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Do Epic Shit. C’est une phrase que je me répète souvent. Quasi «mantralement». J’en ai même fait une résolution.
Ce que ça veut dire et ce à quoi ça réfère, de manière précise, me sont encore un peu flous, même si je jongle avec l’idée depuis un moment. L’épique, depuis les combats de chevaliers, a perdu de son sens profond. Sauf pour ceux et celles qui sont friands de grandeurs nature. Et je dis ça sans l’habituel demi-sourire, un peu relevé au coin droit, qui me pogne la face à chaque fois que je papote de ces choses avec mes [étonnamment] nombreux amis qui s’y adonnent. Je ne les juge pas. Je souris beaucoup, par exemple. J’envie leur capacité à se laisser-aller, à assumer cette part d’enfance, à jouer, à incarner. Un jour, me dis-je, faudrait ben que j’aille voir. Que j’essaie. Que je puisse comprendre du dedans. Faudrait. Peut-être. Genre.
Une amie qui en fait beaucoup, pis a torche solide (level 18, pour ceux à qui ça parle), me disait qu’épée et bouclier à la main, le vent dans les cheveux, en full plate (ça, ça veut dire armure, j’ai appris, dans le jargon) et le cri de guerre dans la yeule, tu peux pas pas te sentir épique. Tu cours, tu varges (en criant le nombre de points de vie que tu enlèves), tu es noué à ton toé guerrier. Tu as ce sentiment de participer à un grand récit.
Plus grand que nature tu te sens, en fait, pour faire dans le jeu de mots de marde. Et c’est un sentiment qui s’est tristement un peu perdu. Ce qui meuble notre quotidien nous amène davantage à se conforter, à fitter, à reproduire. Notre récit de vie est souvent linéaire, prévisible dans ses grandes lignes. Ça a ses vertus, son mérite. C’est rassurant, ça permet de regarder en avant et de savoir, un peu, oussé qu’on va. Mais souvent, l’horizon est peut-être moins large qu’il le pourrait. On fixe un point. On en exclut des milliers. On ne pense même plus qu’on pourrait être «autre chose». Jeu de mots de marde numéro deux [1]: à trop se laisser voguer parce que c’est doux et que le clapotis des vagues nous permet de somnoler, on ne prend pas le gouvernail de notre existence pour s’amener ailleurs.
Cela fait que. Do Epic Shit. C’est une coche au-dessus du juste-fais-le. C’est ce moment de ta vie où tu t’assumes plus pirate (fin de la métaphore longue avec le contenu maritime) que ninja (la split de Van Damme exclue. Si tu n’as pas vu, gâte-toi pendant une minute et seize secondes: http://www.youtube.com/watch?v=M7FIvfx5J10
C’est ce moment où tu te dis que tu vas faire des choses, autres les choses, que ça va peut-être fouarrer, que tu risques le ridicule, mais hé, c’pas si grave. Ta vie, c’t’une épopée, pas une anecdote.
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