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Entrevue : l’absorption créative d’Annie Sama

Nous avons rencontré la chanteuse le jour de la légalisation pour parler de sa dernière année de création.

Par
Michelle Paquet
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J’ai rencontré Annie Sama le 17 octobre dernier, alors qu’elle venait tout juste de faire paraître son dernier single, « Legal », en célébration du Legalization Day. Malgré les line-ups devant les succursales de la SQDC et le cirque médiatique entourant cette date, ce qui va me rester en tête de cette journée, ce sont les yeux d’Annie. De grands yeux s’illuminant chaque fois que l’on abordait un de ses nouveaux projets. L’énergie contagieuse de l’artiste m’a complètement charmée. Récit d’une rencontre ponctuée de rires et de thé chai.

Mes recherches ne m’avaient pas préparée à la sortie surprise de « Legal » quelques heures seulement avant ma rencontre avec Annie Sama. Dans un café du Plateau, elle arrive un peu en retard, les mains pleines de trucs, « C’est pour un clip qu’on va tourner tantôt! » m’explique-t-elle, sourire aux lèvres. Au fil de la conversation, je me rendrai compte assez vite que la Montréalaise est toujours un peu en train de jongler avec plusieurs choses en même temps. Sans trop s’empêtrer dans les salutations, on se lance dans le vif du sujet : comment lui est venue l’idée de sortir une toune pour la légalisation du cannabis.

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« Je fais un peu d’insomnie. Je me lève souvent, parce qu’anyway, même si je suis dans mon lit, je dors pas. Fait que j’étais là, il devait être autour de 4h30 du matin, la nuit était belle et j’ai comme eu le flash de la mélodie pour “Legal”. »

Et comme elle n’aime pas niaiser, elle a appelé son management pour entrer en studio et sortir le single officiellement le 17 octobre. De l’idéation à la sortie, il n’y a eu que deux petites semaines. « C’est la première fois que j’ai une idée qui me pop comme ça en français. Je suis allée à l’école anglaise au primaire, c’est plus facile pour moi d’avoir des idées en anglais côté musique. » C’était la première chanson en français qu’écrivait Annie, même si elle dit écrire de la poésie en français depuis longtemps.

« Je ne me lasse pas de toi. Je te danse. Le matin au réveil, c’est que toi. » – « Legal », Annie Sama

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Histoires de voyages

Le dernier EP d’Annie, Clear, est paru plus tôt cette année, après une longue série de périples à travers le monde et l’abandon de son nom de scène, APigeon. « J’ai beaucoup voyagé. Ça a adonné comme ça. J’ai eu des opportunités d’aller faire des résidences artistiques. Ça m’a permis de créer, de me trouver, d’évoluer, de rencontrer du monde dans l’industrie de la musique et d’apprendre de nouvelles manières de produire mes chansons. » Bruxelles, Paris et New York : toutes ces villes ont un petit quelque chose à voir avec Clear.

« J’ai littéralement dormi dans des studios en voyage. Je me levais le matin et il fallait que j’essaie de comprendre le fonctionnement d’un nouveau studio où j’avais jamais été avant. C’était beaucoup de travail, mais ça a été super formateur. »

Celle qui se décrit comme une geek en matière de musique, absorbe tout autour d’elle. Des plugins qu’utilisent les producteurs dans les studios qu’elle visite, aux types de tissus utilisés par ses ami.e.s designers, en passant par les bons conseils d’un architecte pour réaliser une installation d’art, elle est à l’écoute. « De rencontrer des danseurs, des artistes visuels, des producteurs, ça m’aide à compléter mon univers. Autant au niveau des visuels que de la réalisation des vidéoclips. C’est passionnant. »

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Une seule oeuvre

Parce qu’en plus de la musique, Annie s’occupe de la réalisation de ses vidéoclips et est aussi une artiste visuelle. Quand je lui pose la question « Est-ce que pour toi, tout le reste est là pour servir la musique ou est-ce que ça a une vie en dehors de la musique », elle me répond que pour elle, c’est un tout, que c’est une œuvre. Son œuvre. « Je ne pense pas que le public le voit vraiment comme ça, mais moi tsé, je le vis. »

Par exemple, lors de l’une de ses installations artistiques, Annie utilisait un vidéo qui explore la réflexion, la peau et l’eau. Elle projette maintenant la même vidéo lors de ses spectacles. « Je ne la voyais pas comme une œuvre d’art toute seule. Il y a même des sonorités [utilisées] dans mon installation que je vais ramener dans une pièce. », raconte-t-elle. La lumière, la transformation, la peau et l’eau, « tout ce qui est un peu ce qu’on est » fait partie intégrale de son œuvre.

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Nous terminons cette rencontre en nous parlant tout bonnement de nos enfances, des petites villes éloignées de tout, de cette soif de culture qui finit par nous mener vers des endroits comme Montréal. Je quitte le café presque avec regret, comme si j’écourtais une rencontre avec une amie plutôt qu’une entrevue. Pour moi, le 17 octobre 2018 restera le jour où j’ai jasé avec Annie Sama. Weed be damned.

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