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Et pendant ce temps, en Syrie

Par
Valérie Duhaime
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Le temps passe, la vie fait son chemin, les enfants grandissent et les vieux vieillissent, mais une chose ne semble pas évoluer : la situation en Syrie. Sans faire tant de bruit -si un arbre tombe dans la forêt, mais que personne n’est là pour l’entendre, fait-il du bruit?- sans ralentir ni tellement accélérer, lentement mais sûrement, depuis 2011, la Syrie s’effondre.

Depuis les premiers soulèvements populaires en Syrie, dans la foulée du printemps arabe, beaucoup de choses se sont passées, ici. Au Québec, nous sommes passés d’un gouvernement libéral à un gouvernement péquiste dirigé par une femme à un nouveau gouvernement libéral. Nous sommes joyeusement entrés dans l’ère Trudeau 2 : the Instagram edition, enterrant du même coup le tristounet régime Harper.

Barack Obama a été réélu, a eu le temps de faire un 2e mandat au complet, de s’établir comme le plus swag des politiciens de l’histoire de l’humanité et maintenant, les États-Unis lui choisissent un remplaçant. Dont un qui inquiète une partie de la planète.

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Rosie McLennan a remporté deux fois l’or olympique au trampoline, comme Usain Bolt au 100 mètres. Kanye West a fait paraître deux albums et a eu deux enfants. Les expressions “queer”, “meh” et “Netflix and chill” se sont installées dans notre vocabulaire.

Personnellement, j’ai déménagé à trois reprises, changé de boulot autant de fois et pas grand-chose de ma garde-robe 2011 n’a persisté en 2016.

Et pendant ce temps, la Syrie continue de s’effondrer.

La vie après le petit Aylan Kurdi

Cette semaine, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie a eu un commentaire alarmant: si les choses continuent à ce rythme, la partie est de la ville d’Alep, qui résiste encore aux forces destructrices du régime, pourrait être complètement détruite, rayée de la carte, d’ici la fin de l’année. Et je vous rappelle que nous sommes en octobre, soit le 10e mois de l’année. Et je vous rappelle qu’il n’y a en que 12. Bref, dans 20 minutes.

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Retournons il y a un an. Le monde s’émouvait devant cette photo horrible de la dépouille du petit Aylan Kurdi, échouée sur une plage turque après que le bateau censé le transporter en sécurité en Europe l’eût plutôt reconduit vers la mort.

C’est étrange comme la population occidentale souffre d’un sérieux trouble d’attention. On s’indigne d’un petit garçon mort dans la mer et un an plus tard, il faut se forcer pour savoir ce qu’il advient de ses compatriotes.

Les compatriotes d’Aylan sont à Alep est, sous le feu des balles depuis des années maintenant. Pour eux, la fin de l’histoire, c’est la mort. C’est aussi simple que ça et c’est pour bientôt.

C’est en tout cas ce que veut nous faire savoir ce Syrien, joint par Skype par un journaliste de l’émission Quotidien avec Yann Barthès -oui, la nouvelle émission de l’ancien animateur du Petit Journal– qui, chaque jour, donne des nouvelles de Syriens qu’il joint directement à Alep. Prendre des nouvelles, leur demander ce qu’ils aimeraient qu’on sache.

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Un secouriste nous dit que selon lui, ça achève. Pas la guerre, comme dans: “la paix va revenir”, mais plutôt la vie.

Et ils aimeraient juste qu’on sache qu’ils sont toujours là.

Prendre le temps de ne pas oublier

Cette chronique n’a pas pour objectif d’apporter un point de vue extraordinaire sur la crise syrienne, sur l’approche canadienne ou occidentale par rapport à celle-ci, mais juste à vous inviter à prendre cinq minutes pour prendre des nouvelles de la Syrie.

Ce texte ne cherche pas à vous culpabiliser de votre intérêt pour les choses normales de la vie, ni à diminuer les autres catastrophes -la Somalie, anyone?-, mais à ce qu’on se rappelle.

C’est facile: allez sur Google, tapez Syrie et choisissez la recherche “actualités”. Et là, prenez quelques minutes. C’est la moindre des choses.

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