Pépite, c’est un peu notre coup de cœur à tous les deux, mon copain et moi. Et comme ils sont venus jouer à Montréal le 13 septembre dernier au Théâtre Fairmount, on avait vraiment hâte de vous les faire découvrir pour que vous ne le ratiez pas lors de leur prochain passage au Québec.
Le duo s’est rencontré initialement lors d’une soirée en Bretagne. Après avoir joué au foot sur la plage pendant la nuit, les deux hommes se sont liés d’amitié et ont éventuellement fondé Pépite. Depuis, le reste appartient à l’Histoire : spectacle à guichets fermés à La Cigale, création de deux EPs et finalement d’un premier album studio, lancé en avril dernier.
Avant que l’entrevue commence, nous rappelons à Pépite que lorsqu’on s’est rencontrés pour la première fois à Paris en octobre 2018, David Beckham était là aussi (c’était au lancement de sa marque de whisky où le band donnait une performance). Maintenant, c’est de l’autre côté de l’Atlantique que l’on continue cette conversation, sans joueur étoile de soccer dans les parages…
Les deux pieds dans l’eau
Quand on regarde les covers de vos albums, deux choses sautent aux yeux, l’attrait pour la mer et une sensibilité évidente pour la peinture. Comment cela raconte votre œuvre ?
Edouard : C’est vrai que notre premier EP a une esthétique très maritime. C’est inspirant l’eau, ça offre une perspective et ça apaise. Notre dernier disque Virage est plus urbain dans sa globalité même si l’on voit un bord de fleuve sur la pochette de l’album.
Thomas : C’est le frère de Edouard qui a fait les pochettes de nos albums. Il s’appelle Baptiste Perrin et il est artiste peintre. On a le même ADN donc on s’est tout de suite très bien entendu. Ça s’est fait naturellement et c’était vraiment notre partenaire pour notre groupe puisqu’on a fait des photos, des vidéos avec lui. Notre première affiche à la Cigale c’est lui aussi.
.jpg)
Vous parlez des sentiments avec humilité et lucidité, votre musique est-elle thérapeutique pour vous et votre public ?
Thomas : Bien sûr, c’est une catharsis d’écrire. Et on peut dire que ç’a été aussi une forme de thérapie. On reçoit beaucoup de messages de la part de personnes qui nous disent que nos chansons les ont aidés dans des moments de doutes et de ruptures. C’est incroyable comme feeling. Parce si l’on retranscrit en musique nos états d’âme, c’est avant tout pour le partager. Donc quand on réussit à transmettre des émotions auxquelles le public s’identifie, c’est une grande fierté.
Édouard : On aime se sentir réconforté quand on écoute une chanson parce que l’on se projette, ça nous emporte dans tous un tas de sensations. Et ça nous paraît fou d’avoir réussi ce challenge.
Quelle est la plus belle chose qu’on ait pu vous dire sur l’un de vos morceaux ?
Edouard : Quelqu’un a fait un tatouage sur sa main avec le titre de l’une de nos chansons Éviter les naufrages et ça nous a vraiment touchés.
Thomas : J’ai aussi le souvenir d’un concert à Dour où Flavien Berger, qui est un musicien que l’on adore, dansait comme un fou sur notre musique. Ça nous a vraiment galvanisé. Comme lorsque L’Impératrice nous a encouragés à continuer.
Musiciens à jamais
Aimeriez-vous faire de la musique toute votre vie ?
Édouard : Si possible oui ! Faire de la musique, on en fera tout le temps, mais après pour ce qui est des tournées, etc. ça c’est une autre histoire. Puis, l’industrie de la musique est en perpétuelle mutation donc ça en fait des défis à relever (rires).
Thomas : Pour ma part, j’écrirais toujours des chansons. Je n’ai pas de journal intime, mais j’adore écrire des chansons. C’est quelque chose que j’ai en moi.
D’ailleurs, comment démarre une chanson entre vous deux ? Que faites-vous quand vous êtes en panne d’inspiration ?
Thomas : Au début, j’arrivais avec quelques accords de piano, des paroles et ensuite, on discutait ensemble avec Édouard de ce que l’on voulait faire.
Édouard : Après le deuxième EP, les rôles ont commencé à se mélanger davantage. Thomas a acheté un iPad. Et de mon côté, j’ai tout ce qu’il faut pour faire du rock : une batterie, une basse et même un violon, bien que ma pratique reste très approximative pour le moment. C’est très exigeant, mais j’aime l’idée de jouer plusieurs instruments, les appréhender, les maîtriser.
Thomas : L’ADN de Pépite c’est vraiment d’expérimenter pour trouver l’arrangement parfait. On fait tout chez nous à la maison et c’est qui fait un peu le charme de notre groupe. On peut d’ailleurs passer une journée sur une ligne de basse…
Qu’aimeriez-vous explorer de nouveau à travers votre musique ?
Thomas : J’ai envie d’aller plus loin dans les chansons que j’écris, être plus engagé, mais il faut trouver un angle pour le faire, avoir le bon dosage. Je n’ai pas encore d’idée précise. Ça reste en réflexion et je ne peux pas non plus tout vous dévoiler.
Que recommandes-tu de faire avant de venir à l’un de vos concerts pour être dans les meilleures conditions ?
Edouard : Deux petites bières !
Thomas : En plus, on est en décalage horaire alors ça va être avec les croissants aussi. Il faut venir détendu en fait, car on va un peu danser vers le milieu du concert. Ça sera un mélange de mélancolie et de danse.
Il y a cette atmosphère de fin de soirée qui ressort souvent dans vos chansons et que je trouve magique parce que quand on aime la nuit, on connaît tous cette petite tragédie irréversible où la nuit doit composer avec le jour…
Thomas : Il y avait surtout cet esprit de fête dans le deuxième EP Renaissance. Quand on écrit une chanson, sans forcément s’en rendre compte, on essaie de donner des éléments de temporalité et dans certains morceaux on peut entendre cette énergie de fin de soirée qui arrive.
Votre question me fait penser à un morceau d’Étienne Daho, Saint-Lunaire, dimanche matin, où il raconte une fin de soirée en Bretagne avec une fille, il voudrait l’amener à la plage et il dit que « c’est l’heure des folies permises ». Généralement, j’aime bien les fins de soirée.
D’ailleurs, pour la petite histoire : hier soir, on a commencé dans le Mile-Ex, ensuite on est allé à Casa Del Popolo et on a fini en beauté aux Foufs. Le Grand Chelem montréalais !
Quand vous pensez à Montréal, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit en premier ?
Thomas : Je vois la chanson de Robert Charlebois « Je reviendrai à Montréal dans un Boeing de nuit ». Je pense à l’hiver surtout que je n’ai jamais vu cette ville sous la neige. Et à Léonard Cohen aussi, évidemment.
Edouard : Je pense aux montagnes, aux lacs. Je suis allé à Sainte-Anne-des-Lacs et à Mont-Tremblant. Je vais aller les voir encore et encore.
Connaissez-vous d’autres artistes québécois ?
Edouard : On a beaucoup écouté Hubert Lenoir récemment. On l’a vu à Paris en concert, on était bien bouche bée de le voir live. Sinon, je veux tout découvrir sur place dont j’espère que le DJ mettra de la musique québécoise ce soir.
Thomas : On connait Pierre Lapointe. Paupières aussi.
Les grands nageurs
Votre meilleur souvenir depuis la sortie des Bateaux ?
Thomas : Il y en a plein ! Mais en y réfléchissant, je dirai que j’ai adoré notre concert à la Cigale, j’avais trouvé ça incroyable. C’était notre première vraie grande salle, c’était complet.
Edouard : J’étais tellement stressé ce jour-là que je n’en garde pas un si bon souvenir de mon côté…
Thomas : C’est vrai que c’était tellement rempli qu’on avait l’impression d’entendre les gens respirer avec nous.
Edouard : Le Zénith c’était le plus ouf. On jouait en première partie de Thérapie Taxi. Je ne pensais pas aimer les grandes salles donc c’était une bonne surprise pour moi.
Thomas : J’adore aussi quand on va se baigner dans les tournées d’été, ça fait partie des souvenirs qui restent gravés à jamais. Dernièrement, on a fait une super baignade à Granville avec notre ingénieur son. Il faisait 36 degrés et l’eau était aussi chaude que la Méditerranée. Cet été, on s’est baigné à Nice, c’était magique. Et à Calvi, incroyable.
Votre premier album se nomme « Virage » : à quel virage peut-on s’attendre pour Pépite dans le futur?
Edouard : On est en train de le construire, tout doucement. On fait quelques démos. On essaie de faire les choses de manière différentes.
Thomas : Je fais aussi le ménage dans ma tête pour savoir ce que j’ai envie de raconter. Et on fait un maximum de morceaux pour avoir davantage de matière. Puis vu qu’on est beaucoup en tournée, ça nous fait vivre des choses, c’est stimulant.