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Être une femme, ça coûte cher

Et on n'a même pas parlé d'équité salariale encore.

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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Quand on se promène dans les rangées des pharmacies, il est fascinant de remarquer à quel point le marketing genré est partout. Rasoirs, savons, brosses à dents, semelles, et j’en passe. L’un sent la lavande et la douceur d’une chaude journée d’été, l’autre sent les frissons, le napalm et la testostérone.

Le but évident de telles tactiques, c’est de nous faire acheter des produits différents alors que l’usage est le même. Pensez-y, pour une même maisonnée, on achète trois shampoings: un pour homme, un pour femme et un pour enfants. Pas de prix de gros et trois fois plus de déchets.

En moyenne, les femmes paieraient 7,7% de plus pour des produits similaires, et ce, pour près de 42% des produits.

Tout ça pour bien entrer dans notre petite case genrée.

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Mais ce qu’on remarque aussi, c’est qu’il y a une différence de prix entre les produits pour hommes et les produits pour femmes, ce qu’on appelle la fameuse «taxe rose». En moyenne, les femmes paieraient 7,7% de plus pour des produits similaires, et ce, pour près de 42% des produits.

Cet exemple est probablement le plus flagrant lorsqu’on pense aux dépenses inéquitables entre les sexes. Mais même si la taxe rose est choquante, il s’agit d’un outil marketing inégalitaire qui peut, malgré tout, être contourné. Un rasoir pour homme rase quand même les jambes, même s’il n’est pas mauve à paillettes.

Le prix des attentes sociales

Même réflexion pour l’achat de vêtements et de maquillage. Être une femme, ça coûte cher, car pour correspondre aux attentes sociales, il faut payer cher. Et ces attentes sont sans fin: le maquillage, la garde-robe, la coupe de cheveux, les bijoux, le facial, les crèmes, la chirurgie esthétique…

Les attentes changent selon les milieux et elles varient aussi selon le canevas. C’est malheureux, mais toutes ne peuvent se permettre de ne pas avoir besoin de se maquiller ou d’avoir l’air merveilleusement stylées avec un coton ouaté. Plus on correspond naturellement au modèle de beauté dominant, plus on peut se permettre un certain laxisme. Une jeune femme mince qui ne se maquille pas est une beauté naturelle. Alors qu’une vieille femme qui ne se maquille pas se laisse aller.

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Pourtant, un homme qui ne se maquille pas, peu importe son âge, c’est juste normal. C’est le contraire qui fait hausser les sourcils, pensons à Jay du Temple et ses ongles colorés.

la plus grande inégalité revient aux dépenses inhérentes au fait d’être une femme. Soit celles liées à ce superbe système reproducteur.

Mais encore, même si les attentes sociales sont énormes, ces besoins ne sont pas nécessairement essentiels, malgré leur omniprésence. L’inégalité des dépenses n’est pas non plus si évidente à prouver dans ces cas. Les hommes peuvent se permettre une garde-robe plus réduite, mais ils ont accès à beaucoup moins de vêtements en solde.

Non, la plus grande inégalité revient aux dépenses inhérentes au fait d’être une femme. Soit celles liées à ce superbe système reproducteur.

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Un utérus, combien ça coûte?

Jusqu’en 2015, les produits sanitaires féminins étaient encore taxés, bien qu’ils soient des produits essentiels. Et le coût de tels produits commence à aussi peu que 5$ par mois et peut monter à près de 15$. Nous ne sommes pas toutes égales dans le monde des menstruations. Certaines ne nécessitent qu’un protège-dessous, d’autres ont besoin d’une protection extra et réussissent quand même à tacher leurs vêtements.

si on calcule qu’une femme sera menstruée de 13 à 55 ans, il lui en coûtera de 4000$ à 9000$ en produits hygiéniques au cours de sa vie.

Donc si on calcule qu’une femme sera menstruée de 13 à 55 ans, il lui en coûtera de 4000$ à 9000$ en produits hygiéniques au cours de sa vie. Oh, et pendant longtemps, elle payait les taxes…

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Si elle est écologique et opte plutôt pour une coupe menstruelle (qui dure en moyenne cinq ans), c’est plutôt 360$ qu’elle devrait débourser. Hourra pour une solution économique et écologique! Mais toutes ne peuvent (ou ne veulent) se tourner vers cette solution.

La deuxième grosse dépense liée au système reproducteur est sans contredit la contraception. Et là, on entre dans les gros chiffres. Sans assurance privée, une plaquette de pilules contraceptives coûte environ 17$. Et lorsque celle-ci est remboursée, il en coûte la franchise, soit de 5 à 16,25$ par mois.

Quant au stérilet, il coûte de 320 à 400$ pour trois à cinq ans. S’il est remboursé par les assurances, il coûte quand même 80$. Une femme qui prendrait la pilule de 16 à 40 ans débourserait près de 4680$ pour sa contraception. Ce ne sont pas des coûts négligeables, sans compter les tracas pour la prescription, la pose d’un stérilet, les effets secondaires et la gestion quotidienne.

Ces coûts s’additionnent au cours d’une vie et sont défrayés par un salaire souvent moins élevé.

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Même sans coquetterie, et sans produits genrés, être une femme, ça coûte cher.