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Et si l’amour Ă  distance Ă©tait le remĂšde aux relations Ă©phĂ©mĂšres?

Au temps du numérique et du magasinage relationnel à grands coups de swipe, peut-on revoir notre relation à la distance?

Par
Stéphane Morneau
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Soyez avertis, ceci n’est pas une histoire d’amour avec une fin heureuse, un mariage et beaucoup d’enfants.

C’est plutĂŽt un constat d’échec comme plusieurs autres avant lui Ă  la diffĂ©rence que celui-ci, contrairement aux prĂ©cĂ©dents, est doublĂ© d’une intĂ©ressante piste de rĂ©flexion.

Et si l’amour Ă  distance, au temps du numĂ©rique et du magasinage relationnel Ă  grands coups de swipe, pouvait offrir quelque chose comme une rĂ©volution au niveau de la proximitĂ© de nos relations?

Ça semble idiot dit comme ça, mais peut-ĂȘtre pas tant que ça.

Imaginez une relation Ă  distance naissante, disons entre une et deux heures de route pour se voir physiquement. Quelque chose qui s’entretient au quotidien avec des messages, des pensĂ©es, des likes et des attentions virtuelles. Quelque chose qui s’entretient Ă  distance durant les heures de travail ou Ă  la maison le soir entre deux Ă©pisodes sur Netflix, comme on le ferait avec une proximitĂ© gĂ©ographique moindre. De toute façon on le sait, nous sommes occupĂ©s et le fait d’ĂȘtre dans la mĂȘme ville ou le mĂȘme quartier qu’une nouvelle flamme n’est pas un gage de succĂšs et d’une frĂ©quence de rencontres Ă©levĂ©e. Loin de lĂ  mĂȘme.

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Parce que la job, la famille, les amis, les sorties, les loisirs, les «pas ce soir, mais ça me tenterait».

Les kilomĂštres comme aphrodisiaque

J’ai trouvĂ©, en essayant rĂ©cemment une brĂšve relation Ă  distance (qui s’est avĂ©rĂ©e infructueuse), quelque chose comme l’envie de m’abandonner Ă  l’autre. Une envie qui, entre deux rencontres Tinder et des frĂ©quentations Ă  l’intĂ©rieur du grand 514, me glissait entre les doigts depuis des annĂ©es dĂ©jĂ . Une envie de poser mon tĂ©lĂ©phone intelligent sur la commode pour ne plus y revenir en flĂąnant au lit un soir de semaine parce que la route, comme une purge, alimentait une attente concrĂšte et, surtout, un dĂ©sir Ă  combler que l’éternelle connexion technologique ne peut pas combler.

Celui d’ĂȘtre, au pluriel, dans le moment prĂ©sent.

Voir du pays

ForcĂ©ment, la distance n’est pas la sauce secrĂšte qui manquait tout ce temps, mais ça ne peut pas ĂȘtre un hasard. Je n’y crois pas au hasard de toute façon, mĂȘme s’il fait bien les choses dans toutes les comĂ©dies romantiques du monde entier. Je crois aux individus malgrĂ© tout et aux esprits qui se rencontrent. Parfois du bout des doigts, de la langue ou encore via un regard furtif. D’autres fois, les rencontres se font avec un timing que l’on pourrait qualifier de discutable ou, encore, des circonstances peu favorables. La distance, en apparence, en est une.

La beautĂ© de croire aux individus et de dĂ©cloisonner sa limite gĂ©ographique, c’est aussi de s’enlever des contraintes superficielles, des obstacles artificiels.

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Par contre, la beautĂ© de croire aux individus et de dĂ©cloisonner sa limite gĂ©ographique, c’est aussi de s’enlever des contraintes superficielles, des obstacles artificiels. Donner une chance Ă  la chance, si on veut, ou se donner des chances supplĂ©mentaires de tomber sur «la bonne». Concept absurde s’il en est un, «la bonne» est quand mĂȘme une licorne intĂ©ressante Ă  poursuivre puisqu’elle s’abreuve Ă  mĂȘme l’espoir d’un quotidien plus doux et moins seul.

«La bonne» n’est pas forcĂ©ment une personne prĂ©cise, mais plutĂŽt une idĂ©e des jours Ă  venir que l’on se souhaite.

Ouvrir les frontiĂšres

À plus d’une centaine de kilomĂštres de mon quotidien, je n’ai pas eu peur de croire que «la bonne» pouvait s’y trouver. Ce n’était pas elle, Ă©videmment, parce que le concept est absurde, mais c’est doux d’avoir retrouvĂ© cette idĂ©e que ça se peut n’importe oĂč, n’importe quand. Appelons ça de l’espoir pour simplifier la chose, mais c’est un brin plus complexe.

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MĂȘme si la conclusion de cette histoire reste une variation sur le «ce n’est pas toi, c’est moi» reçue comme une tonne de briques sur la tĂȘte par celui des deux qui voulait plus que l’autre, la rĂ©flexion n’est pas moins intĂ©ressante. Je vous la souhaite, cette rĂ©flexion, voir la distance entre deux coeurs pour la provoquer.

On fait beaucoup trop de compromis avec nos envies et nos valeurs pour ne pas se souhaiter «Bonne année» seul dans le noir le 31 au soir dans un salon mal chauffé.

Pensez-y, donc, en ajustant les paramĂštres de vos applications de rencontres (du diable). Au lieu de 5 ou 10 kilomĂštres, pourquoi pas 30 ou mĂȘme 50? Pourquoi pas une centaine de kilomĂštres en Ă©tant plus sĂ©lectif au lieu de systĂ©matiquement swiper Ă  droite toutes les personnes qui pourraient peut-ĂȘtre presque vous intĂ©resser avec des «oui, mais». C’est surtout ça qui est venu me hanter aprĂšs cette tentative de vivre de la proximitĂ© de loin – on fait beaucoup trop de compromis avec nos envies et nos valeurs pour ne pas se souhaiter «Bonne annĂ©e» seul dans le noir le 31 au soir dans un salon mal chauffĂ©.

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Et si la distance avait ce don de rapprocher les coeurs et d’affĂ»ter nos rencontres? Ça serait bĂȘte de ne pas essayer. Le pire qui peut arriver, aprĂšs tout, c’est de trĂ©bucher et de se relever, comme d’habitude finalement.