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Et si le problème de l’avenue Mont-Royal ce n’était pas Ferrandez ?

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Et si tous les maux dont les aigris du Plateau se plaignent étaient plus complexes que ce qu’ils en disent à longueur de réseaux sociaux ? Et si le déclin prévisible du commerce sur « l’Avenue » était dû à ceux qui ont fait son succès ?

Et si la désaffection de cette artère qui était autrefois la colonne vertébrale des chroniques du Plateau Mont-Royal de Michel Tremblay était causée par l’appât du gain de certains promoteurs, les perspectives d’investissement des spéculateurs, l’attrait d’un marché facile pour les chaînes de magasins et de restaurants? Et si les aléas de la vie, la mode, le temps qui passe, le vent de changement qui souffle, l’arrivée de nouvelles façons de consommer et la volatilité des consommateurs avaient joué un rôle majeur dans la baisse de fréquentation des commerces d’un certain Plateau Mont-Royal?

Oui, il y a de la neige. Comme partout au Québec. Oui, il y a des parcomètres. Comme dans toutes les grandes villes du monde. Oui, le stationnement est compliqué. Mais bien moins qu’à San Francisco, à Paris ou à New York. Oui, les hypothèques et les loyers sont chers. Mais il n’y a pas beaucoup de grandes villes occidentales où l’on peut trouver des petites maisons avec jardin à deux pas du centre ville (demandez aux Français qui ont dévalisé les stocks de La Capitale du Plateau). Oui, une poignée de vedettes pleurnichent sur leurs conditions de pauvres plateaupithèques et en profitent à tous les coups pour écorcher le maire de leur arrondissement. Mais les stars du petit écran pourraient facilement se trouver un bachelor à Westmount si elles voulaient vraiment quitter leur cher Plateau. Oui, Télé-Québec a produit une série qui se moque des habitants du Plateau. Mais l’an prochain, les gags en seront sans doute déjà démodés.

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Profitant des tribunes que les nouvelles technologies leur offrent, les commerçants qui ferment boutique sur le Plateau hurlent leur haine de leur maire. Est-ce qu’on voit les commerçants de Magog, de Gaspé ou de Val- Jalbert qui souffrent eux aussi de la crise ou de la venue d’Internet s’épancher avec la même virulence?

Et si les fermetures de boutiques sur Mont-Royal étaient le résultat d’une offre mal ciblée? Surabondante ? Dépassée ?

Vous voulez un exemple ? Entre la rue St-Denis et Papineau, les cafés pullulent. Deux Starbuck (on se croirait aux États-Unis) deux Second Cup (on se croirait à Toronto), un Café Noir, un café Art Java, un David’s Tea, un Café Dépôt,… Pouvez-vous me dire ce qu’il y a de distinctif là ? On fait une overdose de caféine. Et on retrouve la même offre sur le boulevard Taschereau.

On compte aussi un Subway, deux Jean Coutu, un Cora, un Mcdo, un A&W, deux SAQ, La Source.… que des chaînes qu’on retrouve partout ailleurs à travers le Québec. Tout ça sur à peine plus d’un petit kilomètre… Et si on fait 200 mètres de plus vers l’ouest, il y a aussi, ô bonheur, un Tim Hortons. Ne me faites pas croire qu’ils se sont tous installés depuis que l’administration Ferrandez a mis la rue Laurier à sens unique.

Autrefois, sur l’avenue Mont-Royal, il y avait des commerces originaux, des vieilles boutiques, des tavernes d’habitués, des petits cafés vraiment bohèmes, des vitrines remplies de poésie, des bouquinistes avant l’ère d’Internet, des bric à brac,… Aujourd’hui, on y trouve les mêmes vitrines que dans n’importe quel centre d’achat. Je caricature à peine. Ne venez pas me dire que le stationnement, le déneigement ou le maire y sont pour quelque chose.

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Et si le problème de l’avenue Mont-Royal ce n’était pas Ferrandez, mais plutôt tous ceux qui y voient des problèmes ?

Et pour suivre mes déambulations sur Twitter: @pascalhenrard