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Élections : les jeunes candidates font leur place

Sur le terrain avec deux politiciennes de la nouvelle génération.

Par
Claudia Fortin
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C’est un immense plongeon dans le vide que de se lancer en politique quand on est une jeune femme. Un saut beaucoup plus gros que celui du fameux tremplin de quatre mètres duquel on prenait une éternité à sauter quand on était enfant à la piscine municipale. Naviguer dans la sphère publique, c’est se donner corps et âme sans compter les heures. Surtout quand on vient tout juste d’entrer dans cet univers; il faut établir sa crédibilité et mettre les bouchées doubles.

J’ai donc voulu suivre pendant quelques heures deux jeunes femmes qui viennent tout juste de prendre cette direction : Camille Esther Garon, candidate pour le Nouveau parti démocratique (NPD) dans la circonscription de Beauport-Limoilou et Lysa Bélaïcha, candidate pour le district Bois-du Tremblay dans le parti Coalition Longueuil.

Bienvenue dans leur quotidien.

Faire campagne sur TikTok

C’est un beau vendredi matin dans la capitale. Camille Esther Garon m’accueille chaleureusement, malgré son horaire chargé. C’est que les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour la politicienne . « Il faut que je sache où je mets mon énergie pendant la journée. Je dois aussi toujours être dans le meilleur état d’esprit possible », me raconte la vingtenaire en me montrant comment elle jongle avec son agenda.

Camille et ses fidèles alliés pour gérer son horaire chargé : un calendrier et un ordinateur!
Camille et ses fidèles alliés pour gérer son horaire chargé : un calendrier et un ordinateur!
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Camille m’explique qu’elle doit assurer une présence autant dans les événements que sur les réseaux sociaux : TikTok, Instagram, Facebook, la jeune femme ne manque jamais de contenu, à un point tel qu’on se dit que les influenceur.euse.s pourraient prendre exemple sur elle. Souvent, les journées débutent avec une période de préparation. De son bureau, qui arbore une jolie baie vitrée dans un décor qui ne passerait pas inaperçu dans un feed Pinterest, la candidate semble avoir trouvé une recette infaillible pour avoir des journées productives. « Pour moi, ce qui est extrêmement important c’est la discipline. À sept heures du matin, je commence à travailler et à regarder pour planifier ma journée. J’ai toujours mon calendrier pas trop loin pour être préparée ».

Lysa Belaïcha a 21 ans et même si les élections ne sont qu’en novembre, elle s’assure déjà de laisser sa marque dans le district. Il faut savoir que les étapes de pré-campagne sont bien plus longues que la plupart de nos listes d’épicerie : porte-à-porte, préparation de dossiers et préparation de la publicité ne sont que quelques exemples de tâches à effectuer pour préparer à une élection.

Lysa en plein porte-à-porte
Lysa en plein porte-à-porte
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« Le moment idéal pour se lancer en politique, c’est quand on est jeune! On a du temps, de l’énergie et des idées plein la tête. Les rares fois où on me demande si je ne suis pas trop jeune pour faire de la politique, je réponds qu’à mon âge, certaines ont des responsabilités encore plus importantes. À mon âge, je pourrais être infirmière et avoir la vie de patients entre mes mains. Alors pourquoi ce serait trop tôt pour apporter des idées et des projets autour de la table qui seront ensuite débattus et analysés par plusieurs autres personnes avant d’avoir un effet direct sur la vie des citoyens ? » estime celle qui connaît le quartier sur le bout de ses doigts.

Bonjour, je m’appelle…

Se lancer en politique, ça veut aussi dire approcher les gens. Inutile de dire que ça peut être stressant d’arriver sans avertissement devant des inconnu.e.s pour tenter de les convaincre de voter pour soi. Heureusement pour Camille, son bagage d’animatrice, conférencière et organisatrice d’événements lui donne l’aisance nécessaire pour aborder les citoyen.ne.s. « Je veux être à l’affût des préoccupations des gens et aussi leur expliquer pourquoi je [veux les représenter]. Tout cela, avant même de parler du parti », me mentionne Camille en parcourant le centre-ville de Limoilou à pied. La circonscription dans laquelle la jeune femme se présente est vaste et hétéroclite.

«Ça brise un plafond de verre et ça permet d’ouvrir une porte pour les autres.»

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Les gens rencontrés lors de sa tournée lui réservent pour la plupart un accueil chaleureux et encourageant. « Quand je recueille des signatures pour ma candidature, les gens sont vraiment excités et je vois beaucoup d’adultes qui sont impressionnés », ajoute Camille. En se présentant pour obtenir un siège à la Chambre des communes, la jeune passionnée est la première femme noire de la communauté LGBTQ+ de la ville de Québec à convoiter ce poste. « Ça brise un plafond de verre et ça permet d’ouvrir une porte pour les autres. »

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En se préparant pour une séance de porte-à-porte, Lysa m’explique avec bonne humeur ce qui la motive à se lancer dans le domaine. Étonnamment, ses convictions trouvent leurs origines en partie… dans le rap français « J’ai commencé à écouter du rap français engagé, car je comprenais ce que les paroles signifiaient. Ça parle aussi beaucoup des injustices, de ce que les personnes issues de l’immigration vivent au quotidien. Quand j’étais jeune, je voulais devenir rappeuse et ça m’a mené à participer à Cégeps en spectacle, en écriture de textes. » La jeune femme a donc pu développer ses talents d’oratrice, atout indéniable dont elle use aujourd’hui pour s’exprimer en public avec confiance. La preuve que tous les chemins sont bons pour se rendre en politique ! Elle fait d’ailleurs un lien avec cette étape de son parcours dans la lettre qu’elle donne aux citoyens de son district pour présenter sa candidature.

«Il faut savoir se distinguer. Il faut que l’image que tu donnes te représente avant tout»

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Durant notre périple d’un domicile à l’autre (Lysa doit couvrir un périmètre qui comporte environ 5000 maisons, au son d’une variété impressionnante de sonnettes), la jeune candidate aborde des citoyens de tous les milieux. Même si la réception demeure très bonne en général, certain.e.s citoyen.ne.s hésitent à lui ouvrir, pensant qu’elle a peut-être quelque chose à vendre. La plupart se détendent toutefois quand ils comprennent qu’ils ont affaire à une candidate.

Lysa utilise d’ailleurs une application appelée Democratik (outil populaire chez les candidats) qui permet de connaître le nombre d’électeur.trice.s à chaque adresse. Ainsi, elle peut directement interpeller les citoyens avec leur nom en se présentant, ce qui contribue à créer un contact convivial.

Ça change pa… Non, ça change le monde

Même si les candidates se présentent pour un parti, elles doivent trouver une manière de se faire reconnaître avant même de mettre leurs allégeances de l’avant. « Il faut savoir se distinguer. Il faut que l’image que tu donnes te représente avant tout », mentionne Camille en me montrant ses tenues qui sont toujours agencées avec une touche de blanc. Ce n’est pas pour rien que certains citoyens la reconnaissent comme la « dame en blanc ».

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Comme les élections municipales auront lieu dans plus de deux mois, Lysa doit aussi s’assurer que les citoyens se souviennent d’elle. Candidate pour un nouveau parti, elle s’applique à prendre le pouls de la population pour connaître les éléments à travailler durant la campagne et, si tout va bien pour elle, pendant un premier mandat.

Lysa et Camille sont deux exemples du vent de changement qui nous attend pour les campagnes de 2021. « On ne peut plus se permettre, en 2021, que ce soit une majorité d’hommes qui portent nos voix autour des tables de décision. Il faut que les réalités du quotidien des femmes et des jeunes soient amenées aux paliers de gouvernements et on est les mieux placées pour le faire. »conclue Lysa, déterminée à faire sa place.

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Ah oui, et n’oubliez pas d’inscrire le 20 septembre pour les élections fédérales et le 7 novembre pour les élections municipales à vos agendas (les applications pour se mettre des rappels ça sert à ça) et allez voter, c’est important !

Au final, c’est vous, les électeur.trice.s, qui allez faire la différence.