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Être célibataire, c’est le fun

Et si le bonheur était dans le célibat?

Par
Brigitte des Rosemomz
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Ça, c’est le billet que j’avais promis à mes coblogueuses de RoseMomz. Je m’étais dit : ça suffit le misérabilisme, l’apitoiement sur son sort de non couplée, on va convaincre le monde entier des bienfaits du célibat, tellement qu’après, ils seront tous jaloux de nous. Na!

Être célibataire… c’est cool.

C’est vrai, je l’avoue, on avait bu un ti peu de champagne avant, les bubulles, ça me fait cet effet-là que voulez-vous, tout me semble parfait, soudain, comme dans « toutte est dans toutte ».

Le lendemain, un peu poquée, mais toujours aussi motivée (ben heureuse d’avoir personne dans mon lit pour voir ma face bouffie de lendemain de veille), je m’élance vers mon ordi dès mon premier café avalé.

Euh… Ouais… Bon… Hmmm… Ça ne me vient comme pas tout seul. Non mais, me dis-je, il y a forcément de bons côtés à être célibataire. Je décide de commencer par une liste de cesdits bons côtés.

— On peut péter et se gratter le cul tranquille au lit.

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Je vous jure, c’est le premier argument qui m’est venu. Je me disais qu’au pire, je l’enlèverais.

Ensuite, évidemment, j’ai pensé aux attentes, si souvent déçues :

— On n’a pas d’attente face à une autre personne qui devrait, aurait dû, pourrait avoir fait la vaisselle /sorti les vidanges/acheté du lait. On le sait, si on oublie de sortir les poubelles, ça va chlinguer. Si on remet la vaisselle à plus tard, ça va coller. Si on a oublié le lait, on va prendre son café noir.

— On choisit tous les meubles, draps, décos qui rentrent dans la maison (ou en sortent).

— Quand on range, ça reste rangé (ça ne me concerne pas, c’est pour celles qui n’ont pas d’enfants).

— Quand on laisse tout traîner, personne ne se plaint (ça, enfants ou pas, ça ne change rien, ces petits êtres adorables ne remarquent jamais le désordre).

— On peut lire, écouter des films dans son lit à l’heure qu’on veut, rallumer si on fait de l’insomnie, faire des étirements à des heures indues.

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Je relis tout ça, et je me rends compte que ça ne me convainc pas. Pourquoi suis-je donc autant brainwashée par ce concept de base de notre société : hors du couple, point de salut? Je suis déçue de moi. Je voudrais être bien, vraiment bien, ne pas chercher, ne pas attendre. Je me promets tous les jours de débarquer de Zéro Contact. Et ne le fais pas. Dincoupquepeutêtreque… Je ne sors jamais dans un bar sans penser que ça se pourrait que ce soir, il y soit… Qui? Ben quins, mon prince charmant, c’t’affaire. Et je trouve mon attitude complètement nulle! En plus, je juge les autres filles qui sont incapables de rester célibataires.

Tout à l’heure, grosse conversation avec mon ami Martin sur sa relation avec Yves. Il a l’impression de lui en demander trop, mais en même temps, il ne veut pas étouffer ses besoins… Martin est insécure : d’un côté, il a peur qu’Yves le laisse, de l’autre, il n’ose pas faire de projets sans son chum de peur que celui-ci se sente rejeté… Là, j’écris pendant qu’il est allé le rappeler une troisième fois, pour s’excuser pour le deuxième appel, où il était trop émotif, car il voulait régler des choses en lien avec le premier appel. OUF! Pas de tout repos!

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Observer un ami essayer de se dépatouiller dans sa relation, ça devrait en être un, d’argument, que je me dis. Même pas! Et je vois bien dans les yeux de Martin que pour rien au monde, il n’échangerait ses angoisses de couplé contre ma quiétude de célibataire. Et je ne lui en veux pas, m’étant moi-même pendant tant d’années accrochée de toutes mes forces, avec joie et dévouement, à un couple tout croche.

***

Depuis que j’ai commencé ce billet, j’ai vécu un genre de révélation (insight entre guillemets, que ma psy a appelé ça, ravie de voir que pour une fois, on parlait d’autre chose que de mon ex et de sa poulette). Toujours grâce à Martin.

J’essaie de glisser aussi vite que lui sur la piste de ski de fond. C’est lui qui fait la conversation pendant que je me concentre sur ma coordination. Il me raconte sa dernière rencontre avec Tante Michelle, l’an dernier. Sur son lit de mort. En parlant de sa vie, elle lui a dit :

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— Tu vois, j’ai été 20 ans avec un homme, qui m’a donné mes enfants. Il est mort. Cinq ans plus tard, j’ai rencontré Patrice. Ça fait 23 ans que nous sommes ensemble. J’ai beaucoup repensé à ma vie, évidemment, depuis quelque temps. Et je peux te dire, t’affirmer que les plus belles années de ma vie, ce sont les 5 « entre ». J’ai voyagé, fait ce que j’avais envie de faire, rencontré plein de gens dont je suis devenue très proche. Ce sont mes plus belles années. De loin.

Depuis cette journée en ski, il n’y a pas une heure où je ne pense pas à Tante Michelle. Son « de loin » résonne encore dans ma tête. Je me rends compte à quel point, depuis ma rupture, j’ai le sentiment de vivre « anattendant ». Mais c’est ma vie qui se déroule pendant ce temps-là, intéressante, exaltante, pleine de mes enfants, de ma carrière, de ma famille, de mes amis…

Et si j’étais en train de vivre les plus belles années de ma vie? De loin?

***

Pour lire un autre texte sur le même sujet : L’amour sans mots : Manifeste des célibataires.

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