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Fait chaud.
La température est supposément un sujet à éviter parce que trop banal. Si on parle d’elle, c’est qu’on n’a rien à dire. Oui, mais qu’est-ce qu’on fait quand la température concerne le plus grand nombre et surtout, empêche le plus grand nombre de fonctionner et de parler d’autre chose? Hier, par exemple, les seules personnes à avoir été efficaces sont Messmer (qui apparemment ne ressent pas la chaleur et qui s’est amusé toute la journée à faire faire la poule à des obèses en sueur) et le gars qui remplit le frigidaire à bière au dépanneur. Même ceux qui travaillent à l’air climatisé ont passé la journée à dire « On est-tu ben à l’air climatisé » au lieu de travailler.
Lorsque la météo prend toute la place et neutralise les humains, je suis désolée mais il est nécessaire d’en parler. Par exemple, quand la moitié de la Montégérie avait une remontée d’égouts dans son sous-sol, il était impossible de contourner le sujet. Parlant d’eux-autres, je me demande s’ils se sentent coupables d’avoir envie de se baigner ces jours-ci.
Quand Jocelyne Blouin est partie (oui, son nom fait officiellement partie du champ lexical associé au thème « température » et selon moi, le prochain ouragan devrait théoriquement s’appeler « l’ouragan Jocelyne », à moins que ce surnom ne lui ait déjà été attribué dans le privé par son conjoint), il était impossible de contourner le sujet.
Aujourd’hui, puisque la canicule est installée depuis quelques jours sur la majeure partie du pays et surtout, parce qu’elle a d’abord sévi aux États-Unis et qu’on adore faire comme eux, il devient impératif d’en parler. Parce que sinon, on a l’air de vouloir faire semblant qu’on n’a pas remarqué qu’on a le pinch luisant et de gros ronds de sueur en-dessous des bras quand on rencontre une vague connaissance sur la rue. Il faut au moins dire : « Scuse-moi, j’ai vraiment chaud. », ce qui, qu’on le veuille ou non, est considéré comme ‘’parler température’’.
Bizarrement, la canicule de cette semaine concorde jour pour jour avec le quinzième anniversaire du déluge du Saguenay, la région où j’ai grandi. Ne vous inquiétez pas, je ne vous assommerai pas avec mes anecdotes personnelles de maisons emportées par la crue des eaux, ni celles de milliers de souvenirs de famille à jamais disparus, ni celles de dizaines de spectacles-bénéfice impliquant Michel Barrette. J’étais là, mais je vous épargne les détails parce que je sais bien qu’un jour, un cinéaste sans imagination se chargera de recevoir des dizaines de millions de dollars pour vous raconter l’histoire, à grands coups de reproduction de petite maison blanche.
Tout ça pour dire que ça fait deux fois en quinze ans que la température nous niaise autour du 21 juillet. Ce qui est vraiment peu, quand on y pense.
Pour revenir au fait qu’il fasse chaud, je n’ai rien à vous dire de plus. La chaleur n’est pas un sujet, c’est un état. De plus, toutes les blagues impliquant les mots climatiseur, sueur, piscine, insolation, plage d’Oka, crème solaire, facteur humidex et Mr. Freeze ont été faites et refaites sur les réseaux sociaux comme dans les chaumières. Tous les trucs pour éviter les coups de chaleur ont été copiés/collés des articles des années passées dans tous les médias : s’hydrater, mettre vos aînés dans des glacières, etc.
Je ne vois pas quelle peut être mon utilité en cette dernière journée de canicule, à part peut-être vous rappeler qu’il paraît que c’est la dernière journée de canicule. Et vous dire que, ben oui, qu’est-ce que vous voulez, fait chaud.