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« Enlarge your penis » ou la quête du sexe parfait

Deux semaines pour devenir une porn star.

Par
Frédéric Guindon
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Tout le monde chez URBANIA salivait à l’idée de se lancer dans un numéro sur le sexe. Pas moi. Je suis un petit garçon prude et les affaires de fornication, je trouve ça tabou.

Ça me gêne, comme une nonne à qui on dit « bizoune » dans le creux de l’oreille.

Raconter mes tribulations à Vladivostok, ça me va. Parler de rap ou de hockey, encore plus. Mais envisager d’écrire les mots « vagin », « lubrifiant » ou « anulingus », ça m’angoisse. C’est pourquoi j’espérais qu’on me confie un petit article pour les pages de la fin, du genre « Top 10 des scènes de fesses dans des films pas de fesses » ou encore « 5 raisons pour lesquelles Mitsou reste fourrable »… mais non.

Lundi matin, 9h

Comme un élément déclencheur dans un texte de secondaire 3, le téléphone sonne. C’est la madame du URBANIA.

– Guindon? Pour le prochain numéro, tu vas devenir une porn star.

– Ah non, pas eux autres… Je trouve ça vraiment mauvais ce qu’ils font, pis en plus, je sais pas vraiment jouer de musique.

– Pas PORN FLAKES, Guindon… PORN STAR.

– Wooouuin… Mais comment je ferais ça?

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– Facile. T’améliores tes performances et tu t’arranges pour avoir un pénis plus gros, plus rigide, plus endurant, plus jouissant… On t’a pogné une commandite à la Capoterie. Va là, pis prends ce qu’il te faut. T’as 15 jours pour devenir un homme. Bye!

Le sort était jeté. J’avais deux semaines pour essayer les produits avec ma blonde et devenir Ron Jeremy.

Jour 1

Je reviens de la Capoterie. J’ai acheté de petites bébelles qui devraient faire de moi un vrai étalon :

1- Des pilules Xplozion qui me donneront supposément un super orgasme.

2- Une sorte d’onguent chinois à l’allure absolument infecte, qui devrait me tonifier le bambou au moment de passer aux choses sérieuses.

3- Une pompe à pénis qui donne de l’expansion à vous-savez-qui.

Je sais pas trop ce que feront mes « aides à la performance », mais j’espère qu’il n’y a pas trop d’effets secondaires, comme la perte de cheveux, l’impuissance à moyen terme ou la pousse de cornes.

Anyway, je pense pas que mes performances « de base » soient problématiques.

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En les boostant, je risque juste de devenir superformant. Ça, c’est cool.

Jour 2

Je savais que ma blonde allait rentrer tard ce soir. Je savais aussi qu’on allait être fatigués et que ce ne serait pas nécessairement le bon moment pour faire des expériences scientifiques. Mais j’étais trop curieux à propos de la pompe à pénis. Ça fait que j’ai décidé de l’essayer tout seul.

C’était la première fois que j’avais des relations sexuelles avec un objet de ce type et mettons que j’aurais pas voulu que ma mère me surprenne.

Je me suis installé nu, dans mon lit. Pour s’insérer dans cet appareil, il est préférable d’être en érection. J’ai fait ce que j’avais à faire, puis j’ai pénétré le faux vagin en caoutchouc qui sert d’embout au tube de plastique transparent pour succionner l’air. La sensation était quand même pas si tant différente de la réalité, sauf qu’il manquait tout ce qui entoure l’orifice, c’est-à-dire des fesses, des jambes, des bras, des seins, et une tête.

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Une fois la graine bien rentrée dans le fond du truc, j’ai commencé à pomper.

Aussi incroyable que ça puisse paraître, j’ai vu mon membre prendre des proportions colossales, voire titanesques. Au début, c’était tout à fait agréable : le feeling de la stimulation combiné à l’excitation de la nouveauté créait en moi un état de bonheur quasi céleste.

Mais plus je pompais, plus je voyais mon pénis devenir mauve. Des veines gorgées de sang apparaissaient et j’avais l’impression qu’il était sur le point d’exploser. J’ai pris peur et je me suis retiré de là avant d’être témoin d’Hiroshima dans un bocal. J’ai débandé sur le champ…

Saperlipopette, quel moment incroyable!

Jour 3

Ce matin, j’ai repris l’entraînement avec ma pompe. J’ai surmonté ma peur grâce à deux facteurs.

Premièrement, je me suis dit qu’Hulk Hogan, mon idole d’enfance, n’était sûrement pas devenu aussi musclé en craignant les haltères.

Deuxièmement, j’ai pensé à ce que nous a appris mon prof d’anglais au secondaire : « Practice makes perfect ». En français, ça veut dire : « Pratique fait parfait ». Autrement dit, si tu te pompes le colosse dans ton aspirateur à moineau, il va prendre des proportions énormes.

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J’ai donc pompé, pompé, pompé… presque jusqu’à en perdre conscience tellement il ne me restait plus de sang ailleurs dans le corps que dans le zob.

Chaque fois que j’ai enlevé l’appareil, le même phénomène s’est produit : débandaison instantanée.

Je commence à avoir une hypothèse là-dessus. Il doit y avoir un lien avec les questions de pression atmosphérique. Un peu comme quand on sort un gâteau du four. Mettons…

Jour 4

J’ai cet air dans la tête: « Pump Up The Jam, Pump It Up, A Pump It Up, Yo! Pump It! ». Je pense que je deviens accro aux plaisirs de la masturbation sous vide.

Lors des deux dernières journées, j’ai poursuivi avec succès mes séances d’étirements péniens. Je ne pousse pas ma luck jusqu’à me mesurer l’envergure à l’aide d’une règle parce je crois que les progrès sont visibles à l’oeil nu.

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Jour 5

Après trois jours d’entraînement, j’avais très hâte de montrer à ma blonde mes progrès millimétriques.

Les pompes à pénis, c’est comme l’économie : c’est avec des millimètres qu’on fait des centimètres.

Dès que ma douce moitié est entrée chez moi, j’ai baissé mes culottes et j’ai dit : « Check-moi la graine, bébé! ». Et elle a admiré. Aussitôt l’admiration terminée, elle m’a attaché au lit, elle s’est emparé de mon dispositif-de-masturbation-sous-vide-favorisant-l’agrandissement-du-pénis, puis m’a fait prendre de force une double dose de pilules Xplozion. Elle voulait synchroniser leurs effets.

Après 30 minutes de manipulations atmosphériques diverses, j’ai orgasmé à tout rompre grâce à la seule et unique force de l’air.

Wow! Les pilules fonctionnent.

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Commentaire de la Blonde : « Il est à la fois troublant et étrangement érotisant de voir son homme pénétrer un tube, dont l’orifice est un falot simulacre de son vagin à l’âge de huit ans. Ces détails négligés, la pompe, ça grossit, c’est vrai, mais à quel prix? Burlesque vision d’horreur : Hulk se transforme en The Blob, une créature veineuse, violette et molle! Curiosité étanchée, la pompe n’est pas tout à fait à la hauteur de la verge qu’elle laisse escompter. C’est pas grave mon amour, de toute façon, je te trouve parfait comme tu es. »

Jour 6

Quand on s’est réveillés ce matin, ma blonde et moi, on était pas mal horny. J’avoue que je suis un gars de matin. Pour paraphraser le personnage de Peter Fonda dans Easy Rider : « Ça nous donnera une toute nouvelle façon d’envisager la journée… »

OK, dans le film, il parle de fumer un joint en se levant, mais moi, je suis un partisan de la perspective que procure une bonne séance de dedans-dehors-dedans dès le réveil. Ça vous délie les muscles et ça vous affûte l’esprit.

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Et puisqu’on avait toute la journée devant nous, j’ai pris la peine de me gober une petite pilule Xplozion à l’instant même où j’ai ouvert mes yeux.

La posologie est simple : deux cachets, une heure avant l’explosion anticipée.

C’était parfait comme timing.

J’ai pas besoin de vous expliquer ce qui s’est passé par la suite; de toute façon, c’est pas de vos affaires. Néanmoins, je suis venu. Et ma foi, c’était excellent! Mais de là à dire que c’était au-delà de tout ce que j’ai vécu auparavant, il y a un fleuve de doute que j’hésite à franchir.

La véritable efficacité de cette pilule magique dans l’accession à cet orgasme est plus ou moins mesurable. Toutefois, une chose est certaine : ça ne nuit pas.

Jour 7

J’ai décidé de prendre congé de la pompe et d’essayer ce mystérieux onguent chinois que je gardais en cas de panique.

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Après tout, ma confiance en moi est à un sommet inégalé : je n’ai peur de rien, surtout pas des elixirs douteux d’un vieux bonhomme asiatique.

Pour la première fois depuis que je me suis procuré la substance, je prends la peine d’inspecter la boîte. Ça s’appelle la « solution Kwang Tse de Suifan’s ». Le produit vient dans une petite bouteille de 3 mL et s’applique un peu comme du Liquid Paper, mais en version XVIe siècle. La couleur et la texture du liquide (parce que, finalement, c’est plus du liquide qu’un onguent) font penser à du Sirop Lambert.

Mais l’odeur est inimaginable.

Je pense que la langue française est trop belle pour posséder les mots qui me permettraient de décrire ce que ça sent.

Je dois procéder par comparaison.

Imaginez du vinaigre balsamique en pleine cuisson, mélangé à du Monsieur Net et des beignes aux cerises.

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Individuellement, chacun de ses parfums peut sembler agréable. Ensemble, ils sont plus destructeurs qu’un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo à l’heure de pointe. Donc, ça doit marcher!

Comme pour la pompe à pénis, j’ai préféré essayer l’onguent en solo, pour la première fois, plutôt qu’en couple. J’imagine que ce ne sont pas toutes les flores vaginales qui doivent cohabiter en harmonie avec un tel produit, et je crois qu’une tentative de l’intégrer tout d’abord uniquement à mon milieu environnemento-génital s’imposait.

Et j’ai aimé ça.

Certes, il faut s’habituer à vivre dans une atmosphère hostile pour le nez, mais quand au bout d’une quinzaine de minutes ton pénis devient l’épicentre de toute la chaleur du monde, tu te sens bien.

Jour 8

Avant de tester à deux, la solution de Monsieur Suifan (que je respecte maintenant), j’ai pris le temps de lire le petit papier qui vient avec le « médicament ».

C’est écrit : « En mettre une mince couche sur le périls moitié à deux heures avant de faire l’amour. »

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Le périls. Y aurait-il un petit lapsus là-dessous? Peut-être. Toujours est-il que ce n’est rien pour mettre ma blonde en confiance. C’est en plaidant l’avancement de la science que j’ai réussi à la convaincre de me laisser lui rentrer mon périls dedans.

On a attendu une petite demie-heure, histoire que le ginseng du Docteur Suifan fasse effet. C’était comme d’habitude, c’est à dire excellent. Sauf que ma blonde a eu plus chaud à la noune qu’à l’accoutumée. J’ai peur que ça lui cause de sévères irritations.

Après réflexion, la question que je me pose, c’est: « Si je me mettais de l’antiphlogestine sur le proéminent, est-ce que je forcerais ma blonde à se l’introduire dans le jardin secret?»

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Et la réponse, c’est non. Alors je me trouve cave de l’avoir fait avec la solution Kwang Tse. Je suis pas sûr que ce soit ISO-Vagin.

Commentaire de la Blonde : « À tous ceux qui désirent connaître mon point de vue, je réponds par ceci: Fungu, Candida albicans, Gardnerella vaginalis et Trichomonas. »

Jour 9

Je voulais pas l’admettre avant, mais je pense pas que je sois fait pour ce type d’entraînement.

Vous rappelez-vous la télévision interactive sur le Videoway? À l’origine, tout le monde voulait faire partie de la révolution et regarder La Soirée du Hockey en choisissant son angle de caméra.

Puis, à la longue, on s’est tanné.

La vraie affaire, la tévé ordinaire, c’était toujours mieux. C’est un peu la même chose qui se passait dans mon cas.

Baiser avec l’aide d’accessoires, c’est drôle au début, ça fait changement. Mais au bout d’une semaine et demie, tu commences à t’ennuyer du vrai sexe.

J’ai appelé la madame du URBANIA et je lui ai fait part de mes sentiments. Elle m’a répondu que j’avais besoin d’un remontant et qu’elle allait s’occuper de moi.

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Deux heures plus tard, un chauffeur de taxi a sonné chez moi. Il m’a tendu un sachet et m’a dit : « Livraison pour vous, de la part de la madame du URBANIA ». J’ai ouvert la petite enveloppe. C’étaient deux petites pilules bleues.

Du Viagra, bâtard.

Jour 10

Ce soir, c’était la Saint-Valentin.

Bien qu’on ne soit pas valentino-pratiquants, Caro et moi, on s’est quand même organisé un petit souper semi-romantique. Semi, parce que la bouteille de vin a coûté moins de 10 dollars, qu’il n’y avait pas de chandelles et qu’on écoutait Transformers: The Movie en mangeant.

J’avais surfé sur l’autoroute de l’information en quête de données sur l’élixir du Docteur Pfizer, et apparemment que ça pouvait aussi pimenter la vie sexuelle des femelles. Alors, je n’ai pas hésité une seule seconde.

Au dessert, je nous ai offert à chacun un petit losange bleu.

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À ma grande surprise, ma sublime amoureuse était enchantée par cette proposition. Tant mieux! Nous avons gobé nos cachets, puis nous avons attendu comme si c’était du buvard.

– Ça te fait-tu de quoi?

– Non… Toi?

– Non. Sauf que j’ai chaud dans les pieds.

– Ben là, c’est pas là que t’es supposé avoir chaud…

– Je sais… Aimerais-tu mieux que je te piednètre?

Puis, au bout de quarante-cinq minutes, le Viagra n’avait pas embarqué.

On a décidé d’aller se coucher.

En chauds lapins que nous sommes, nous avons commencé à nous titiller les entre-jambes. On se disait qu’il fallait peut-être une étincelle dans nos bobettes pour que le feu prenne.

Et une mémorable joute de sexualité s’en est suivie.

Ce que je vais vous raconter est VRAI : je n’ai aucunement eu l’effet anticipé. Pas d’érection de six heures! Moi qui pensait me faire harceler par mon pénis pour que ça continue.

Au contraire, une fois la partie terminée, j’ai eu la réaction habituelle de devenir momentanément indisponible sexuellement.

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Pour ma tendre chérie par contre, ce fut une tout autre aventure! Dès les premières manipulations coquines, j’ai remarqué une lubrification naturelle anormale. Anormale, dans le sens de vachement accrue. Et le phénomène ne s’est qu’accentué en cours de route.

Tellement que je devais constamment m’essuyer les mains sur les draps. Y’en avait partout!

Avoir eu un lit d’eau, j’aurais cru qu’on l’avait percé, mais ce n’est pas le cas.

Mon matelas était devenu la piscine olympique, et moi, Michael Phelps. C’était extrêmement excitant, et c’est certain que l’événement est dû à la prise de comprimés magiques bleus.

Conclusion scientifique : le Viagra ne sert à rien chez l’homme. Par contre, chez la femme, il est un puissant excitant.

Commentaires de la Blonde : « Bien que le repas n’ait pas été particulièrement arrosé, le dessert, quant à lui, mérite le qualificatif de « niagaresque ». Ceci n’est pas une allégorie. Nous nagions littéralement dans une marre de fluides corporels… »

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Qui a dit que le Viagra n’était que le remède à une virilité bedonnante? Cette expérience nous a démontré, avec succès, que ce petit losange est nul autre qu’un bonbon pour l’âme friand de toute gourgandine!