J’ai tout lu. Enfin, tout ce qu’il est humainement possible de lire en une semaine sur les manières de déjouer la machine. J’ai testé, aussi. Un nombre incalculable de trucs censés m’aider à remplir cette mission : mettre une punaise dans mes chaussures pour provoquer une douleur au bon moment (se mordre la langue fonctionne aussi, paraît-il) ; contrôler ma respiration ; penser à des scènes particulièrement choquantes ; m’enduire les doigts d’antisudorifique… Le temps file : je dois mettre une stratégie en place. Parce qu’aujourd’hui, je passe le test du polygraphe. Et je dois le battre à son propre jeu.
Est-ce que j’ai des chances de réussir ? Ça dépend à qui vous demandez. Pour Doug Williams, la réponse est claire. En 2015, l’Américain a été condamné à deux ans de prison pour avoir enseigné des techniques visant à tromper les détecteurs de mensonges. Cet ancien enquêteur de police a longtemps travaillé avec la machine avant d’en arriver à la conclusion qu’elle n’était pas plus fiable qu’un vulgaire pile ou face. Il en est alors devenu un des plus féroces détracteurs, estimant qu’elle ruine des vies. Il faut savoir que le polygraphe est l’un des outils utilisés dans les processus d’embauche de la CIA, du FBI, de la Drug Enforcement Administration et autres départements de police partout aux États-Unis. Selon les autorités, avec ses cours, Williams aidait les indésirables à passer à travers les mailles du filet, mettant du même coup la sécurité nationale en jeu. Allez, hop ! N’en fallait pas plus pour le mettre sous les verrous.
Comme le test est aussi largement utilisé chez nous, bien qu’inadmissible comme preuve en cour, URBANIA a voulu en avoir le cœur net. Peut-on mentir au polygraphe et s’en sortir indemne ? En autodidacte, je me suis lancée dans le ring.