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Je vais me contenir pour ne pas avoir l’air d’une humoriste hystérique qui s’emporte à chaque fois qu’on parle contre l’humour ou qu’on remet en question son art (Oui, j’ai dit ART. Redescendez en bas de votre chaise les snobs élitistes qui me regardent de haut en me rappelant que je suis une artiste bas de gamme. Pas de ma faute si vous ne savez pas reconnaître le génie d’un Deschamps, d’un Carlin ou d’un Rock et que vous pensez que ce que je fais se limite à me mettre une perruque su’a tête et faire des jokes de cul.) Ok. Je me calme.
Je vais seulement rouler les yeux et juger les chroniqueurs bien pensant qui nous bombardent d’articles ou de débats redondants avec des titres aussi ridicules que «Peut-on rire de tout ?» parce que leur petite sensibilité a été affectée par un gag X, Y ou Z.
Mais là, il y a des limites à pointer dans la mauvaise direction quand un drame survient. Il y a des limites à tout mettre dans le même panier. Et remettre en question L’HUMOUR en général à cause d’un coup de téléphone, c’est d’une énormité au même titre que lorsqu’on accusait Marilyn Manson d’être responsable de la tuerie de Colombine.
À force de vouloir dénoncer et pointer du doigt ce qui nous agace et nous irrite personnellement, on passe à côté du vrai problème et de la réalité.
Je ne connais pas l’infirmière qui s’est suicidée après avoir été victime d’un canular. Je ne connais ni son passé, ni l’état psychologique dans lequel elle se trouvait avant ou après le fameux coup de téléphone des deux animateurs australiens.
Mais je sais qu’on ne se suicide pas parce qu’on se fait jouer un tour. Et qu’interviewer les Justiciers Masqués sur cette tragédie n’éclairera personne sur le sujet. Et que sur-analyser les appels de Réal Béland en Monsieur Latreille ne vas pas non plus réussir à trouver une réponse claire sur ce qui a bien pu se passer dans la tête de cette jeune maman.
Par contre, on peut se questionner sur les conséquences d’être surexposé mondialement après s’être fait berner, ça, oui, on peut se demander ce que ça fait émotivement. Quand, du jour au lendemain, tout le monde parle de vous, sur les réseaux sociaux, dans les journaux, à la télé et pas seulement dans votre petit patelin, mais sur la planète entière.
Surtout quand vous avez choisi de vivre dans l’anonymat, que vous ne faites pas partie de la vie publique. Que vous n’avez jamais eu à composer avec des inconnus qui vous dévisagent, des gens qui vous reconnaissent et de voir votre face qui spinne à la télé, dans les bulletins de nouvelles et que vous savez que votre bévue est rediffusée aux quatre coins du monde. ÇA, c’est déstabilisant.
Des coups de téléphone radiophoniques, il y en a des tonnes. Des canulars, des tours, des arnaques, c’est déstabilisant, mais avant aujourd’hui, je ne crois pas qu’on pouvait qualifier ces évènements de dramatiques.
Maintenant, il faudrait surtout se préparer en tant qu’être humain à être surexposé du jour au lendemain. Que soudainement, sans avertissement, on peut s’approprier votre image et vous diffuser partout. Que spontanément, vous allez être la personne dont on parle. Même si vous êtes monsieur-madame tout le monde. On va vouloir vous voir, on va vouloir vous entendre, on va vouloir parler de vous.
On se prononcera sur vous, votre messagerie Facebook sera remplie de messages, vous aurez votre propre hashtag sur Twitter et félicitations, vous serez peut-être aussi un trend worldwide !
Sans avoir recherché d’attention. Parce que vous avec été propulsé du jour au lendemain, de pur inconnu à « CÉLÉBRITÉ MONDIALE » en ayant absolument rien fait. À part répondre au téléphone.
Les personnalités connues savent que les controverses finissent par s’estomper avec le temps. Que sur le coup, c’est lourd, intense, traumatisant, envahissant, mais que les gens finissent toujours par passer à autre chose et qu’un moment donné, sans trop savoir pourquoi, ça s’efface. Le scandale sombre dans l’oubli et on passe à autre chose. Kate Middleton pourrait nous en parler longtemps.
Mais ça, l’infirmière ne devait pas le savoir. Comment aurait-elle pu être prête à tout ça? Qui autour d’elle aurait pu la rassurer? Son entourage devait être tout aussi dépassé par les événements qu’elle-même. Rien de rassurant.
Nous vivons dans une nouvelle ère, un nouveau contexte social. Pourrons-nous instaurer une éthique quelconque à tout ça ? Pour épargner ceux qui ne sont pas prêts à vivre un phénomène d’une telle ampleur ?
Bref, on fait quoi avec cette nouvelle réalité ?!