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Éloge de la matante

Parce que l’ADISQ et la politique sont essentiellement la même chose...

Par
André Péloquin
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C’est hier qu’avait lieu l’édition 2012 du gala de l’ADISQ. Un événement qui, si j’en crois vos nombreux tweets, est aussi clinquant que dépassé et qui couronne rarement vos chouchous. Vous étiez nombreux hier à vous demander qu’est-ce qui fait qu’un album se qualifie dans la catégorie «Adulte contemporain». Être un peu beige? Mais comment expliquer la présence de Desjardins alors? Être un artiste de son temps? Pourquoi y retrouve-t-on un «best of» de la comédie musicale Don Juan si c’est le cas!?

Plusieurs chaumières étaient aussi outrées que Mes Aïeux foulent la scène pour récupérer le prix de groupe de l’année, une catégorie où le vote populaire se distingue d’ailleurs. Certains «tweeteux» ont donc mis cette victoire «controversée» (on parle quand même que d’un Félix pour un groupe de musique, pas d’un Tour de France quand même!) sur le dos des «matantes» et des «mononcles», cette clientèle aussi élusive que mal-aimée. Pov’ matantes! À en juger la levée de boucliers lorsqu’on suscite leur spectre, il n’y a pas de place pour eux dans nos spectacles d’humour, ni dans nos magazines ou nos émissions de radio. Et pourtant…

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Si on considère la matante comme une chialeuse acariâtre, elle a au moins la décence de garder ses quolibets pour sa maisonnée, voire son club de bridge. Les «tweeteux», eux, polluaient la plateforme de commentaires rarement édifiants (lu sur Twitter: “L’ #adisq c est pour les matantes. C est tellement mauvais que tu devrais avoir des déductions d’impôts si tu l’écoutes ;)” A-yo-ye!). Sapristi, si c’est si plate que ça, pourquoi le regardez-vous, ce damné gala!? Pire encore, pourquoi y tweetez-vous les résultats ou vos impressions!? N’avez-vous pas un être cher à câliner? Un coloc avec lequel vous pouvez trinquer? Un chaton à flatter!?

Si on considère le mononc’ comme un votant compulsif, qui se prononce autant pour Mes Aïeux que pour la pièce numéro du «Six à six» de CKOI, il entretient tout de même un bon réflexe : il vote. Lors des élections de 2008 (en attendant les résultats de 2012, t’sais…), la tranche d’âge la plus active (74, 01 % d’entre eux se sont rendus aux urnes) était celle des 65 ans et plus. La plus réfractaire? Celle des 18-24 ans (41,20 %).

– Ouin, mais André. Avec le Printemps érable et tout ça…

Que nenni
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Peut-être que le problème n’est donc pas l’omniprésence de la matante et de son mari, mais bien la paresse des autres clichés: les-jeunes-adultes-trop-cool-pour-voter-pour-Mes-Aïeux-mais-qui-ont-assez-de-temps-à-perdre-pour-tweeter-un-gala-en-direct ou encore les médias-gogauches-sur-subventionnés-qui-hésitent-à-proposer-du-contenu-qui-pousse-l’enveloppe-de-peur-d’effaroucher-la-génération-qui-a-pourtant-découvert-le-LSD.

En attendant les prochaines élections – ou le prochain gala de l’ADISQ -, je nous souhaite donc une commission d’enquête sur la matante (qui est-elle au juste? Elle est si différente du lecteur d’Urbania ou du «tweeteux» du dimanche?) ainsi qu’un nouvel album de Mes Aïeux (ou du LSD, c’est comme vous voulez).