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Entrevue : David Bourbonnais esquisse «Brouillons»

Un EP réalisé en mode sprint.

Par
Alexandre Pépin
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Un trip de mush et un retour d’impôts, voilà tout ce que David Bourbonnais avait besoin pour improviser Brouillons, son premier projet solo, lancé le 12 mars dernier au Verre Bouteille.

David Bourbonnais, surnommé Bourbon, était jusqu’à cet été exclusivement chanteur et guitariste du groupe rock prog psychédélique Garnotte. Du moins, jusqu’à ce qu’un heureux concours de circonstances fasse germer son projet solo.

« C’était un trip de mush bien normal comme les autres, mais j’en suis sorti avec un genre d’épiphanie : la vie, c’est ultimement que des projets. Le sens de la vie, c’est juste de mener le plus de projets à terme, philosophe-t-il. Le lendemain, ma mère m’appelle et me dit que j’ai reçu mon remboursement d’impôts. Pourtant j’avais déjà eu 100 piastres, mais il y avait un autre chèque de 1 500 piastres du fédéral qui m’attendait à maison. »

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Il ne lui restait plus qu’à contacter son bon ami Jibbs, le réalisateur musical professionnellement connu sous le nom de Jean-Bruno Pinard, pour entamer la création de son premier EP.

Rêve secret

David n’avait jamais envisagé une telle aventure, même s’il en avait toujours secrètement rêvé. Avec le recul, il se dit encore surpris de son « move » et encore plus de la façon dont tout s’est déroulé.

Le musicien et son réalisateur avaient seulement un mois pour produire le EP. Un réel sprint pour Bourbon qui devait rapatrier le peu de contenu qu’il possédait, écrire le reste et le mettre sur EP.

Bourbon, habitué à son boys band, s’est cette fois-ci entouré exclusivement de femmes pour qui il n’a que d’éloges : « Ça évite de succomber à des patterns de masculinité toxique, mais même là. L’important c’est qu’elles sont juste fucking bonnes. »

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Satisfaction immédiate

L’homme aux mille projets ne s’en cache pas : il n’y a pas que la musique pour lui. Diplômé en télévision de l’École des médias de l’UQAM, celui qui est aussi monteur pigiste n’aspire à rien de moins que d’écrire un film, et ce, pas plus tard que cette année.

Des projets hautement créatifs qui stimulent David chacun à leur façon : « Y a quelque chose dans jouer de la musique seul qui est différent en esti que d’écrire un film. J’ai l’impression que la musique est moins difficile à rendre possible que le cinéma. Quoique comme le cinéma c’est tout aussi tough d’en vivre. La musique c’est plus immédiatement satisfaisant et le cinéma c’est tellement plus complexe à apprécier. »

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Faire cavalier seul

Bien que Brouillons soit le résultat d’un coup de tête, on pouvait déjà déceler les signes d’un éventuel projet solo.

Non seulement Bourbon accumulait depuis déjà quelques années des riffs acoustiques qui ne « fittaient pas pantoute » avec son groupe, mais il a avait également performé solo pendant un spectacle de Garnotte.

« Un moment donné, on manquait de temps pendant un show à Val-David, donc j’ai décidé de casser ma toune pour la première fois devant mon band, mais aussi devant public. Ce n’était peut-être pas ma meilleure idée, les boys sont juste partis au bar prendre des shots. Je n’ai pas eu le choix de dire : “Fuck You, je vais la garder pour moi celle-là!” »

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De fil en aiguille, le chanteur aux influences delta blues a su se perfectionner et développer un style old school et mélodique qui détonne foncièrement du style de son groupe.

Malgré les imperfections et les multiples retouches qu’il aimerait appliquer à son EP, sa plus grande fierté est d’avoir eu l’audace de mener à terme un tel projet.

« J’suis jamais satisfait de toute façon, même que créer dans un tel état d’urgence m’a montré que le résultat est pas mal meilleur quand tu restes proche de tes inspirations. » Il en résulte un son extrêmement personnel, doux et envoûtant, contrastant avec le personnage aux allures bûcheronnesques.