tous les goûts à McGill! Il y a les espaces de travail, les bons petits snacks qu’on peut se dégoter, les fêtes étudiantes, les passages secrets entre les différents bâtiments (oui, oui, il existe vraiment des souterrains qui relient pas mal tous les bâtiments proches), les clubs de poésie et de soccer, les imprimantes (oui, là aussi je suis sérieux : elles sont géniales !), etc. Mais c’est aussi ça, la magie de McGill, il y a des endroits à découvrir chaque jour. Alors si vous voulez en savoir plus, venez nous voir sur place ! Je connais justement un merveilleux petit spot à deux pas de…