.jpg)
Faire caca dehors : c’est pas un « cadeau » pour la nature
Rapporter ses ordures après une activité extérieure, c’est ce que font la plupart des amateurs d’activité en plein air. Mais devant notre envie évidente de préserver la planète, tous les déchets ne sont pas égaux. Quand il s’agit de décharges humaines communément numérotées, mettons que faire ça vite vite en espérant éviter qu’une paire d’yeux nous surprenne dans cette position est bien souvent notre seule unique préoccupation.
On se dit que anyway, c’est naturel, organique, et sûrement biodégradable.
Minute, papillon.
La nature est vaste et on a parfois l’impression d’être seul.e au monde lorsqu’on s’y aventure (sauf pour les chutes de Rawdon en juin 2020). Mais il faut penser aux prochain.e.s qui passeront après nous et surtout à ce buisson qui n’a pas du tout demandé à servir de supports à papiers de toilette souillés. En la matière (fécale), comment bien faire les choses?
Des cacas bien intentionnés
Pour me renseigner sur le sujet, je me suis entretenue avec Danielle Landry, dirigeante et fondatrice de De ville en forêt, un organisme qui sensibilise les gens aux pratiques environnementales responsables. Elle est aussi maître-instructrice pour les principes Sans Trace (Leave No Traces).
La raison principale pour laquelle on peut négliger la gestion de nos poupous en forêt, c’est parce qu’on croit que c’est naturel. « Nous, les humains, on ne se voit jamais comme un problème. Mais on peut facilement en créer un, s’exclame-t-elle au téléphone. Il faut accepter qu’on ne fait pas partie de l’écosystème qu’on visite quand on est en plein air. »
Quand une marmotte vomit parce qu’elle a bu de l’eau qui a été en contact avec notre restant de chili, on ne peut pas [s’excuser], parce qu’on ne la verra jamais. C’EST ÇA QUE ÇA FAIT, DE LA CULPABILITÉ.
Danielle Landry m’explique que tous les excréments possèdent des pathogènes. La différence entre les nôtres et celles d’un ours (autre que l’évidente TAILLE), c’est qu’elles possèdent des bactéries avec lesquelles les animaux n’ont pas l’habitude d’être en contact : « Ils peuvent assurément s’adapter à nos pathogènes, mais ça risque de les rendre malades avant. Même si la majorité s’en remettra probablement, ce n’est quand même pas souhaitable. »
Quand on fait un paper cut à quelqu’un, on peut s’excuser. Quand une marmotte vomit parce qu’elle a bu de l’eau qui a été en contact avec notre restant de chili, on ne peut pas le faire, parce qu’on ne la verra jamais. C’EST ÇA QUE ÇA FAIT, DE LA CULPABILITÉ.
.jpg)
Contextualiser une position accroupie
Tout bon.ne randonneur.e sait qu’il faut prévoir une collation pour faire le plein d’énergie en cours de route. Mais selon Danielle Landry, savoir gérer ses déjections est tout aussi important : « Il faudrait que les gens sachent se préparer pour faire leurs besoins à l’extérieur autant qu’ils se préparent à faire face à la température, à ce qu’ils mangeront, à organiser leur itinéraire… Ça fait partie de notre visite en nature! », m’explique-t-elle au téléphone.
«Il faudrait que les gens sachent se préparer pour faire leurs besoins à l’extérieur autant qu’ils se préparent à faire face à la température, à ce qu’ils mangeront, à organiser leur itinéraire.»
Pour mieux le contextualiser, on vous a préparé quelques scénarios et les bases à savoir qui y sont reliées, avec les judicieux conseils de Danielle. Tout ça, pour le plaisir de vous soulager respectueusement et intelligemment.
-
Petite randonnée/sortie de quelques heures
Commençons par un morceau moins costaud : à part dans des occasions très rares (quelle bonne idée de se claquer une soupe aux pois avant une randonnée), les envies seront plutôt du type « petit pipi » pour un sentier d’une journée ou moins. Il y a quand même des principes à appliquer pour ça.
Oui, le papier de toilette est biodégradable, mais la façon dont on s’en débarrasse pourrait faire en sorte qu’il ne le sera pas.
« Le mieux, c’est toujours de ramener », me confie Danielle Landry. Oui, le papier de toilette est biodégradable, mais la façon dont on s’en débarrasse pourrait faire en sorte qu’il ne le sera pas. Mettons, si on le jette du bout des doigts en le regardant s’envoler joyeusement sous les sapins… c’est pas très eco friendly. En plus, il finira par sauter aux yeux d’autres randonneur.euse.s qui ne seront pas dupes sur ce que vous avez fait là.
Donc, c’est toujours mieux de traîner un sac de type Ziploc, emballé dans du ducktape (si la vue des petits carrés blancs chiffonnés vous gêne) dont on peut jeter le contenu à la fin de la journée. Évidemment, on réutilisera le sac le plus souvent possible et ceux en silicone peuvent aussi être une option.Si jamais vous êtes rendu.e.s là : il existe des chiffons pipi (tout le monde dit un pee rag ou pee cloth, mais bon, je voulais faire l’effort pour PKP). C’est possible de s’en procurer dans les magasins de plein air, mais on peut très bien tout simplement découper un bout de vieux bandana qu’on attache sur le sac durant la journée. Ça sèche ultra rapidement, et c’est facile à laver à la fin de la journée.
L’endroit choisi est aussi important, selon Danielle Landry. « Il faudrait idéalement ne pas uriner sur les plantes vivantes. Le sel dans l’urine va attirer les animaux qui voudront manger cette plante, qu’ils auraient laissé vivre autrement », m’apprend la fondatrice. Un petit tas de feuilles mortes sera donc préférable.
Dans les cas où on passe plus d’une journée loin d’un égout et d’une chasse d’eau, la game du Sans Trace se complique un peu plus.
-
Sortie de quelques jours
- On a toujours notre sac tapé. Maintenant, on a une petite pelle. Oui, vous savez où je m’en vais. L’idéal pour empêcher notre marmotte de régurgiter son repas serait de déposer son bilan dans un trou de 6 à 8 pouces de profondeur, que vous aurez creusé au préalable. Pis je buzz sur la marmotte, mais Danielle Landry me confirme que ce n’est pas le seul être vivant à protéger/épargner dans cette situation : « Les gens font souvent attention de se placer loin des cours d’eau, mais il faut aussi être à 70 mètres des sentiers ou des campings. Ça équivaut à environ 80 pas ».
80 pas, ça devrait être assez loin des regards, critère numéro 1 du choix de nos endroits pour un numéro 1 ou 2.
-
«Faut pas faire ça dans le sable! C’est plus facile de creuser là-dedans, mais il n’y a pas de micro-organismes sur une plage : aucune chance que ça se décompose.»
Le sol à privilégier est aussi important pour accueillir ce cadeau, m’a encore fait remarquer Danielle. « Faut pas faire ça dans le sable! C’est plus facile de creuser là-dedans, mais il n’y a pas de micro-organismes sur une plage : aucune chance que ça se décompose ».
Bref, une plage, c’est pas une litière. Personne ne devrait avoir à passer après nous avec une pelle trouée et un triste sac de plastique pour ramasser nos cacas. Personne.
Finalement, la dernière étape… qui vient avec de grandes responsabilités.
-
La grosse aventure
En partant plus longtemps, on est préparé.e.s à plus d’éventualités. Ça peut sembler difficile à croire comme ça, mais les scénarios des grosses excursions viendront parfois avec des situations où ce ne sera pas toujours possible de creuser un cat hole : s’il y a trop de monde à l’endroit où on se trouve, si on n’est pas à proximité d’un sol qui pourra assurer la décomposition de notre ami, ou si c’est tout simplement interdit.
Dans ce temps-là, on se rappelle de la première leçon ? On ramène. Yup. Et il y a différentes façons pour le faire.
- Un wagbag : en gros, c’est un sac étanche dans lequel vous irez « aux toilettes » directement. Il contient des sels qui vont absorber le tout, mais pas nécessairement toutes les odeurs. La majorité des modèles peuvent contenir presque un litre de déchets. Un. Litre. C’est fait pour être utilisé plusieurs fois, ça. Petit hic : Danielle m’a fait remarquer que cette option utilise beaucoup de plastique. Pas la plus écologique de toutes.
- Un poop tube : un tube de PVC, scellé à une extrémité. Possibilité d’ouvrir l’autre, évidemment. Ça fait un peu office de poubelle, dans lequel on dépose des sacs à surprise, disponibles dans toutes les animaleries près de chez vous.
Sinon, n’importe quel contenant étanche peut faire l’affaire. Faut seulement s’assurer que ce contenant est VRAIMENT étanche. On se rappelle qu’il va voyager avec nous attaché à notre sac de rando, voire à l’intérieur de ce dernier qui est susceptible de contenir aussi eau et nourriture.
Sur ce, on vous souhaite un transit intestinal de qualité, une vue imprenable et un spot loin d’une talle d’herbe à puce.
+++
Vous aimez jouer dehors sans vous la jouer? Suivez-nous sur Instagram @dehors_ur!