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Entrevue: Sigrid et sa rafraichissante authenticité

La chanteuse de 22 ans sait exactement où elle s'en va.

Par
Jasmine Legendre
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Depuis la sortie de son EP «Don’t Kill My Vibe» en 2017 la jeune chanteuse norvégienne de 22 ans, Sigrid, fait sensation partout sur la planète.

Malgré son ascension rapide vers le succès, la chanteuse pop semble avoir gardé les deux pieds sur terre. Sur scène, elle est seule avec ses musiciens, vêtue simplement et se laisse aller avec des moves de danse spontanés. Et pourtant, elle est tout sauf banale.

Dans un univers musical souvent parsemé de flafla et où le paraître prend beaucoup de place, on a voulu connaître la recette de Sigrid.

Ton succès est arrivé de manière fulgurante, alors que tu étais âgée d’à peine 19 ans. Qu’est-ce qui a changé dans ta vie à ce moment-là?

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Ça a tout changé. En fait, ça a changé tout et rien en même temps. J’ai encore les mêmes intérêts, ma vie normale se déroule de la même manière, mais ça m’a fait grandir très rapidement.

J’ai appris tellement de choses, je gère une compagnie et je n’ai même pas de diplôme! C’est vraiment le fun.

Je n’ai plus le temps d’aller à l’école. J’ai abandonné après un mois en sciences politiques, mais je ne ferme pas la porte à y retourner un jour. J’adore faire de la musique, mais les choses bougent rapidement dans l’industrie. Il y a beaucoup de pression pour écrire et sortir de nouvelles chansons, moi j’ai besoin de temps pour retourner dans ma grotte, travailler sur mes trucs et revenir quand je suis vraiment prête. Alors je me dis que dans le futur, peut-être que je retournerai aux études entre deux albums.

Sur ton dernier album Sucker Punch, tu sembles dire que l’industrie musicale a essayé de te manipuler, de te changer. Que s’est-il passé?

Ce n’est pas l’ensemble de l’industrie musicale, ce sont seulement certaines personnes. Don’t Kill My Vibe est inspiré de ça [certains hommes ont essayé de lui dire comment écrire]. J’ai la chance d’être tombée sur une équipe incroyable avec qui je passe de super bons moments. Malgré tout, tu dois apprendre à te faire confiance, à savoir qui tu es et ce que tu veux pour ta carrière. Dans une industrie comme ça, il y a beaucoup de gens impliqués, il y a ton équipe, mais aussi tout ceux qui l’entourent. C’est beaucoup, même si c’est vraiment le fun!

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Comment fait-on pour rester vraie quand on est soumise à autant de pression?

Tu changes, mais tout le monde change, parce que c’est comme ça quand tu grandis. Peu importe si tu étudies ou si tu travailles, peu importe l’industrie, je pense que la vingtaine c’est fait pour se développer, expérimenter et découvrir de nouvelles choses. C’est un peu cheesy, mais tu vois ce que je veux dire!

Et il y a beaucoup de choses qui n’ont pas changé, comme mes valeurs que j’ai reçues de ma famille. Je ne crois pas être si différente de la personne que j’étais auparavant, je suis juste un peu plus stricte avec mon temps et c’est plus facile pour moi de dire non aujourd’hui qu’au début.

Miser sur l’authenticité est-ce que c’était, paradoxalement, calculé?

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Est-ce que quelqu’un est vraiment authentique? Je me pose encore la question. Pas juste dans l’industrie de la musique, partout sur les réseaux sociaux de nouvelles vies se créent pour les utilisateurs.

On est dans une drôle d’époque. Il y a tellement de pression sur ce à quoi on devrait ressembler, je ne pense pas que ce soit très sain. En même temps, je suis sur les réseaux sociaux, j’adore les memes, je participe à tout ça.

Mais comment rester toi-même? Je sais pas, je n’ai pas la recette. Je m’entoure de gens auxquels je tiens et qui tiennent à moi et j’essaie de passer mes temps libres à faire des activités qui me donnent de l’énergie, qui me rendent heureuse. J’essaie d’aller faire de la randonnée, j’aime être en nature. Je chill beaucoup (rires), je passe du temps avec mes amis et ma famille, et j’aime faire de la cuisine, même si je suis vraiment nulle. J’essaie de faire des trucs normaux. Ma vie en dehors de la musique, c’est vraiment une vie normale.

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Ton style de danse transpire la liberté. Tu te transportes d’un bout à l’autre de la scène, tu bouges comme bon te semble…

Je n’ai pas de chorégraphe et je n’en aurai pas plus en tournée. J’ai dansé pendant 10 ans: j’ai fait du ballet classique, du modern jazz, du hip-hop. Alors j’adore danser sur une chorégraphie, apprendre une routine et avoir un leader qui me dit quoi faire… Mais quand je suis sur la scène, j’aime décider par moi-même.

Je veux que le public embarque dans le bateau et me suive. Je veux être libre!

Je ne veux pas être emprisonnée dans des mouvements. Si je vois un groupe à ma gauche qui est vraiment dedans, je veux être capable d’aller voir les gens et leur en donner davantage. Si j’avais une chorégraphie, je n’aurais pas la chance de réagir si rapidement. J’aime lire ma foule, c’est vraiment ça. Je veux que le public embarque dans le bateau et me suive. Je veux être libre!

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Ton frère, Tallef Raabe, est aussi musicien. Aimerais-tu collaborer avec lui sur un projet sérieux?

Peut-être. On a déjà chanté ensemble!

Il vient de lancer un nouveau single, I Thought You Knew, et c’est ma chanson préférée de lui.

Il est encore aux études, en Angleterre. Il fait son doctorat et mène sa carrière de musicien de front. Disons que c’est quelqu’un d’occupé! On est encore super proches. J’ai une très belle relation avec ma famille, ce sont mes meilleurs amis.

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D’ailleurs, dans quelques jours, je retourne en Norvège pour un festival à Oslo et toute ma famille y sera. Ensuite, on part en vacances tous ensemble. Je suis vraiment excitée, même si performer à la maison est une grande source de stress. Quand je suis sur scène ailleurs sur la planète, je suis over confiante, comme si rien ne pouvait m’arrêter. Mais quand j’arrive en Norvège, que le public parle la même langue que moi… même si je ne connais pas les gens dans la foule, je me sens tellement près d’eux que la relation est différente.

J’aimerais qu’on parle des Sims. Ce jeu-là a teinté l’enfance d’une génération (et continue de le faire aujourd’hui), tu as eu la chance de voir une de tes chansons traduite en simlish. Comment c’était?

C’est un des enregistrements de voix les plus drôles de ma vie! C’était tellement bizarre, j’ai juste ri tout le long de la session. On a dû refaire plusieurs prises parce que je pleurais de rire.

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Et même moi j’ai joué. Je game quand même un peu quand je suis en tournée, parce que je n’ai rien d’autre à faire à part mes spectacles.

Tu commences la tournée Sucker Punch en septembre, à quoi peut-on s’attendre sur scène?

C’est un peu un secret, je ne veux pas trop en dévoiler pour garder la surprise. Mais je promets que ça sera énergique. C’est un nouveau marché pour nous, kind of. On est déjà venus en Amérique du Nord, mais pas dans le cadre d’une vraie tournée, avec nos propres salles.

Je suis vraiment excitée. Je vais visiter des endroits que je n’ai pas eu la chance de voir. Aujourd’hui d’ailleurs, c’est ma première fois à Montréal! Le festival est vraiment incroyable, j’ai hâte de revenir.

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Tu as dit plus tôt savoir où tu t’en vas avec ta carrière. C’est quoi ton prochain but, maintenant que tu as ta propre tournée?

J’aime garder mes rêves pour moi, au cas où ils ne se réalisent pas, mais je suis très ambitieuse. Mon but premier, c’est d’être heureuse dans ce que je fais… et d’être heureuse tout court.

Si vous n’avez pas eu la chance de voir Sigrid en spectacle à Osheaga, elle sera de retour le 23 septembre prochain au Théâtre Corona. Les billets seront en vente dès demain (mardi), ici.

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