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Ça m’arrive d’être kitsch. Dans le sens très « Kundera » du terme. J’aime me faire accroire que d’la marde, dans le monde, y’en n’a pas. Momentanément, juste mettre mon cerveau en lock out et voir des licornes gambader un peu partout.
En témoigne le cupcake, format gâteau de mariage, que j’ai de tattooé sul bras.
J’assume mon besoin de légèreté. C’t’ontologique.
Quand c’est combiné au fait qu’il y ait la neige dehors, qu’y fait frette et gris, je ressens cet impératif d’écouter des tunes qui me font bouncer et de manger des affaires qui me font du bien dans yeule : bacon, crèmaglace, fromage fondu, biscuits mous, mini-barres de chocolat du sac d’Halloween des p’tits. Je cherche à générer des moments où mes yeux se ferment de joie et où le poing a aussi le goût de se serrer de joie. Le kitsch ça occasionne ça. Parfois. Et ça fait que j’ai l’attendrissement plus sul bord de l’être qu’à l’habitude. Ça fait surtout que je peux avoir envie de parler de câlins.
Y’a des fois dans notre vie d’humain où on mesure la solitude, on a ben beau être entouré de monde, gros parté partout autour de soi, nah. On ressent du tuseul. J’me dis que ça doit peut-être avoir rapport avec le fait qu’un jour, celui où on naît, on est quand même garroché dans le monde.
Boom.
Tu es. Tuseul. Tu brailles. Tu te fais prendre. Tu brailles pu.
Et pendant longtemps, tout le temps dans le meilleur des mondes, le câlin sera le réflexe premier des parents. Que les p’tits pleurent, se lèvent avec leurs yeux bouffis, aient réussi à faire de quoi, on les prend, les serre, une main sur la nuque, leur nez dedans notre cou. On les enveloppe pour qu’ils le sachent que kekun est là, partage l’émotion de l’instant, le poids du lourd. Et il y a cette fois où y te serrent, eux aussi, en retour. C’pu juste toi qui les prend dans tes bras. Il y a une réciprocité. Une reconnaissance. Un ensemble.
Cet être-pris et prenant, pour toute leur vie, ils vont le rechercher, ils vont le vouloir ce ressenti si particulier. Parce qu’on va se le dire, c’bon en ta’, un câlin.
Ça se fait en silence, souvent parce qu’on a la face dans l’autre. Il y a du chaud, ça sent l’humain. Les mots, de toute manière, deviennent non nécessaires. Parce qu’être enrobé suffit. La présence, le cœur qui bat, là, sous l’oreille. Les jambes pourraient lâcher, ce ne serait pas grave, kekun te tient, t’apaise. Tu peux, pendant les deux secondes ou les mille où tu seras tenu, juste être, té poutré, anéwé. Tu as le droit de fermer les yeux, de respirer pour de vrai. Ça t’arrête. Tu te retrouves. Parfois, ça te répare un peu, aussi.
Et il y a ces fois où c’est soi qui tient, qui réconforte, qui donne. Ces autres où on semble se retenir à deux comme si on allait se perdre dans les fentes du carrelage laitte. Parfois, on se berce, on se tapote. Toujours cette unique volonté de pas-tuseul, de partage.
À défaut du corps, le câlin peut se décliner en mots quand la présence manque, en points verts qui apparaissent à droite d’un écran, en cœurs envoyés gratisse, voire en beignes fourrés à la crème ou en lait au chocolat qu’on t’amène parce qu’on sait que ça te fait un gros doux. C’est l’effet. Une manière d’aller chercher l’autre, de lui rappeler que le tuseul, c’est pas tant vrai.
Mais y’a pas grand-chose qui équivaut ça, le vrai câlin. Pis c’est juste ça que je te souhaite, aujourd’hui, un câlin. Le genre qui va te faire du bien. Le genre qui fait que tu n’entends plus rien. Que té juste là. Que ça te sourit dans le dedans. Parce que tu vas sentir que cet embrassement de bras pis de chaud de toé pis de l’autre y dit « on s’a ».
Illustration de : Cath Laporte