En moins d’un an, le street rapper Tizzo est passé d’une sensation underground à l’un des phénomènes les plus surprenants de la scène hip-hop locale. Grâce à son flow et ses puissants ad-libs distinctifs, ses morceaux ont frappé dans le mille avec puissance, cumulant des millions d’écoutes sur les plateformes en ligne.
Issu des HLM d ’Ahuntsic, celui qui s’est d’abord illustré en 2013 sur J’suis Gris a fait un long bout de chemin depuis. Après avoir oeuvré dans l’ombre quelques années, il s’est rapidement remis à l’œuvre et a concocté ce qui allait devenir son premier mixtape officiel, Tu Sais Vol.1, paru en février 2018. Dans les mois qui ont suivi, il a fait paraître les projets 51tr4p Fr4p50, Fouette Jean-Baptiste, aux côtés de son acolyte Shreez, puis Zowlloween en plus de mettre en place sa propre bannière Canicule Records.
Capitalisant sur le buzz, le fouettemaster poursuit actuellement sa puissante lancée avec la parution de Fouette St-Patrick, son 5e et plus récent mixtape qu’il présente avec Shreez. Poussé par la chimie qui opère entre les deux rappeurs et leur garde rapprochée de beatmakers, Tizzo récolte finalement les pépites d’or au bout de l’arc-en-ciel.
Quand toutes les pièces tombent en place
Il n’y a pas d’étalage prétentieux ni de brainstorm à n’en plus finir lorsque Tizzo se retrouve en mode création : le cœur de l’opération se trouve dans la spontanéité des idées et le fait de miser sur l’énergie du moment. Après tout, c’est avec ces ingrédients que Tizzo a développé sa recette. Au-delà de la spontanéité, un des éléments clés du projet est les prod fraîchement sorties du four de son équipe de beatmakers bâtie au fil du temps.
« Au début, c’était surtout P.C pis Dice. Après, il y a eu AlexDaGr8. Maintenant, il y a 45-90, Alain et Zombie. C’est du nouveau monde que j’ai connu et avec qui ça a fini par coller », affirme-t-il, prenant une pause. « Et il y a eu une méga révolution. Pour vrai, je ne sais pas trop comment ça se passe, mais je sais qu’ils deviennent toujours meilleurs. Tout est au niveau du son, des détails, du vibe. Tout. »
Désormais plus soudée que jamais, l’équipe s’en vient extrêmement bien rodée pour créer la chaleur dans le studio. « Souvent, les gars font un instru live, j’écoute en même temps qu’ils le font, je commence à écrire le refrain, je bouge au studio direct pis je continue tout le reste man. Le beat est fait en moins de 4 heures de temps. Pour Fouette St-Patrick, il y a vraiment du gros changement. Le flow, le vibe et tout, tu vois que c’est pas la même affaire. Par exemple, le flow dans Bourriqué est terrible! J’sais même pas comment j’ai sorti cette affaire-là. »
Explorer d’autres moods
Fouette St-Patrick renoue avec les bonnes vieilles habitudes de trap beats ravageurs du duo tout en affichant des parcelles de nouveautés dans le lot. En se penchant sur des pièces comme Jour Un et Abracadabra, Tizzo explore des filons un peu plus posés qui se prêtent moins au party.
Le emcee affirme que le résultat n’était pas vraiment prémédité, mais qu’il a simplement laissé le flot naturel des idées se manifester. « Je suis capable de faire des beats comme ça. C’est plus une question de vibe. En même temps, c’est ce qui rapporte l’argent pis c’est ça que le monde cherche en ce moment. Ils veulent être déconnectés. Ils veulent plier, sauter, bouger. Et à travers le trend, je vais garder ma signature, mon originalité et mon vécu. Je peux faire des beats sombres ou plus introspectifs, mais ça reste que c’est pas ça qui bump. »
Rétrospectives et droit devant
Fidèles à leurs habitudes au niveau du contenu, Tizzo et Shreez continuent de parler de leur vécu (et tout ce qu’il implique). Ainsi se succèdent les tracks traitant notamment d’argent, de substances illicites variées et de la dure réalité de la rue. Des thèmes qui sont au cœur du street rap. Malgré tout en début de mixtape, Tizzo s’adresse aux ados qui l’écoutent pour leur dire de rester à l’école. « Je suis déjà sorti de la rue, mais la rue elle ne sort pas de moi though. C’est vraiment ça. C’est pour montrer que les jeunes pensent que la rue c’est cool, mais y a rien de cool. Honnêtement, si j’étais bon à l’école, j’y serais resté. »
En contemplant son élan de la dernière année, Tizzo a une pensée pour son frère, malheureusement décédé l’an dernier, qui l’avait motivé à sortir On Fouette, le titre qui a fait exploser sa carrière. « En fait, c’est pas que je ne serais pas là sans lui, mais je ne sais pas comment ça se serait fait. Ce serait peut-être différent. C’est parce qu’il est mort que j’ai fait ce beat-là, et ça a été un gros hit. Je savais que ça allait pogner mes affaires, mais en un an, de cette manière-là, c’est vraiment fou,», réalise-t-il, soulignant le premier anniversaire du triste évènement.
Fouette St-Patrick se termine avec Toupi, morceau redoutable qui deviendra très probablement un hit. « Souvent, on dirait chaque beat que je fais est toujours plus fort que celui d’avant. C’est sûr qu’il y a toujours quelque chose à améliorer, mais la recette est là. Tu comprends. Fouette St-Patrick, c’est le meilleur de tous mes mixtapes à tous les niveaux, que ce soit l’instrumental, le vibe, les lyrics, la chimie, etc. C’est varié et il y a plusieurs styles. Pis surement que le prochain ça va être encore la même affaire. »
Tizzo nous laisse sur ces paroles « Il y a même surement du monde qui ont peur de tout ce qu’on fait. Ils sont comme Tabarnak! c’est pas des One Hit Wonder! T’écoutes Fouette St-Patrick, si tu pensais que c’était fini, tu vas capoter ben raide man. Je te le jure. En plus, on vient juste d’arriver… »
#Pasdejournéeoff : Tizzo et Demon DOA feront paraitre le mixtape collaboratif Flocon Zow pour fin avril ou début mai.