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Entendons-nous, je ne suis pas un pétard. J’ai la beauté moyenne de la majorité et j’ai quelques défauts : on me dit le nez un peu fort, le sourcil broussailleux et la jambe trop courte. Au fil des ans, plusieurs de mes ex s’en sont amusés, à mes dépends. Le sujet se terminait toujours par une phrase du genre : “Ça fait partie de ton charme”.
Ha oui? Pourquoi que t’en parle d’abord?
Avec l’âge, j’ai appris à m’accepter. C’est encore plus facile si je me trime le poil et porte des souliers à talons surélevés. Ça me fait une face plus claire à regarder et un cul « jacké » d’un pouce et demi. Mon estime personnelle s’en retrouve élevée d’autant, c’est pourquoi ces saines pratiques font désormais partie de ma vie.
Sauf que pour un nez, c’est différent. Ça se trafique pas comme du poil ou ça se réduit pas avec une crème, un nez. Il n’y a qu’à regarder les photos sur les sites de rencontre pour constater à quel point le monde s’ingénie à se travestir le nez. Même moi je me suis surpris un jour à flusher impitoyablement celles dont le nez partait de travers.
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N’empêche, je goûte à ma propre médecine. Car si je ne pogne pas comme je voudrais pogner sur ces crisses de sites là, c’est parce que je n’ai pas la beauté de Pitt ou Clooney. Cliché? Oui, mais t-e-l-l-e-m-e-n-t vrai. Remplacez Pitt ou Clooney par Johansson ou Lawrence et vous avez mon alter ego féminin qui se lamente.
Alors je devrais faire quoi? Choisir quelqu’un pour sa beauté intérieure? Me concentrer sur ses qualités intrinsèques et ses valeurs? Nul doute que ce serait la chose à faire. Mais il n’en reste pas moins que la fille sur la photo, celle qui a l’allure d’une biche se relevant de boire à la rivière et qui a juste ce qu’il faut de yeux, de bouche et de seins pour te faire réciter ton chapelet à l’endroit, à l’envers et même de côté, et bien…Tu te défais pas de son image aussi facilement, même si la grosse qui vient de t’écrire est trèès généreuse.
Mais le plus grand drame là-dedans, c’est que toutes mes tentatives d’approche sur ce genre de fille se sont toujours avérées vaines. Un jour, j’ai carrément demandé à une fille « physiquement correcte » dans un chat si elle recevait pas mal de courriels. Elle m’a répondu: « j’arrive pas à toute les lire, il y en a trop. »
Ça peut donner une idée de quossékoi le quotidien d’une fille canon sur un site de rencontre. Et faut pas s’attendre à ce qu’elle s’intéresse au premier ti-pet venu. Faut que tu sois beau, ou très beau. Point final. Bref, que tu lui inspires le truc du chapelet, sinon tu te fais scroller le profil assez vite.
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Pis un matin, alors que tu manges ton croissant en faisant défiler les nouvelles venues, tu t’étouffes dans ton café car la supercherie t’explose en pleine face comme un toton en silicone squeezé dans un étau : ce petit nez trop droit, cette bouche exagérément généreuse, ce sein hyper-bombé, auraient-ils été refaits?
Ban ça se pourrait, oui.
La première idiotie qui te vient en tête et qui aurait tout aussi bien pu venir d’un prof de catéchèse, c’est : « elle doit pas s’aimer pantoute, cette petite-là, pour avoir fait ça”.
Foutaise, grands dieux! Si un jour elle ne s’aimait pas, elle a maintenant toutes les raisons de s’aimer et de se toucher partout! À voir le nombre d’études sérieuses sur la beauté et ses retombées affectives, monétaires, physiques et sociales sur les beaux et belles de ce monde, je me demande pourquoi tant de gens rechignent encore à passer au bistouri.
En misant uniquement sur sa bonne étoile et ses qualités pour trouver un emploi ou l’amour, c’est un consentement à toujours finir deuxième.
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Parce que la petite fille qui s’aimait pas a compris que pour attirer un beau, il faut être belle. Et, si elle est patiente, elle va peut-être trouver un beau avec de l’argent en plus. Et si par hasard elle en vient à convoiter le même poste que la petite boutonneuse pas de seins, à compétences égales, c’est la belle qui risque de l’avoir.
Donc c’est assez clair: pour que ma vie soit vraiment parfaite, je devrai me faire couper le nez d’au moins la moitié. Dans une clinique, rue Sherbrooke.
Qui m’accompagne?
P.S. Pour les filles qui ne sont pas encore convaincues, je suis prêt à vous donner rendez-vous n’importe quand pour en discuter. Mais… pas de photo, pas de réponse.