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En entendant ce qui se dit sur les frais de scolarité, le mouvement Occupons ensemble ou la politique québécoise en général, je n’ai qu’un constat à faire : on manque d’éducation.
J’en conviens, l’éducation coûte cher et la connaissance demande temps et énergie à acquérir. Mais parfois, il peut être payant d’en savoir un peu plus, ne serait-ce que pour la sauvegarde de son amour-propre.
Avez-vous déjà fait l’expérience de vous obstiner avec quelqu’un qui connaît vraiment mieux son sujet que vous? Par exemple, vous êtes-vous déjà pris la tête contre un militant pro-vie tellement convaincu de sa position qu’il avait un fœtus tatoué sur le cœur? Même si vous étiez bien convaincu, je parie qu’il vous a eu. Vos arguments, il les avait tous lus, tous entendus, et il avait une réponse toute prête pour chacun d’eux. Ce militant pro-vie maîtrisait parfaitement son sujet, contrairement à vous qui n’en aviez qu’une connaissance superficielle.
Ça arrive tout le temps, parlez-en à Jean Barbe.
Bien sûr, l’issue de la discussion n’indique pas qui, objectivement, a tort ou a raison. Les grandes questions de société, qu’elles soient d’ordre moral ou économique, sont généralement beaucoup plus complexes que ça. Vous pouvez être pour ou contre les frais de scolarité, l’avortement, le coming out des personnalités publiques ou la Coalition pour l’avenir du Québec, ça ne fait pas de vous une bonne ou une mauvaise personne. L’important est de savoir pourquoi vous l’êtes, d’avoir toutes les informations pour le défendre, et d’en être vraiment convaincu.
Or, il est rare que le citoyen moyen possède suffisamment d’information pour bien comprendre le débat dans lequel il s’engage. À l’heure du lunch, on parle des «maudits étudiants paresseux qui feraient tout pour manquer un jour d’école» ou des «pelleteux de nuages qui se ramassent au Square Victoria pour profiter des soupes populaires».
Mais au-delà des connaissances dont on manque cruellement pour participer à un débat, plus souvent qu’autrement, on manque de bases. Rares sont les personnes de mon entourage (et j’ai quand même un entourage pas si mal) qui savent distinguer leur gauche de leur droite. Idéologiquement je parle.
Je m’en suis rendue compte aux dernières élections fédérales. Rappelez-vous, la fameuse Boussole électorale. Elle devait vous dire, après que vous ayez répondu à quelques questions sur les enjeux de la campagne électorale, pour qui voter.
Ma sœur a fait le test. Surprise : sa boussole pointait vers la droite. Pourtant, je vous assure que ma sœur est une bonne personne. Si on lui demandait si l’État devrait payer pour les frais de scolarité, je suis certaine qu’elle dirait oui. Des logements sociaux, amenez-en! Des immigrants, le plus possible.
Or, quand on demande à ma sœur si elle devrait payer plus d’impôts, pour elle, la réponse est simple : c’est non!
Je détiens un baccalauréat en sciences politiques. Il est toujours de bon ton de le rappeler dans une conversation. C’est là que j’ai acquis mes premières notions de gauche et de droite. J’y ai appris, entre autres choses, les tenants et aboutissants de la social-démocratie, et c’est pas mal ça que j’ai choisi comme mode de pensée. Puis, j’ai appris que pour vivre dans une société juste, équitable et solidaire, on devait mettre en place des programmes pour venir en aide aux plus démunis, et que ces programmes se payaient, notamment avec des impôts.
Les lecteurs qui ont un doctorat en économie trouveront certainement que ce que je viens d’écrire est débile, mais cette base, peu de gens l’ont.
Demandez à ma sœur si elle veut vivre dans une société juste, équitable et solidaire et c’est sûr qu’elle vous dira «oui». C’est la fleur bleue de la famille. Fondamentalement, je vous assure que ma soeur est à gauche, et c’est ce que la boussole révélera si on prend le temps de bien lui expliquer les choses.
Vous me direz peut-être qu’il n’est pas important de savoir exactement dans quelle case on se situe pour avoir des idées et que l’essentiel, c’est de parler avec son cœur.
Je ne suis pas d’accord.
Dans tous les domaines, l’éducation, l’économie, l’avortement, le coming out des personnalités publiques, il y a des gens avant nous qui ont mieux pensé que nous à leur sujet. Ils sont devenus des professionnels de leur domaine et se sont divisés en courants de pensée. Il y a des professionnels de l’économie qui se sont rangés plus à gauche, d’autres plus à droite. Des gens qui ont trouvé tous les arguments pour le libre choix à l’avortement, et des gens qui ont trouvé tous les arguments contre. Un site web gouvernemental, et un site web étudiant.
J’en viens à mon 21,95$. Le prétexte, au fond, de ce billet. Comme l’éducation n’est pas donnée et que l’humain a une propension à la paresse, j’ai mis la main sur un petit livre qui traîne partout dans la maison depuis quelques jours : La politique en 30 secondes, un ouvrage qui, comme va le cliché, devrait se retrouver dans toutes les mains.
Il vous permettra d’apprendre que des gens avaient déjà pensé au néo-libéralisme avant que vous ne trouviez que vous payez trop d’impôts, et que la monarchie avait connu certains écueils avant que le gouvernement Harper ne décide de la remettre au goût du jour.
La politique en 30 secondes, ça ne fera pas de vous un citoyen parfait, mais c’est déjà une base.
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Pour une raison que j’ignore, les gens qui ont une élocution lente me détendent. C’est pour cette unique raison que je réponds parfois aux sondages téléphoniques. Pour votre premier exercice d’esprit critique, j’ai décidé de partager avec vous ce long moment de détente: