.jpg)
Quand j’ai accepté d’écrire pour URBANIA, je me suis dit: «Je ne ferai pas du stand up écrit (car, pour ceux qui ne le savaient pas, je suis un humoriste, welcome to my life. Do you ever feel like breaking down? Do you ever feel out of place? Like somehow you just don’t belong…ok, je cesse de citer Nelligan, revenons). Je vais y aller plus avec mes états d’âme ou jaser de sujets dont je n’ai pas encore trouvé l’angle comique».
J’ai le meilleur emploi du monde, mais quand t’as une mauvaise journée, c’est toujours bizarre de faire rire des inconnus. Tu viens de te chicaner (je n’avais pas utilisé le verbe «chicaner» depuis 1999 dans la phrase «Maman m’a chicané parce que je me suis coupé les cheveux moi même»), ou tu as pogné un ticket ou il n’y avait plus de «roues de tracteur» au Tim, t’sais une journée de marde. Et là, tu dois aller raconter des affaires funny devant du monde qui se disent: «Claude Bégin fait du stand up?», «C’est qui Claude Bégin?»
Comme si je révolutionnais la vie en disant que les relations hommes-femmes, ce n’est pas facile.
Donc, je me suis dit: «Je vais parler de sujets importants, sérieux, qui me tiennent à cœur, je vais avoir des opinions et les gens vont sharer en mettant l’émoticône des deux mains qui font un signe «Amen» qui est en fait un high five ou les deux mains qui se rejoignent par le pouce qui veut dire «wow, c’est baller» (je ne sais pas vraiment ce que cette émoticône veut dire…), comme si je révolutionnais la vie en disant que les relations hommes-femmes, ce n’est pas facile.»
Veux-tu savoir la vérité? Mon premier texte parlait du jugement, parce que je me protégeais. Je ne veux pas me faire juger. Le dicton le dit: «Les paroles s’envolent, les écrits restent, les blagues qu’on dit sur scène, les gens essaient de les raconter à leurs amis le lendemain et les ratent systématiquement.»
C’est dur d’être nuancé, concis, honnête, original, simple, efficace, comique, mais touchant aussi sans se faire démolir sur la place publique. Qui aurait cru qu’un jour un t-shirt de Gerry Boulet serait source d’autant de haine?
J’ai la chance d’avoir 6 «femmes de ma vie».
Cette semaine, je voulais te parler des femmes de ma vie. Je voulais parler du traitement de la femme, sans utiliser le terme «traitement de la femme». (Tu vois comme c’est difficile? Je viens d’échouer à mon propre challenge).
J’ai la chance d’avoir 6 «femmes de ma vie». Ma mère, mes deux sœurs, ma grand-mère, ma grande tante et, tout récemment, ma nièce. Nicole, Laurie et Sarah, Mémé, ma tante Lucille et Mila. Mon père et moi sommes la version masculine de «Annie et ses hommes»; «Yvan, Jérémy, et leurs dames».
Grâce à elles, j’ai grandi dans la douceur, la gentillesse, Céline Dion, l’écoute, la Fureur (l’émission, pas l’émotion), les pantoufles en phentex, les jumelles Olsen, Bouclair, à’ Coutu (manière de dire «Jean Coutu» de Mémé), les bracelets brésiliens et la sauce à spaghetti.
Le fait d’être entouré d’elles ne m’a pas empêché de jouer au hockey, au babyfoot, au Nintendo64, d’écouter Sum 41 et tous les Rocky, de porter du Fubu et ma casquette «par en arrière». Même qu’elles m’y encourageaient, sauf pour ce qui est de la casquette.
C’est correct d’être une fille, de jouer au hockey et de connaître par cœur «Master of puppets».
Je voulais faire comme mes sœurs parce que je les trouvais cool. Elles allaient se faire un collier chez Bidz, je me faisais un collier chez Bidz. Elles portaient des bracelets Zoppini, je portais des bracelets Zoppini. Elles faisaient de la danse, je les accompagnais et rêvais secrètement d’en faire.
Je me faisais traiter de fif à l’école. Je me demande encore pourquoi je portais quand même mes bracelets dits «féminins» en écoutant Avril Lavigne. Probablement parce que j’étais entouré par des êtres merveilleux qui me disaient que c’était correct d’être un garçon, de porter des bijoux et de connaître par cœur la chanson «I’m with you». Tout comme c’est correct d’être une fille, de jouer au hockey et de connaître par cœur «Master of puppets».
Plus je vieillis, plus je réalise l’impact qu’elles ont eu sur mon éducation.
Elles m’ont appris qu’on ne frappait pas. Ni les femmes, ni les hommes, ni les animaux, ni personne. Elles m’ont appris à parler et à communiquer. Ça n’a pas toujours été bien reçu, surtout au hockey: «Ne nous frappons pas, discutons du problème qu’on vit devant le filet.»
Jusqu’à l’âge de 12 ans, je ne faisais aucune différence entre un garçon et une fille.
Elles m’ont appris à remarquer les changements capillaires qui m’ont valu beaucoup de: Oui, j’ai changé mes cheveux! T’es le premier qui me le dit! T’es trop fin!» et certains: «On ne se connaît pas assez pour que tu remarques que j’ai rafraîchi mes pointes. J’ai peur de toi.»
Elles étaient tellement toute ma vie que j’ai grandi en pensant, naïvement, que les «Elles» de tout le monde étaient aussi importantes et respectées que mes Elles à moi. Tellement, que j’ai eu de la difficulté à comprendre dans mon cours d’histoire le traitement des femmes dans le passé. Et bien qu’on ait évolué, certes, encore à ce jour, j’ai beaucoup de difficulté à le saisir.
On peut tu juste leur faire attention et les laisser vivre? (Je sais, je revendique comme un enfant.) Jusqu’à l’âge de 12 ans, je ne faisais aucune différence entre un garçon et une fille. Je n’étais pas «pas vite», je pense que j’étais ouvert d’esprit.
Je vous aime mesdames. Vous rockez solide.
Pour lire un autre texte de Jay du Temple: «Pour que tu m’aimes encore»