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Et si lâamour Ă distance Ă©tait le remĂšde aux relations Ă©phĂ©mĂšres?
Soyez avertis, ceci nâest pas une histoire dâamour avec une fin heureuse, un mariage et beaucoup dâenfants.
Câest plutĂŽt un constat dâĂ©chec comme plusieurs autres avant lui Ă la diffĂ©rence que celui-ci, contrairement aux prĂ©cĂ©dents, est doublĂ© dâune intĂ©ressante piste de rĂ©flexion.
Et si lâamour Ă distance, au temps du numĂ©rique et du magasinage relationnel Ă grands coups de swipe, pouvait offrir quelque chose comme une rĂ©volution au niveau de la proximitĂ© de nos relations?
Ăa semble idiot dit comme ça, mais peut-ĂȘtre pas tant que ça.
Imaginez une relation Ă distance naissante, disons entre une et deux heures de route pour se voir physiquement. Quelque chose qui sâentretient au quotidien avec des messages, des pensĂ©es, des likes et des attentions virtuelles. Quelque chose qui sâentretient Ă distance durant les heures de travail ou Ă la maison le soir entre deux Ă©pisodes sur Netflix, comme on le ferait avec une proximitĂ© gĂ©ographique moindre. De toute façon on le sait, nous sommes occupĂ©s et le fait dâĂȘtre dans la mĂȘme ville ou le mĂȘme quartier quâune nouvelle flamme nâest pas un gage de succĂšs et dâune frĂ©quence de rencontres Ă©levĂ©e. Loin de lĂ mĂȘme.
Parce que la job, la famille, les amis, les sorties, les loisirs, les «pas ce soir, mais ça me tenterait».
Les kilomĂštres comme aphrodisiaque
Jâai trouvĂ©, en essayant rĂ©cemment une brĂšve relation Ă distance (qui sâest avĂ©rĂ©e infructueuse), quelque chose comme lâenvie de mâabandonner Ă lâautre. Une envie qui, entre deux rencontres Tinder et des frĂ©quentations Ă lâintĂ©rieur du grand 514, me glissait entre les doigts depuis des annĂ©es dĂ©jĂ . Une envie de poser mon tĂ©lĂ©phone intelligent sur la commode pour ne plus y revenir en flĂąnant au lit un soir de semaine parce que la route, comme une purge, alimentait une attente concrĂšte et, surtout, un dĂ©sir Ă combler que lâĂ©ternelle connexion technologique ne peut pas combler.
Celui dâĂȘtre, au pluriel, dans le moment prĂ©sent.
Voir du pays
ForcĂ©ment, la distance nâest pas la sauce secrĂšte qui manquait tout ce temps, mais ça ne peut pas ĂȘtre un hasard. Je nây crois pas au hasard de toute façon, mĂȘme sâil fait bien les choses dans toutes les comĂ©dies romantiques du monde entier. Je crois aux individus malgrĂ© tout et aux esprits qui se rencontrent. Parfois du bout des doigts, de la langue ou encore via un regard furtif. Dâautres fois, les rencontres se font avec un timing que lâon pourrait qualifier de discutable ou, encore, des circonstances peu favorables. La distance, en apparence, en est une.
La beautĂ© de croire aux individus et de dĂ©cloisonner sa limite gĂ©ographique, câest aussi de sâenlever des contraintes superficielles, des obstacles artificiels.
Par contre, la beautĂ© de croire aux individus et de dĂ©cloisonner sa limite gĂ©ographique, câest aussi de sâenlever des contraintes superficielles, des obstacles artificiels. Donner une chance Ă la chance, si on veut, ou se donner des chances supplĂ©mentaires de tomber sur «la bonne». Concept absurde sâil en est un, «la bonne» est quand mĂȘme une licorne intĂ©ressante Ă poursuivre puisquâelle sâabreuve Ă mĂȘme lâespoir dâun quotidien plus doux et moins seul.
«La bonne» nâest pas forcĂ©ment une personne prĂ©cise, mais plutĂŽt une idĂ©e des jours Ă venir que lâon se souhaite.
Ouvrir les frontiĂšres
Ă plus dâune centaine de kilomĂštres de mon quotidien, je nâai pas eu peur de croire que «la bonne» pouvait sây trouver. Ce nâĂ©tait pas elle, Ă©videmment, parce que le concept est absurde, mais câest doux dâavoir retrouvĂ© cette idĂ©e que ça se peut nâimporte oĂč, nâimporte quand. Appelons ça de lâespoir pour simplifier la chose, mais câest un brin plus complexe.
MĂȘme si la conclusion de cette histoire reste une variation sur le «ce nâest pas toi, câest moi» reçue comme une tonne de briques sur la tĂȘte par celui des deux qui voulait plus que lâautre, la rĂ©flexion nâest pas moins intĂ©ressante. Je vous la souhaite, cette rĂ©flexion, voir la distance entre deux coeurs pour la provoquer.
On fait beaucoup trop de compromis avec nos envies et nos valeurs pour ne pas se souhaiter «Bonne année» seul dans le noir le 31 au soir dans un salon mal chauffé.
Pensez-y, donc, en ajustant les paramĂštres de vos applications de rencontres (du diable). Au lieu de 5 ou 10 kilomĂštres, pourquoi pas 30 ou mĂȘme 50? Pourquoi pas une centaine de kilomĂštres en Ă©tant plus sĂ©lectif au lieu de systĂ©matiquement swiper Ă droite toutes les personnes qui pourraient peut-ĂȘtre presque vous intĂ©resser avec des «oui, mais». Câest surtout ça qui est venu me hanter aprĂšs cette tentative de vivre de la proximitĂ© de loin â on fait beaucoup trop de compromis avec nos envies et nos valeurs pour ne pas se souhaiter «Bonne annĂ©e» seul dans le noir le 31 au soir dans un salon mal chauffĂ©.
Et si la distance avait ce don de rapprocher les coeurs et dâaffĂ»ter nos rencontres? Ăa serait bĂȘte de ne pas essayer. Le pire qui peut arriver, aprĂšs tout, câest de trĂ©bucher et de se relever, comme dâhabitude finalement.