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Extraits exclusifs du premier album de Gabrielle Shonk
On la connait pour sa participation à La Voix, mais on retient surtout le nom de Gabrielle Shonk pour son timbre franc et émotif. Cette musicienne douée d’une sensibilité éthérée parvient à capter notre attention à l’aide de sonorités qui respirent à la fois la fragilité et la force.
C’est aussi une personnalité dépourvue de faux-semblants qui prône la cohésion, le naturel, et est capable de passer du folk à la soul, avec un petit fil conducteur très indie, tout en se détachant du lot. Ah aussi, Gabrielle Shonk peut chanter du Drake, mieux que Drake lui-même. Ça méritait d’être précisé.
Fébrile, mais sereine, de sortir (enfin) son premier album le 29 septembre prochain, je l’ai rencontrée à Montréal au premier jour de l’automne. On est d’ailleurs tombées, totalement par hasard, sur Jesse Mac Cormack, avec qui elle a déjà collaboré sur scène lors du dernier Festival de Jazz. Je lui ai bien évidemment glissé le mot que ça ferait un beau duo, une p’tite toune, par exemple… Hey, c’est pas tous les jours que tu peux essayer de matcher musicalement les artistes que t’aimes!
Alors qu’URBANIA vous offre l’écoute de deux morceaux de son album en primeur, The Cliff et En Équilibre, on a jasé de road trip, d’authenticité, du long processus pour en arriver là et de la scène musicale de Québec.
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Ton album est prêt depuis mars 2016 si je ne me trompe pas. Tu as pris ton temps pour le sortir! Pourquoi?
En fait, en mars 2016, ça faisait un bon moment que tout était déjà prêt. J’avais mon équipe de musiciens avec moi, mais je n’avais pas de gérance. Au niveau de tout ce qui touche à l’industrie musicale, je n’avais rien! Donc quand on a terminé l’album que j’ai entièrement autoproduit, on a envoyé le projet à des compagnies de disques un peu partout au Québec et finalement… Je n’ai pas eu de réponses!
Quoi?! C’est la fangirl en moi qui s’exclame là!
Oui! On en a parlé avec mon réalisateur [Simon Pedneault] et il m’a conseillé de sortir une chanson parce que ça faisait quand même deux ans qu’on travaillait fort dans notre sous-sol. Car dans le fond, personne n’avait aucune idée de ce que je faisais! On a sorti Habit en mai 2016 avec un vidéoclip et je pensais sortir l’album à l’automne qui suivait, en indépendant. Mais là ce qui est arrivé, c’est qu’avec Habit, ça a pogné, ça a comme déclenché un tourbillon, les gens sont revenus, ils étaient intéressés. J’ai eu un petit moment de panique, c’était le fun, plein d’opportunités, mais je devais être capable de les saisir!
C’est vraiment un album sans règlement
De fil en aiguille, j’ai rencontré mon gérant et on a trouvé une compagnie de disques [Gabrielle Shonk a signé chez Universal Music Canada]. J’ai vraiment pris mon temps parce que pour moi, c’est important de m’associer aux bonnes personnes et j’ai une approche très humaine dans ma façon de travailler, le contact avec les gens est extrêmement important. Mon équipe de musiciens, c’est tous mes meilleurs amis par exemple! Mais, oui, j’ai pris le temps de choisir…Lentement mais sûrement!
Surtout que ce sont tes chansons : c’est toi qui composes, même si les trois morceaux en français sur l’album ont été co-écrits avec Patrick Sauvageon…
Il y a beaucoup de co-écritures sur l’album en fait. Encore une fois, c’est un travail d’équipe! C’est vraiment un album sans règlement, on échangeait sur nos idées, on se proposait des choses…
Et c’était donc important pour toi d’avoir aussi des chansons en français?
Oui! Mais étant donné qu’au moment de bâtir l’album je n’avais pas encore de compagnie de disque et je ne sollicitais pas de subvention, j’étais très libre dans ma création. Je voulais bien évidemment du français même si je ne m’étais pas fixé de nombre précis de tounes. C’était aussi la première fois que je me lançais à écrire de la musique francophone et j’me disais que ça sortirait bien comme ça sortirait! Je n’ai pas composé sur une courte période en me précipitant, j’ai recyclé des chansons que je trainais depuis des années! C’est un peu comme un amalgame éclectique de toutes mes influences cet album-là.
Dans le fond, mon personnage, c’est moi!
C’est vrai qu’on ressent plusieurs de tes influences. C’est à la fois une signature qui puise dans le folk-soul-jazz -je sais que tu admires Tracy Chapman- et c’est aussi indie. On retrouve même des notes de blues [The Cliff], et là, j’imagine que c’est probablement relié à ton papa qui est musicien de blues!
Exactement. C’est mon premier album, j’avais envie que ça me ressemble. Dans le fond, mon personnage, c’est moi! Je veux être authentique et il fallait que ça sonne vrai, que ça sonne organique aussi, d’où le principe d’avoir un band, même si c’est mon nom. Il y a un côté très intime et personnel qui rejoint le monde, je pense. Aussi, je ne change pas ma voix selon les chansons. Les thèmes c’est beaucoup l’amour, les petites choses du quotidien. Il y a mes propres réflexions par rapport au monde, le temps, y’a une toune aussi plus « pick-me up » : Missing Out, c’est probablement mes paroles les plus quétaines, mais c’est correct! Dans le fond, les dix chansons de l’album viennent d’une place très personnelle.
Mais bon, avec ta voix, y’a pas grand-chose qui sonne « trop » quétaine, je trouve! Dis, ce serait quoi les conditions idéales pour découvrir ton album? Moi, mettons je l’ai écouté dans un état presque méditatif, dans ma chambre avec le soleil de l’été indien qui se couchait… Hey, c’est moi qui sonne quétaine!
Bonne question, je n’avais jamais pensé à ça! C’est un peu surréel pour moi encore cette sortie d’album, ça fait tellement longtemps que j’attends ce moment! Moi je l’ai beaucoup fait écouter en auto je te dirais. Je pense qu’il y a un petit esprit road trip qui se prête bien. Il y a d’ailleurs des chansons que j’ai écrites juste après un voyage comme Free, que j’ai créée de A à Z en une demi-heure! Le feeling d’être sur la route, libre, t’sais. Mais sincèrement, n’importe quand! Un souper avec des amis, sous la douche, peu importe le contexte, je vais simplement être heureuse que les gens l’écoutent!
C’est un luxe pour moi de sortir de Québec avec ma musique, je suis fière de ça.
Revenons-en au fait que tu as reçu beaucoup d’attention médiatique après la sortie de ta chanson Habit. Le journaliste de Noisey avait titré « Gabrielle Shonk’s Voice Is Too Big for Small Towns/La voix de Gabrielle Shonk est trop grande pour les petites villes ». Qu’en penses-tu? Tu viens de Québec, et ce n’est pas si « petit » que ça lorsqu’on voit tous les excellents groupes que la ville héberge : Men I Trust, Ghostly Kisses, Harfang, De La Reine, toi…
Oui! Cet article de Noisey m’a beaucoup émue, je l’ai trouvé très flatteur! Je n’en revenais pas de tous les beaux mots. C’est un luxe pour moi de sortir de Québec avec ma musique, je suis fière de ça et je me dis que si ça peut donner envie aux personnes de s’intriguer, de voir ce qui se passe à Québec, c’est génial, parce qu’il y a tellement de bons groupes en ce moment! Il y a une effervescence incroyable! On se tient tellement serrés aussi, c’est le fun, on se réjouit vraiment du succès de chacun.
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C’est avec (presque) autant d’humilité qu’elle que je l’ai laissée terminer son lunch en la questionnant sur ses prochains shows. S’il n’y aura pas de concert de lancement officiel, l’artiste reste fidèle à elle-même et continuera de se produire sur plusieurs petites scènes partout dans la province, comme elle aime le faire depuis 2008. Celle qui a déjà tout d’une grande musicienne ne s’enfle décidément pas la tête.
Le premier album de Gabrielle Shonk sort demain, le 29 septembre. Pour plus d’info, suivez-la sur Facebook !
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