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Est-ce que les jeux vidéo encouragent le développement de TDAH chez les enfants?

J’espère que non, parce que j’ai rien que fait ça quand j’étais jeune, jouer au Super Nintendo.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Quand j’étais jeune, je passais mes journées, du matin au soir, à jouer au Super Nintendo dans le sous-sol de la maison familiale. Je vous rassure, je prenais du soleil, c’était un sous-sol très bien éclairé.

Mes parents essayaient bien de m’envoyer jouer dehors, mais je ne faisais que sortir mon Game Boy pour m’adonner à des parties de Pokémon, assis à la table du patio.

Bref, j’ai beaucoup joué aux jeux vidéo.

C’est pourquoi cette lettre ouverte de pédiatres publiée dans le Journal de Montréal, invitant à limiter le temps passé sur les jeux vidéo parce que les écrans contribueraient au développement du TDA/H m’a spécialement interpellée.

Pas que je pense être moi-même TDA/H, mais ça m’a pris 1 heure écrire l’introduction de ce texte parce que YouTube m’a recommandé d’écouter La Florida avec Rémy Girard et que j’ai par conséquent oublié que j’écrivais un texte.

C’est peut-être le temps d’en savoir plus sur les liens entre les jeux vidéo et le TDA/H. Voici ce que j’ai découvert.

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Pourquoi cette lettre?

En fait, cette lettre signée par des pédiatres de partout au Québec fait suite à une première lettre qui dénonçait la super-médication des jeunes au Québec; environ 14 % des jeunes Québécois ont une prescription pour des psychostimulants, contre environ 4 % dans le reste du Canada.

Ces médecins ont donc décidé dans une seconde lettre d’aller plus loin et d’émettre des recommandations. On y trouve six suggestions (faire plus d’exercice, améliorer l’accès aux soins psychosociaux, etc.), mais c’est la sixième recommandation qui nous intéresse : diminuer le temps alloué aux jeux vidéo.

Pour être honnête, on reste assez bref sur le sujet; on mentionne que « certaines études ont démontré que l’utilisation abusive des jeux vidéo pouvait favoriser l’émergence de symptômes de TDAH ou en aggraver la portée », pour ensuite suggérer de limiter le temps passé sur les écrans, comme on le fait dans certaines écoles.

Mais surtout, on cite deux études.

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Que disent lesdites études?

J’ai donc tenté de retrouver mon état d’esprit d’ex-étudiant universitaire, et je suis allé consulter les études en question.

La première étude mentionnée s’intitule The Screens Culture : Impact on ADHD. Je vous ai mis le lien, mais ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas obligés de lire tout ça, je vais vous résumer le tout. Curieusement, cette étude ne démontre pas nécessairement que les jeux vidéo tendent à développer les symptômes de TDA/H.

Les jeunes souffrant de TDA/H ont plus tendance à devenir dépendants à Internet, et que les jeux vidéo sont particulièrement attractifs pour les enfants touchés par le TDA/H parce qu’ils offrent de courts segments stimulants, constamment changeants, en plus d’offrir des récompenses immédiates.

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En fait, elle dit plutôt le contraire : que les jeunes souffrant de TDA/H ont plus tendance à devenir dépendants à Internet, et que les jeux vidéo sont particulièrement attractifs pour les enfants touchés par le TDA/H parce qu’ils offrent de courts segments stimulants, constamment changeants, en plus d’offrir des récompenses immédiates. On mentionne toutefois que les jeunes atteints de TDA/H ne jouent pas nécessairement plus, ils sont juste plus accros. Comme Candy Crush et moi, mettons. Je joue pas longtemps, mais que j’en voie un m’enlever mon cell quand je suis sur le bord de mélanger deux boules de chocolat.

Fait intéressant, les chercheurs admettent que la recherche ne permet pas d’affirmer hors de tout doute que ce temps passé sur les jeux vidéo est mauvais en soi. Il n’y aurait pas beaucoup d’études sur les bienfaits des jeux (communiquer avec d’autres, apprendre des choses par le jeu, etc.), mais on pense que le temps passé là-dessus pourrait être utilisé sur des activités plus thérapeutiques.

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Moi, si je ne game pas, j’écoute The Office pour être ben honnête.

À ce jour, cette étude ne m’inquiète pas trop. Juste assez.

Une étude plus convaincante

La seconde étude s’intitule Television and Video Game Exposure and the Development of Attention Problems. Celle-là fait un peu plus mal.

Quand j’étais jeune, je trippais sur Dragon Ball. Ça fait que mon prof me parlait de conjugaison de participes passés sans jamais lancer de Kamehameha ou se transformer en Super sayian, mon cerveau ne pouvait s’empêcher de trouver ça plate et de penser à autre chose.

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Dans cette étude, on a décidé d’évaluer si on pouvait dresser un lien entre le temps passé devant la télévision et le déficit d’attention. Les conclusions sont assez dramatiques : plus les jeunes passent de temps devant la télé, plus ils ont des problèmes d’attention. L’affaire, c’est que la télé, c’est ben ben excitant. Mettons, quand j’étais jeune, je trippais sur Dragon Ball. Ça fait que mon prof me parlait de conjugaison de participes passés sans jamais lancer de Kamehameha ou se transformer en Super sayian, mon cerveau ne pouvait s’empêcher de trouver ça plate et de penser à autre chose.

Et ça serait le phénomène général.

Pis là, on parle surtout de télévision, mais ça serait encore pire pour les jeux vidéo, vu que c’est encore plus stimulant.

Viser un équilibre

Fait que oui, si j’ai des problèmes d’attention, c’est possiblement à cause des jeux vidéo. Si vous avez des enfants, l’idée n’est pas nécessairement de leur interdire les jeux vidéo complètement; ceux-ci ont également leurs bons côtés. Mais faudrait peut-être aller jouer dehors un peu aussi, et pas avec un Game Boy.

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Moi, de mon côté, je vais continuer à jouer autant que je veux parce que le mal est déjà fait.

… et j’aimerais beaucoup que les chercheurs ne fassent pas d’études sur l’effet des jeux vidéos sur les adultes. Merci beaucoup.