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Entrevue : Tire le coyote prend son temps

L'auteur-compositeur-interprète a un amour profond pour les mots et la poésie.

Par
Jasmine Legendre
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C’est dans un décor bucolique que Tire le coyote s’est produit au Festif! le weekend dernier. Sa scène était située au bout du quai de Baie-Saint-Paul, un endroit qui respire le calme et la simplicité, un peu comme l’auteur-compositeur-interprète qui se lancera prochainement dans une tournée acoustique pour rendre hommage à ses textes qui perdurent depuis 2011.

Juste avant son spectacle, nous nous sommes posés sur un banc, face au fleuve, pour discuter de sa carrière qui prend de l’ampleur, mais qui lui permet pourtant de prendre son temps.

Ton show au Festif! est ton avant-dernier en formule band avant de te lancer dans une série acoustique. Est-ce que c’est un deuil à faire?

Je ne le vois pas vraiment encore. J’ai tellement de show en duo après, que dans ma tête la tournée complète ne se termine pas.

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On est un peu nostalgique de tout ça quand même. Ça fait depuis septembre 2017 qu’on tourne ensemble. On a eu du fun, on était une super gang. Mais, je finis au Québec en décembre 2019 et en 2020 on a plein de dates en France, en Suisse… Donc on va se revoir et se retrouver début 2020. Ce n’est pas une fin en soi, juste une fin au Québec.

Ton dernier album Session acoustique I a été fait en duo, est-ce que tu penses refaire un disque en formule band, ou tu aimerais mieux rester dans la simplicité?

Je ne ferai pas d’autre chose de super acoustique comme ça, même si c’est super le fun. C’est des chansons qui existaient déjà que j’ai juste eu envie de revirer de bord et de faire d’une manière différente. C’est pas un album officiel.

C’est sûr que sur un prochain album il va y avoir un band. Je ne sais pas ce qu’il va y avoir encore exactement, mais j’ai des idées en tête. C’est la première fois que je ne me sens pas pressé. Moi, j’ai enfilé les albums assez rapidement depuis 2011. Parfois, il n’y avait même pas deux ans entre chacun des albums. On était toujours sur une lancée. À chaque album, on voyait que ça se développait de plus en plus, donc je me forçais à écrire.

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Mais en ce moment, j’ai cette envie-là de prendre plus mon temps. Plus tu fais des albums, plus t’as de chances de te répéter. Si j’ai l’impression que je suis en train de faire quelque chose que j’ai déjà fait, je ne le fais pas.

T’as enregistré ton album acoustique à quelques kilomètres d’ici, à Petite-Rivière-Saint-François, est-ce que t’as un sentiment d’appartenance à la région de Charlevoix?

Je suis quand même un habitué de la place. Je reste à Québec, j’ai des amis à L’Isle-aux-Coudres. Je viens quand même assez souvent dans le coin. Je suis allé jouer à Tadoussac il y a quelques jours. C’est vraiment une région que j’aime particulièrement.

J’ai enregistré mon album ici pour la proximité de Québec. On n’avait pas envie de partir à 3h de route. Ici, 45 minutes et t’es rendu. C’était simple, c’était beau, avec une belle vue sur le fleuve.

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J’ai enregistré ça en trois jours. J’enregistre pas mal tous mes albums rapidement. Je n’aime pas ça les studios. Je trouve ça long toute la technique qui a autour de ça. J’aime jouer, mais je laisse les techniciens arriver, ils s’installent et moi quand j’arrive faut que ce soit prêt.

Comment s’est faite la sélection de chansons dans ton album acoustique?

Il y a quelques tounes que j’avais envie de revisiter, de vieilles chansons que je ne jouais plus en show. Sinon c’est un peu un hasard. On en a joué beaucoup et on a pris celles qui étaient sorties le mieux. C’était juste de trouver une drive différente pour les chansons.

Je vais t’avouer qu’il y a quelques textes que je trouve un peu moins forts, des vieux textes que j’ai écris que si j’écrivais aujourd’hui ils seraient différents. Ceux-là, je les ai laissés de côté parce que dans des versions acoustiques, le texte est plus mis de l’avant.

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J’ai fait cet album-là pour l’amour du folk. Il n’y a pas un style musical qui vient me rejoindre plus que ça. J’ai beaucoup lu sur l’histoire de cette musique-là et j’ai toujours connecté avec le côté sans flafla de ce genre-là.

Je trouve qu’aujourd’hui, il y a trop d’albums trop produits. C’est facile de se laisser embarquer et de toujours ajouter des couches. C’est beaucoup plus difficile de faire le choix d’être dépouillé. Et même en spectacle, on se sent plus vulnérable quand on arrive avec notre guitare. Tu ne te fais pas enterrer par une base et un drum. C’est vraiment juste toi. C’est une mise à nu.

J’avais besoin de revenir à ce qui a fait que j’ai commencé à écrire des chansons. Ce qui m’intéressait, c’était de construire des chansons, avec une mélodie, quelque chose de solide.

Comment entrevois-tu ta tournée en Europe?

On est allés souvent dans les dernières années, mais c’était surtout pour des festivals, quelques dates ici et là. C’était toujours très bien, mais là c’est la première fois que je vais y aller dans un contexte professionnel de tournée. C’est les salles de spectacles qui font leur propre promo.

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On voulait absolument terminer notre tournée au Québec avant de s’y rendre. C’est pour ça que ça se fera en 2020.

Penses-tu écrire sur la route?

J’écris encore, j’écris des idées. Mais on dirait que je n’ai pas la volonté de m’arrêter. J’écris plus des idées et des phrases. Un moment donné, je vais faire du ménage là-dedans. Je lis beaucoup de poésie et c’est pas mal ça que j’écris présentement. Ça va peut-être devenir un recueil… Je pense qu’il risque d’avoir un recueil avant un disque.

Ça me fait du bien d’écrire autre chose. Ça fait 10 ans que j’écris des chansons en tant que Tire le coyote, j’aime toujours l’écriture, mais parfois de juste changer la forme des textes, ça fait en sorte qu’il a des choses différentes qui en ressortent.

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Je suis allée dans des avenues où je n’étais jamais allé en chanson. Ça fait du bien. Je pense qu’après ça les chansons vont me paraitre facile.

Dans un autre ordre d’idées complètement, comment as-tu réagi à la fin de Demain des hommes?

J’aurais aimé ça que ça continue, c’est certain. C’est un projet qui m’a amené ailleurs. Ils m’ont demandé de composer des segments musicaux pour les entre-scènes et ça, c’était quelque chose que je n’avais jamais fait. Moi qui suis très axé sur le texte et qui se casse le bicycle avec les mots parfois, ça faisait du bien de juste respirer et de jouer de la musique. D’oublier le texte.

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Dans la dernière année, il y a beaucoup de gens qui m’ont découvert à cause de la série. C’est fascinant de voir qu’encore après 10 ans, il y a encore 50 à 60% des gens qui en sont à leur premier spectacle lorsque je le demande à la foule. Il y a encore un nouveau public possible.