Voilà, c’est fait.
Après huit ans de silence solo, Maybe Watson arrive avec Enter the Dance et la planète rap keb peine à s’en remettre. Le rappeur surprend avec un album à la fois lourd et ponctué de traits d’esprit, à la fois chargé en émotions et accessible. Touffu, mais certainement pas dance.
Au lendemain de son lancement à Québec, le rappeur s’est livré à chaud sur son petit dernier en passant par le processus de création, les collaborations, jusqu’aux mille et une interprétations que l’on peut tirer de l’album.
Faire un album sans contraintes
«Qu’est-ce que j’ai voulu faire avec ça? Ben la réponse, c’est RIEN! On a rien voulu faire. Ce qu’on veut faire à la base n’a aucune importance, c’est le chemin qui nous mène vers notre destination qui est importante et la destination elle-même. »
La réflexion d’un projet d’album a certes mariné longtemps, Maybe ne souhaitait toutefois pas s’imposer quoi que ce soit. Un son particulier, des featurings, rien. D’ailleurs, à force d’autoréférence et d’analyse on lui colle même l’étiquette dada et surréaliste.
« C’est all good, je l’accepte cette étiquette. On réfléchit au texte et au sens de ce qu’on fait, mais sans contraintes et but précis. On veut surtout faire des tunes qui s’écoutent bien et qui vont accompagner la vie des gens. Le but c’était ça.»
Justement, cette spontanéité, cette «randomness» se fait ressentir jusque dans les featuring de l’album.
Pour la petite histoire, Juulie avec FouKi et Kevin Na$h, est la première tune sur laquelle Maybe a travaillé. Un feat qui s’est fait avant même la concrétisation du projet d’album.
«FouKi est arrivé au studio avec Kevin Na$h, que je n’avais jamais rencontré. Le gars a griffonné un verse en deux temps trois mouvements! Et c’était déjà bon! Moi, j’étais comme : “Trop faf!”»
« FouKi est arrivé au studio avec Kevin Na$h, que je n’avais jamais rencontré. Le gars a griffonné un verse en deux temps trois mouvements! Et c’était déjà bon! Moi, j’étais comme : “Trop faf!” J’ai rencontré un nouveau type, puis on a fait une tune et elle est bonne. J’étais content! »
Même scénario avec Joe Rocca.
« Il a fini par débarquer au studio, c’était tellement random, tellement pas calculé, mais ça s’est passé. Ç’a finit par se sentir dans la musique. C’est naturel, pas forcé! »
Du rap tout court
Gentil, comique, absurde, sont trois vocables qu’on trouve souvent dans le champ lexical des articles qui portent sur lui. Une analyse qu’il trouve malgré tout un peu trop facile.
« C’est une étiquette qu’on m’a beaucoup donnée et j’ai souvent essayé de m’en défaire maladroitement parce que je ne m’en étais pas réellement défait en réalité, t’sais. »
Reste qu’avec l’arrivée d’Enter the Dance, le rappeur est clair. « Avec cet album-là, je pense qu’on a tout tué. »
«Il n’y a pas beaucoup d’humour. Il n’y en a presque pas. ll y en à peine en fait. En fait, il n’y a aucun humour.»
« Il n’y a pas beaucoup d’humour. Il n’y en a presque pas. ll y en à peine en fait. En fait, il n’y a aucun humour. Et la raison pour laquelle y’en a pas, c’est parce qu’on voulait livrer quelque chose d’un peu plus sérieux. » Et ça s’entend tout au long de l’album. Pensons à Ta Team, Money Spend Me et Koga’s Trap dans une certaine mesure.
Il ne faut pas s’imaginer que le rappeur s’est transformé en un cliché de l’artiste sombre et tourmenté. Mais de le réduire à un rappeur comique serait, justement terriblement réducteur, surtout avec les prouesses lyrique qu’on peut retrouver sur Enter the Dance.
On n’a qu’à se refaire une écoute de Koga’s Trap pour saisir toute la richesse de la nuance. Vous n’aurez pas à attendre longtemps avant de vous faire frapper par l’essence du rap. «Ça pue le rap», pour reprendre les termes que j’ai utilisés lorsque j’ai partagé le lien YouTube du clip à tout mon cercle, beaucoup trop excité d’assister au retour de Maybe Wats.
(Ouais, je me suis autocité.)
Parlant de Koga’s Trap, il se trouve que la track est aussi la trame sonore originale de la websérie à paraître Enter The Dance. Une production dans laquelle il incarnera Baby, une ancienne légende de la danse de rue new-yorkaise qui effectue un retour sur la scène.
« On a toute canalisé les pulsions funnées qu’on aurait pu avoir dans l’album, dans la websérie. T’sais, il n’y a pas un moment dans l’album que t’écoutes et que tu pars à cramper, mais je pense que la websérie, elle, pourra vous faire décrocher quelques fous-rires. »
Le sens des paroles (wink wink)
La sortie de Enter the Dance, a soulevé plusieurs questionnements dans les médias et chez les adeptes de l’artiste.
Qu’est-ce qui s’est passé pendant ses huit dernières années? Pourquoi sortir un album maintenant? Why so serious? Qu’est-ce qui t’a poussé à te confier autant? Etc.
« Ceux qui analysent et qui portent un intérêt poussé à nos paroles, ben c’est le plus beau cadeau que tu peux faire à un artiste, de se pencher sur son oeuvre en détails, t’sais. »
Parce que malgré la spontanéité dans sa manière de créer, le rappeur aime toujours pousser un peu plus loin la réflexion autour d’un projet.
«Ceux qui analysent et qui portent un intérêt poussé à nos paroles, ben c’est le plus beau cadeau que tu peux faire à un artiste.»
« L’autre jour, on m’a demandé : “Pour telle affaire, voulais-tu dire ça?” Je lui ai dit non, mais j’ai vraiment aimé qu’il ait pris le temps de me le souligner parce que cette analyse pourrait maintenant faire partie de l’explication de l’oeuvre!»
Pour Maybe, cet échange avec le public et puis la découverte de ces nouvelles avenues rend l’expérience de création encore plus riche. « Le public peut influencer l’artiste au-delà du projet. Et ce dialogue-là, c’est capoté. »
Après un premier lancement réussi, le rappeur est impatient à l’idée de présenter « son real kid » au public montréalais le 23 novembre prochain.
Avec Enter the Dance, Maybe Watson est back, et il donne envie d’entrer dans sa danse.