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Entrevue : Pourquoi The Lemon Twigs aiment les comédies musicales?

On a parlé avec le duo de leur dernier album concept.

Par
Michelle Paquet
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Le secondaire, c’est pas facile pour personne. C’est cliché, mais c’est vrai. Dans leur dernier album, Go to School, le duo fraternel The Lemon Twigs a décidé de raconter une all american story, soit celle d’un jeune se faisant intimider au secondaire et qui décide de se venger. Le seul truc qui diffère de l’histoire habituellement présentée dans le cinéma américain, c’est que leur personnage principal est un chimpanzé… La trame narrative, un peu tirée par les cheveux, est racontée comme une comédie musicale à travers les 16 pièces de Go to School.

On a profité du passage de The Lemon Twigs à Montréal pour discuter avec Brian, le plus vieux des deux frères, de cet album assez particulier et de leur processus créatif.

Broadway comme inspiration

Vous avez joué dans plusieurs comédies musicales lorsque vous étiez enfants. Est-ce que c’est quelque chose que teniez à explorer dans votre musique ?

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Brian : Quand j’ai commencé à écrire des chansons, je tripais vraiment sur The Who et les albums conceptuels. À la base, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Dans les deux ou trois dernières années, on a revisité plusieurs comédies musicales classiques, comme celles de Richard Rodgers, et on en a vu quelques-unes sur Broadway.

J’avais toujours voulu faire quelque chose de thématique, un album complet avec le même thème. On s’est dit qu’une comédie musicale, ce n’était pas vraiment quelque chose qui se faisait tant que ça ces jours-ci et qu’on pourrait jouer sur nos forces vu qu’on a grandi avec ça.

Est-ce que c’était un processus différent d’écrire pour des personnages plutôt que pour vous même?

B : Oui, parce que quand t’écris des paroles pour aller avec de la musique, il y a certains mots que tu peux utiliser juste parce qu’ils sonnent bien. Mais, quand tu écris une histoire, tout doit s’aligner sur le personnage et ses intentions dans la pièce.

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Je pense que ça nous a vraiment fait grandir en tant qu’auteurs. Maintenant, quand on écrit de façon plus personnelle, tout le texte doit avoir du sens. Pas juste du sens pour nous, mais pour les gens qui vont l’entendre. C’est quelque chose qu’on a appris en faisant cet album. Ça a ouvert nos textes d’une certaine façon, maintenant ils sont beaucoup plus universels.

Est-ce que c’est important pour vous que les gens comprennent ? J’ai l’impression que beaucoup d’artistes préfèrent laisser place à l’interprétation.

B : À ce moment-ci de nos carrières, c’est assez important pour nous. Quand je pense à des auteurs que j’aime, comme Leonard Cohen, je ne dis pas ça juste parce que je suis à Montréal (rires), il y a certains bouts des chansons qui laissent place à l’interprétation, mais la plupart sont très clairs.

Comment est-ce que vous intégrez les morceaux de Go to School, qui racontent aussi une histoire, dans un show live ?

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B : On aborde le show comme une célébration de la musique qu’on fait. Ça ne fait pas bizarre quand on joue les pièces de l’album dans le mauvais ordre parce que le public les apprécie en tant que chansons [plutôt qu’en tant qu’œuvre complète].

Les gens viennent, ils connaissent toutes les paroles et ils profitent du spectacle comme une entité complètement différente [de l’album]. Ce n’est pas une extension de Go to School, c’est plutôt comme la somme de notre carrière jusqu’ici.

Avez-vous envie d’éventuellement créer un spectacle pour l’album ?

B : Définitivement ! On y travaille en ce moment. On est en train de planifier ça et de penser à des collaborations qui pourraient être intéressantes. Quand on a écrit le matériel, on y pensait vraiment comme étant la trame sonore d’une comédie musicale, alors je pense qu’un jour on va vraiment la faire sur scène.

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Partager le studio avec sa mère

Tu mentionnes des collaborations. Comment est-ce que Todd Rudgren s’est retrouvé à faire partie du projet ?

B : On l’a rencontré pour la première fois après l’un de ses concerts à New York. Il ne nous connaissait pas du tout, mais son bassiste savait qui on était et lui a dit qu’on était cool.

Notre manager l’a contacté pour qu’il vienne faire l’une de ses chansons avec nous à Coachella. C’est après ce show-là qu’on lui a parlé de la collaboration pour la première fois. On ne savait pas encore ce qu’on voulait qu’il fasse, mais quand on est arrivés à la chanson Rock Dream, Michael ne voulait pas la chanter, alors on a convaincu notre mère de le faire. On s’est dit que la chose à faire serait de demander à Todd Rungren de la chanter avec elle ! (rires)

Je me souviens d’expliquer nerveusement le concept à Todd une fois qu’il était chez nous. C’était genre la deuxième fois que je l’expliquais à quelqu’un qui n’était pas mon frère. Il a compris ce qu’on voulait faire, ou en tout cas, il a eu l’air de comprendre (rires).

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L’histoire centrale de Go to School est basée sur l’expérience du personnage principal à sa nouvelle école secondaire. Est-ce que vos expériences au secondaire ont influencé le récit ?

B : Pour moi, il y avait beaucoup d’isolation à ce moment-là. Ce n’était pas tant que je me sentais isolé de mes pairs, c’était plus que je n’avais pas grand-chose en commun avec eux.

Quand j’étais enfant, j’ai joué dans quelques séries télé où je passais mon temps avec des adultes. C’était des gens qui faisaient ce qu’ils aimaient depuis longtemps déjà. C’était inspirant d’être autour d’eux. Quand j’ai arrêté la télé, j’ai fait deux ans d’école primaire, puis trois ans de secondaire. C’était un peu le jour et la nuit.

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J’ai eu des moments où je me sentais seul. J’aimais mieux hang out tout seul ou juste avec quelques amis qu’avec les gens au centre d’achat. Je n’ai jamais vécu d’intimidation aussi intense que celle que vit le personnage principal par contre. J’ai été chanceux.

Le dernier album de The Lemon Twigs, Go to School, est paru le 24 août 2018 sur l’étiquette 4AD.

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