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Est-ce qu’il faut vraiment que je sois cool?
C’est la première réaction que j’ai eue quand j’ai officialisé ma collaboration avec URBANIA.
J’étais vraiment content, sidéré même! « Moi? Je peux écrire ici? »
C’est l’ascension sociale qui vient avec l’obligation d’être à la mode. Je serai lu par des gens tellement à la mode qu’ils inventent la mode.
Ce n’est pas mon cas.
Je ne suis vraiment pas à la mode.
Il suffit de me voir errer avec mon complet trois-pièces, mes souliers en daim et mon macaron « Madame Bovary et fière de l’être » pour le constater. Les gens à la mode maîtrisent l’ironie, pas moi.
Il suffit de me parler pendant 5,2 secondes pour constater que mes passions pour Titanic, la poésie, la sociologie, la monarchie, les tailleurs londoniens et les jardins français font que je suis au goût du jour, tant que le jour est en 1912.
J’occupe ma vie en racontant des blagues et, même dans mon milieu de travail, je ne suis pas à la mode. Avec mes blagues aux référents littéraires obscurs, je me considère comme la crème de menthe de l’humour. Je suis surtout apprécié par les gens ayant connu la télé en noir et blanc et se sentant concernés par Le Retour de nos idoles.
Je ne connais pas ce qui est cool et ça complique tout.
Si je savais, je n’aurais qu’à raconter une tranche de ma vie en franglais. ‘Cause, les gens cools ont always des awesome vies qui deserve d’être lues ou transformées en TV shows pour Canal Évasion. On n’est pas à la veille de Philippe Longboard Laos!
Mais, je ne suis pas cool/hip/trendy. Je ne l’ai jamais été. Je n’ai pas d’anecdotes avec des musiciens électro-indie dans un loft industriel de #Brooklyn.
Quand je visite New York, je vais à Manhattan comme tous les pas cools. Je ne suis allé qu’une seule fois à Brooklyn dans ma vie et ce n’était pas mémorable.
Sauf pour un moment. Laissez-moi vous le raconter.
C’était à l’époque où j’étais violoncelliste dans un groupe hommage à The Dears formé par mes amis de Concordia. Ça fait vraiment longtemps! Les Ray Ban Wayfarer étaient encore à la mode.
J’étais en route pour Coachella et, à mon dernier Burning Man, un réparateur de machines à écrire m’avait parlé d’un super bon barbier dans le NYC.
Comme il n’y avait pas de bon barbier dans le YUL et que je voulais être trimé avant LAX. Je me suis risqué dans le BK, même si je suis plus BX et que le meilleur barbier est à JAX; l’ayant appris d’un mélodioniste d’OKC à SxSW.
Toute une aventure pour un gars de J! (J c’est Joliette)
Le barbier était à la mode. Installé dans une usine à mélasse désaffectée, son salon était aussi une boutique de lunettes antiques artisanales et de ukulélés vintage repeints avec des pochoirs revendicateurs.
Moi, je n’ai qu’un seul talent (en développement). Mais, les gens comme mon barbier de #Brooklyn ont toujours plusieurs talents et ce qui est vraiment formidable, c’est qu’ils en font bénéficier l’univers entier.
Imaginez ce que j’ai vécu quand il a commencé à me trimer la moustache avant même que je ne le lui demande. J’avais plein de questions et il ne répondait pas. Je m’en suis voulu. Il était dans une démarche! Mes questions auraient pu contaminer l’essence de sa coupe de moustache. Ça m’a appris à ne plus jamais jouer avec le feu.
Au moins, il aimait le cinéma. C’est d’ailleurs ce qui nous a rapprochés. Il connaissait ça, mais il avait des lacunes. Premièrement, on a tous déjà fait l’erreur de surestimer Cheongpung myeongwol. Mais, il y a quand même des limites à n’avoir jamais vu Qiū Jú dǎ guān sī ou, pire que tout, Les Boys IV!
En finissant, il m’a dit qu’il s’appelait Yoann, qu’il était Français, mais que son nom d’artiste était Woodguy… je ne me souviens plus. Bref, un gars sympathique, mais lourd.
Mais, le meilleur de l’histoire, c’est qu’en sortant du métro près de mon hôtel j’ai vu…
DAVID FUCKING SPADE!!!!!! Vous ne rêvez pas! David Spade! America’s 37th funniest man en 2002!
Mais, c’était peut-être Tyrese Gibson. Il était tellement loin, c’était difficile à dire.
Voilà ma seule histoire à #Brooklyn… J’ai fait tailler ma moustache, parlé de blockbusters cinématographiques et j’ai vu une célébrité.
Je vous avais dit que je n’étais pas cool.
Mais, ce n’est pas grave. À l’avenir, je m’assumerai tel que je suis et vous parlerai de ce qui m’importe. Pour le meilleur et pour le plus décalé.