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Enlève ta banane de sur ma face

Par
Jonathan Roberge
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À mon dépanneur du coin, il y a des asiatiques vraiment trop gentils qui y travaillent. Ils apprennent des mots en mandarin à mon fils qui lui leur envoie des becs soufflés depuis la vitrine quand on passe devant. Un vrai conte de fée Hochelagois.

Si tu veux acheter des gratteux, du lait et/ou des colliers laittes avec un pendentif d’épée gothique, le tout dans un atmosphère « néons qui flashent et odeur de litière », it’s the place to go!

J’adore ce dépanneur et ses propriétaires travaillants.

L’histoire que je vais vous raconter s’est passée l’été dernier alors que mon fils et moi venions d’entrer dans notre dépanneur du bonheur. J’ai laissé fiston courir pour aller dire un gros « CHALUT! » à nos amis pendant que j’allais chercher du jus d’orange, un pain et La Presse pour ma blonde qui trippe sur les mots croisés.

C’était un premier du mois dans Hochelaga et c’était bourré de « tout croches » dans le dep.

Avant de continuer : je n’ai rien contre le concept de l’aide sociale.

AU CONTRAIRE !

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Ne me prêtez pas de fausses intentions ici, mais il y a une GROSSE différence entre quelqu’un qui a besoin d’aide et quelqu’un qui fourre le système.

Il y a des gens dans le besoin qui, pour X raisons, se sont retrouvés dans une situation précaire et nécessitent l’aide de nous tous. Il me fait plaisir de savoir que je peux aider des gens avec mes impôts.

Et il y a ceux qui attendent impatiemment leur 18 ans juste pour se « calisser » sur le BS et faire de la pilule sur leur balcon. J’en vois, j’en entends.

Je suis dans ce quartier depuis 4 ans. C’est une réalité.

Dans les 2 cas, ils ont besoin d’aide, mais pas de la même façon.

Et cette journée-là, c’était rempli de BS qui venaient acheter de la bière, des clopes pis des beef jerkys en prévision du prochain mois.

J’étais dans une longue file d’attente et mon fils gossait dans les jujubes avec sa face piteuse qui aurait pu dire :

« Crisse que tu m’achètes jamais de bonbons! »

« Des bouts de carottes pis de brocolis dans tes soirées cinéma, ça vaut pas de la marde Papa! » (Y’a pas tort.)

Je me suis dit : « Jo pour une fois, gâte le don’ pis pogne lui 2-3 petits sacs de jujubes… De toute manière, ce n’est pas les “tout croches” dans le line-up qui vont te juger parce que tu donnes de la scrap à ton kid! »

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« Fiston! Prend 3 sortes de jujubes pis on va les manger ce soir en écoutant un film! »

« YEAH !!!!! »

Et là, il s’est mis à chercher comme un freak dans le rack de bonbons. À ce moment-là, je me suis même dit :

« On dirait un junkie de 4 ans avec un t-shirt de Superman qui fouille un fond de tiroir pour trouver de quoi se piquer.»

Les gens me regardaient avec un sourire devant ce bel enfant qui s’émerveillait devant des sucreries. J’ai même eu 2-3 échanges sympathiques avec des BS « crosseurs ». La joie d’un enfant nous avait tous réunis pour quelques secondes.

Jusqu’à temps que mon fils se retourne et dise à voix haute devant tout le monde:

« Papa, je n’aime pas ça quand tu mets ta banane dans ma face! »

Moi : « PARDON ??!! Qu’est ce que tu dis là? »

Les BS me fusillent du regard.

Fiston : « Je n’aime pas ça quand on joue ensemble et que tu mets ta banane dans ma face. »

La tension monte dans le dep, plus personne ne respire et tout le monde me fixe.

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J’avais juste envie de hurler : « MAIS DE QUOI TU PARLES TABARNAK !!!!!!???? »

Moi : “Xavier, tu dis n’importe quoi… Viens ici. Je ne suis pas content.”

BS : « Ton père n’aime pas ça quand tu dévoiles vos secrets. »

Moi : « Mêle-toi de tes affaires…»

Bs : « T’aimes ça toucher des enfants? »

Mes petits asiatiques semblaient ne plus vouloir être mes amis, je dirais même qu’ils étaient prêts à me trancher la gorge avec un rebord de Loto-Bingo.

Moi : “Y’a vraiment un malentendu. Xavier Roberge de quoi tu parles?”

Tous les regards se tournent sur Fiston et le p’tit crisse dit :

« Tsé quand on joue dans ta chambre et que tu mets ta banane dans ma face pis tu me fais tourner… »

À ce moment précis, dans ma tête, je me suis dit :

« Drop ton pain Jo, va falloir que tu te battes contre des BS en linge mou. »

C’était à mon tour de passer à la caisse, je watchais toujours par-dessus mon épaule pour être sûr que le gars avec la moustache molle ne m’étrangle pas avec ses mains grasses de dude qui a déjà ouvert son sac de Cheetos.

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Je faisais mon NIP sur la petite machine et je ne lâchais pas les mains du vieil asiatique devant moi. J’avais peur qu’il me fasse un tricks de ninja de frapper avec un doigt pis que je paralyse à vie.

J’ai pris mes affaires et je suis sorti avec mon fils. Rendu sur le bord de la ruelle, je lui ai dit :

« DE QUOI TU PARLES MAN AVEC TA BANANE !!???? »

« Quand on joue sur la télé de ta chambre à Mario Kart, tu me lances des bananes et ça fait tourner mes bonhommes pis je perds tout le temps. » (Il part à pleurer).

Je dépose un genou parterre et je le serre dans mes bras.

Au bout de la ruelle, je vois deux des BS en mou qui étaient dans le dep. Ils ont leur caisse de bière dans une main et un pitbull en laisse de l’autre.

Tout ce que ces gars-là voient, c’est un gros pédophile qui fait pleurer un enfant en le chicanant.

Je me suis relevé, j’ai pris la main de mon fils et on a marché rapidement jusqu’à la maison…