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Être une Crazy Cat Lady, est-ce que c’est devenu cool?

Réflexion sur une étiquette.

Par
Myriam Boulianne
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Comme plusieurs personnes confinées seules, j’ai adopté un chat au début de la pandémie. Dix mois plus tard, j’ai dépensé des centaines de dollars pour gâter mon minou. Une tente, une panoplie de jouets (qui ont vite révélé leur inutilité) ou de la nourriture aux poissons du Pacifique et bleuets… Rien de trop beau ou de trop cher pour mon coloc à quatre pattes.

Suis-je devenue une (crazy) cat lady? Pourquoi ne suis-je pas honteuse? Pourquoi suis-je incapable de cacher mon obsession? (Une obsession qui passe, bien sûr, par les réseaux sociaux… mais ça, on y reviendra.)

Par le passé, les femmes à chats avant moi ont eu la vie dure. On se rappelle tous de la détestée Angela Martin dans The Office ou de Eleanor Abernathy (alias la Folle aux chats) dans Les Simpsons.

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Bref, un stéréotype qui dure depuis belle lurette. Qui remonte aux temps où les femmes possédant un chat étaient inévitablement des sorcières, quoi.

Même qu’en 1872, un article du New York Times dressait un portrait peu flatteur de l’amoureux des chats, le qualifiant carrément de lunatique et de malsain.

On part de loin…

En 1872, un article du New York Times dressait un portrait peu flatteur de l’amoureux des chats, le qualifiant carrément de lunatique et de malsain

Or, ces temps seraient-ils révolus? En 2021, ce préjugé tient-il encore la route? La Crazy Cat Lady est-elle aujourd’hui plus un mythe qu’une réalité?

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J’ai discuté avec la sociologue et éternelle amoureuse des chats, Valérie Harvey.

« Dans le passé, l’image véhiculée de la Cat Lady était celle d’une femme seule possédant plusieurs chats, souvent plus d’une dizaine, et n’en prenant pas réellement soin. Elle était même considérée comme une personne un peu folle. Maintenant, ce n’est plus ça l’image », me confirme-t-elle.

La Cat Lady d’aujourd’hui est une personne en possession de ses moyens, autonome et indépendante financièrement.

« Le rapport est totalement inverse. La Cat Lady d’aujourd’hui est une personne en possession de ses moyens, autonome et indépendante financièrement. Elle vit une belle relation avec son chat… même que c’est lui le roi de la maison », poursuit-elle.

Bon, déjà des propos rassurants. Ça promet pour la suite.

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Une (vieille) fille et son chat

L’image mythique de la cat lady est aussi lié au célibat… Lire ici la vieille fille résolue à ne jamais trouver de douce moitié et se tournant vers cet animal de compagnie pour combler ses besoins affectifs.

Sauf que l’émancipation de la femme a joué un rôle dans le changement de perception de cette expression. (Merci aux féministes avant nous!)

Être célibataire et pleinement autonome n’est plus considéré comme honteux pour une femme dans notre société. « La nouvelle définition d’une cat lady est absolument liée à l’indépendance que les femmes ont gagnée. Tout part de là en fait : habiter seule en appartement, d’être à la fois contente de cette autonomie financière, mais aussi d’avoir des moments où cette solitude pèse. Le chat devient alors le compagnon idéal qui remplit le vide dans l’appartement par sa présence. »

Bref, le mythe que les femmes à chats soient esseulées et condamnées à l’être est maintenant chose du passé. Une étude révèle même que les amoureux des chats ne seraient pas plus déprimés, anxieux ou ayant des difficultés avec les relations humaines, comme le veulent les croyances populaires.

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Si le facteur d’indépendance est à considérer, Valérie précise : « La Cat Lady ne reste pas nécessairement célibataire. »

Quand les chats envahissent la Toile

De Grumpy Cat au célèbre mème « Woman Yelling at Cat » on va se le dire, les chats, ça fonctionne sur Internet. La sociologue croit d’ailleurs que les réseaux sociaux ont aidé à démocratiser notre amour des chats. Leurs doux minois qui pullulent nos feeds Instagram ont permis une certaine « légitimation » de notre comportement complètement « gaga » envers les félins.

Depuis quelques années, à l’instar d’initiatives comme le CatCon (une énorme convention sur le thème des chats), plusieurs médias tels que The Catnip Times, Puss Puss et le Cat People Magazine ont fait leur apparition. Sans compter les innombrables comptes Instagram de chats, dont un intitulé Girls and Their Cats, qui montre, bien sûr, des filles pis leurs chats!

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« La récupération du terme par les gens qui l’incarnent est la meilleure façon d’inverser le sens, de le modeler à son image, de le changer rapidement », souligne la sociologue.

Ce qui était une insulte n’en est plus une grâce à toutes celles qui en ont donné une nouvelle image.

Autrefois, l’étiquette de la cat lady venait de l’extérieur (un peu comme la Germaine est apposée sur une femme qui ne l’a généralement pas demandé). « Ce qui était une insulte n’en est plus une grâce à toutes celles qui en ont donné une nouvelle image. C’est intéressant que ce soit récupéré de façon plus positive. »

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Donc, une nouvelle image de la Cat Lady qui soit cool et urbaine s’immisce tranquillement dans nos subconscients. La sociologue avertit toutefois que la nouvelle définition n’est pas encore généralisée. « Il y a certainement encore plusieurs personnes qui voient surgir l’image de la dame aux cheveux fous hébergeant des dizaines de chats dans son appartement… D’où l’importance peut-être d’affirmer haut et fort la nouvelle définition de la cat lady! Ce que font les femmes sur les réseaux sociaux entre autres. »

Voilà une raison de plus pour bombarder nos comptes Facebook, Instagram et TikTok de nos félins adorés sans culpabiliser. À vos clics, prêtes, publiez!