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Emilie Kahn ne vit toujours pas de sa musique

Retour sur les « Bajada Dialogues ».

Par
Hugo Bastien
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Même si le plus récent épisode des Bajada Dialogues débute en français, Jason Bajada recevait plutôt une invitée anglophone de marque : Emilie Kahn. La jeune harpiste s’est arrêtée au studio-maison de Jason pour discuter avec lui pendant plus d’une heure.

La conversation ouvre justement sur un échange à propos du « fardeau » que sont parfois les entrevues, alors qu’Emilie y va d’une anecdote de son cru.

« Une fois j’ai eu vraiment une mauvaise entrevue. J’étais à la fin d’une série d’interviews où tout le monde me posait les mêmes questions, une après l’autre. Et le gars devant moi n’arrêtait pas de me poser des questions auxquelles j’avais l’impression d’avoir déjà répondu, sauf qu’il n’écoutait pas mes réponses. Quand il a écrit l’article, dans les deux premiers paragraphes il a dit que je n’avais pas l’air de vouloir être là. C’est là que j’ai réalisé l’importance d’être sympathique avec les gens quand on fait ces choses-là. »

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Jason : À l’inverse, les bonnes entrevues peuvent te faire paraître tellement plus intéressant que tu ne l’es en réalité. Mais effectivement, des fois l’album vient juste de sortir et tu parles à un journaliste qui n’a pas fait sa recherche et t’as juste envie de lui dire : “Retourne sur Internet, et rappelle-moi dans 5 minutes, parce que pour l’instant ça sert à rien.“ »

Tout est politique

Comme bien des discussions animées, celle de Jason et Emilie dévie sur la politique, en particulier sur le polémique professeur Jordan Peterson, envers lequel Emilie a une opinion plutôt défavorable.

« Il est plutôt détestable. C’est même triste qu’il soit aussi connu. Je ne pense pas qu’il amène quelque chose de nouveau ou d’intéressant à tout ça. »

De son côté, Jason reste malgré tout intrigué par l’homme.

« Je trouve juste ça étrange quand les gens disent qu’il est dangereux. C’est comme ça que j’ai appris son existence d’ailleurs : un ami musicien de Montréal a publié quelque chose sur lui sur Facebook en disant qu’il était l’homme le plus dangereux du Canada. Alors je suis devenu curieux et j’ai été voir ses travaux, et finalement je ne le trouve pas dangereux. Évidemment, je n’approuve pas tout ce qu’il dit, y a du bon et du mauvais, et de la nuance dans tout ça. Mais il sonne comme Kermit the Frog. »

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Derrière le masque

Après quelques parenthèses, la discussion prend alors une tournure plus sérieuse et authentique alors que Jason questionne Emilie sur son moral et sa vision de sa carrière actuellement. Question à laquelle Emilie a répondu avec une franchise surprenante.

« Honnêtement, je me sens un peu découragée avec le lancement du projet et tout. Je travaille dans le domaine depuis bientôt 10 ans et je ne suis toujours pas capable d’en vivre. C’est un métier où tu dois mettre beaucoup de toi dedans, alors je me suis un peu triste et démotivée en ce moment. Quand on a changé le nom du groupe [auparavant Emilie & Ogden] , je me suis sentie comme si on devait recommencer à zéro. »

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Changer de nom, c’est un risque en effet, et parfois il faut payer le prix.

« Conceptuellement c’est intéressant comme feeling, mais j’ai vraiment eu l’impression que le travail qu’on avait fait sur le premier album, les tournées et la promo, ça s’était effacé.

Beaucoup de gens pensaient que c’était un « rebranding » mais c’était pas le but. Je feelais juste pour changer le nom du projet parce que c’était plus facile à expliquer que l’ancien nom.

Et actuellement, je suis rendu dans cette période là où je me dis : “Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?” »

En effet, on le sait, le milieu musical est difficile et projette souvent une image embellie de la réalité.

« Quand on a sorti l’autre album, on a fait une grosse campagne promo avec des affiches partout dans les rues et le métro. Tout le monde me disait “Wow ça doit vraiment bien marcher pour toi en ce moment” quand en vérité, j’avais même pas assez d’argent pour payer mon prochain loyer. »

***

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Pour entendre le reste de la conversation entre Emilie et Jason sur Les dieux de l’Internet, la game des réseaux sociaux et un paquet d’autres sujets, écoutez le dernier épisode des Bajada Dialogues ici.