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Égoïste pour vous

Je suis égoïste pour vous. C’est ce que je me dis pour ne pas sentir mal d’être égocentrique.

Par
Jay Du Temple
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Je vis un beau problème : je manque de temps pour voir tout le monde que j’aime. Certains le comprennent, d’autres me le reprochent et je peux comprendre. Je vis une dualité dont je ne dois pas être le seul à ressentir, soit celle de faire plaisir à tout le monde, et se faire plaisir à soi.

J’ai grandi en voulant plaire à tout le monde, tout le temps.

J’ai grandi en voulant plaire à tout le monde, tout le temps. Chez nous, à l’école, au hockey, dans la rue, dans les partys, en couple. « Ce que les autres pensent » a trop longtemps été mon moteur de prise de décision. Es-tu moins surpris que je sois devenu humoriste?

Curieusement, depuis que j’ai commencé à faire de la scène régulièrement, mon besoin d’attention a diminué. Il s’est concentré sur la scène. Dans la vie, je suis beaucoup plus calme, je parle moins fort, j’ai moins besoin d’être au centre de l’action, tout le temps. Je suis moins lourd, donc si tu me trouves encore lourd, imagines adolescent. Jean-Lou Duval était une berceuse à côté de moi.

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Quand on commence à faire de la scène, ou tout simplement un métier public, je pense qu’au départ, surtout lorsqu’on commence jeune, on a envie de plaire au plus grand nombre de gens. On le fait pour eux au départ. Pour leur plaire. Leur faire plaisir. Les faire rire. Se faire accepter. Se faire aimer.

Puis, peu à peu, tu deviens à l’aise, tu deviens confiant, tu repousses tes limites et c’est pour toi que tu le fais. Pour te faire rire. Pour te pousser à aller plus loin. Pour faire des choses que tu n’as jamais faites. Tu réalises que la raison pour laquelle tu fais ce métier, c’est parce que ça te passionne toi. « Ce que les autres pensent » devient comme un vieil ennemi, ton intimidateur du primaire qui tente de te faire croire que vous étiez amis alors que là tu comprends que tu le détestais.

C’est difficile à percevoir qu’un humoriste puisse faire son travail pour lui puisque son art est incomplet sans le public. Un humoriste ne peut être seul. L’humoriste doit inévitablement faire rire une foule, aussi petite puisse-t-elle être, afin de pouvoir porter son titre.

J’ai été très médiatisé dans les derniers mois, pour mon plus grand bonheur professionnel. Personnellement, il devient parfois fatigant de constamment être sous le regard des autres. Ceci dit, si on se croise dans un resto ou une librairie, viens me saluer. Si ça te tente. Ce n’est pas une obligation. Ça me fait plaisir, vraiment. Tu ne me déranges pas. Si tu viens me saluer aux toilettes, tu me déranges un peu.

Si on se croise dans un resto ou une librairie, viens me saluer. Si ça te tente. Ce n’est pas une obligation. Ça me fait plaisir, vraiment. Tu ne me déranges pas. Si tu viens me saluer aux toilettes, tu me déranges un peu.

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On vit pour soi. Dis comme ça, ça sonne drastiquement égoïste. Peut-être que je le suis. Plus qu’avant, du moins. Pour mon bonheur à moi. Si je me sens mieux, je suis plus apte à faire plaisir aux autres. Par « les autres », je ne parle même pas du public. Sans offense. Je parle de ma famille.

Ma famille est constituée de mes parents, mes sœurs, leurs copains et enfants, et mes quelques meilleurs amis. Ce sont les seules personnes à qui je veux profondément plaire et dont l’opinion est sincèrement importante. Ce que les critiques ou les commentateurs/internautes disent, j’essaie de ne pas lire et ne pas leur donner d’importance, sinon comment être un artiste libre et honnête avec soi-même si on ne prend pas le risque de déplaire à certains?

Je ne suis pas un artiste controversé. Je ne le fais pas pour plaire. Je suis ainsi. Pour vrai. Je n’ai jamais aimé la confrontation (autre qu’au hockey. Un contre un, quand tu veux). C’est fou à quel point plusieurs ont besoin de dire leur opinion sur tout, tout le temps. Ce que je porte, mon orientation sexuelle, suis-je en couple ou pas, le quartier où j’habite, les voyages que je fais, mes décisions, la musique que j’écoute, ai-je aimé le spectacle d’un tel, le nouvel album de l’autre, tout le monde donne toujours son opinion sur tout, sans même qu’on leur demande. La plupart des opinions, je m’en fous royalement. Ce que ma famille pense m’importe. That’s it. Et même là, il m’arrive souvent de faire l’inverse. Pour moi, simplement.

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