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Entrer par la grande porte

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Le concept d’entrée de ville est un concept qui est pour le moins surutilisé ces derniers temps. Mais est-il utilisé à bon escient ou est-il seulement utilisé comme une étiquette à la mode qui fait vendre des projets?

D’après ce qu’on lit dans les médias, il semble y avoir tout un tas d’entrées de ville à Montréal qui sont toutes plus importantes les unes que les autres. Par exemple, on a le concours international d’idées YUL-MTL: paysages en mouvement, le futur pont Champlain, le carrefour Henri-Bourassa-Pie-IX ou bien l’autoroute Bonaventure. Mais quelle utilité, voire quelle signification ce concept renferme-t-il pour le citoyen moyen?

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La fonction la plus évidente est son rôle de «signal». Il nous indique qu’il y a un changement qui est en train de se produire dans le paysage que l’on traverse et qu’il serait important que l’on y porte attention. Comme l’enseigne lumineuse de votre marque de bière favorite qui surplombe l’entrée de votre débit de boisson préféré, il indique que c’est ici que ça se passe ce soir. Pour les banlieusards ce concept indique tout simplement que l’embouteillage dans lequel ils sont prisonniers est sur le point de se terminer et qu’ils arrivent en ville.

Grande Arche de la Fraternité – La Défense, Paris
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Ce concept a aussi une forte portée symbolique. Il n’y a qu’à se remettre en tête la fonction historique du coin Saint-Laurent et Sainte-Catherine, qui était à une certaine époque le lieu où débarquait les voyageurs arrivant par bateau dans la ville de Montréal et par extension au Canada. Aujourd’hui, cette intersection a toujours ce côté mythique même si elle ne peut plus être considérée comme une porte d’entrée. En effet, bien que ce lieu soit aujourd’hui un chantier à ciel ouvert, il garde toujours sa position privilégiée dans le dédale des croisements de rues montréalais.

Mais c’est surtout la portée culturelle de ce concept qui est intéressant. Une entrée de ville c’est un lieu de passage, un seuil, c’est un lieu qui n’a pas une identité nécessairement très bien définie. Elle fait le pont entre deux lieux qui se chevauchent. Son importance est relative à la forme qu’on veut bien lui donner. À l’attention que l’on porte à son aménagement. Car si l’on ne lui donne pas les moyens de se faire voir, elle restera dans le flou et quand c’est flou on ne sait plus où donner de la tête comme la coiffeuse officielle des justiciers le dit souvent.

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Une entrée de ville c’est finalement un peu comme une culture. Une culture n’est pas non plus tout à fait matérielle. On peut la matérialiser à travers les livres, les toiles de nos peintres ou encore en la gravant sur des disques et autres supports numériques, mais à la fin il faut la vivre pour qu’elle existe et se développe.

En poursuivant dans cette lignée de pensée, si l’on voyait la Ville de Montréal comme l’entrée de ville de notre culture d’exception en Amérique du Nord? Une porte entrée sur laquelle il faudra continuer à travailler très fort dans les années à venir. Travailler fort pour en faire non pas un lieu de destination complet et autosuffisant, mais pour en faire un tremplin vers le Québec en entier. Parce que la Ville de Montréal a une importance primordiale pour notre province, mais elle ne doit pas occulter tout le reste de celle-ci. Elle doit mener à une ouverture vers les autres régions et agir comme un liant naturel entre celles-ci. Puisque, comme Montréal qui est une mosaïque composée d’une multitude de cultures provenant de partout dans le monde, le Québec est une mosaïque de sous-cultures (« sous » qui est utilisé dans le sens de subdivision, non dans le sens d’inférieur ou d’alcoolisé, quoique pour ce qui est de l’alcool…) qui ont chacune leur spécificité et leur place dans l’identité québécoise.

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