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Écoute ton corps

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D’accord, ça sonne pas mal ésotérique. Écoute ton corps : une banalité sortie tout droit de la section « Croissance personnelle » de chez Renaud-Bray. Mais n’empêche, c’est un des meilleurs conseils que quelqu’un pourrait vous donner.

Le titre de ce billet a beau faire très Jojo Savard, il y a des chercheurs – qui n’ont PAS lu le livre « Le secret » – qui prennent cette affirmation de matante très au sérieux. Je pense entre autres à ces scientifiques français qui étudient l’horloge biologique humaine et qui ont découvert qu’il était très important de respecter celle-ci. Ils affirment même que si nous cassons son rythme sur une base trop régulière, comme nous le faisons à peu près tous, nous devenons plus à risque de choper certaines formes de cancer.

Tout cela m’apparaît très intéressant. Or, cela m’étonne que ces chercheurs soient étonnés. Qu’ils pensent avoir fait là une « découverte ». Quand j’étais jeune, combien de fois ma mère m’a-t-elle répété de rester attentive à ce que mon corps me disait ? Mange quand tu as faim, dors quand tu es fatiguée, bois quand tu as soif. Voilà le secret pour rester en santé. Pas besoin d’un diplôme de médecine spécialisée pour savoir ça. Par contre, ça prend beaucoup de volonté pour appliquer cette chose toute simple à notre quotidien, la société dans laquelle nous vivons ne nous permettant pas ce genre de fantaisies. Debout à 6h pour aller travailler, même si tu te sens un peu grippé. Lunch à midi, pas avant ni après. Et gare à toi si tu prends plus d’une demi-heure. Ça serait bien en fait si tu pouvais engloutir ton sandwich tout en continuant de bosser. T’as envie de faire une sieste d’après repas ? T’as raison, ce serait bon pour toi, mais oublie ça, ce n’est pas prévu à l’horaire. Tu te reposeras ce soir. Ah, tu as un apéro avec des amis, puis un show après ? Tu ferais mieux d’y aller, c’est bon pour ta vie sociale. Tu prendras soin de toi plus tard.

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Dans « l’ancien temps », bien que tous travaillaient très dur, les gens étaient davantage à l’écoute de leurs besoins immédiats. Ils mangeaient trois tonnes de bacon par semaine parce qu’ils avaient besoin de manger trois tonnes de bacon par semaine, étant donné toute l’énergie qu’ils dépensaient dans les champs. Aujourd’hui, on continue d’engouffrer des quantités astronomiques de gras, de sel et de glucides, pour ensuite aller s’asseoir pendant huit heures devant un ordinateur. Très utile. Jadis, quand les femmes avaient leurs règles, elles se reposaient. Parce qu’elles perdaient du sang, elles étaient plus faibles qu’à l’habitude, donc elles travaillaient moins et on respectait ça – c’est du moins ce que certains livres d’ethnologie m’ont laissée croire. Sacrilège ! Aujourd’hui, quand tu es menstruée, pour faire comme si de rien n’était, tu dois porter un pantalon blanc, un g-string et huit tampons en même temps, histoire de ne pas tacher ledit pantalon. Prendre congé parce que tu as des crampes intolérables et l’impression que tu vas t’évanouir à cause de la douleur, pfff, pense-y même pas la grande. Prends deux Midol, ça va passer.

C’est ainsi qu’on vit : dans le déni total des signes que nous envoie notre corps. Après des mois, des années, on finit par tomber vraiment malade. On ne comprend pas ce qu’on a. Alors on va faire la file pendant 48 heures à l’hôpital, en espérant que le bon docteur saura nous prescrire une pilule magique qui nous remettra sur le piton en deux jours. Parfois, le diagnostic est beaucoup plus grave que ce qu’on croyait. Combien d’histoires j’ai entendues au sujet de personnes qui avaient mal au dos ou au ventre et qui sont sorties du cabinet du médecin avec un diagnostic de cancer généralisé. Parfois aussi, le diagnostic n’est pas le bon, comme pour cette jeune femme à qui on avait annoncé qu’elle avait la sclérose en plaques et qui, après douze ans, a découvert que ce n’était qu’une sinusite.

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Les médecins ne sont pas des super héros, mais des humains qui se trompent, eux aussi. Difficile de les blâmer, eux qui vivent des situations de stress intense, qui travaillent parfois une vingtaine d’heures consécutives et qui ne peuvent surtout pas tout savoir, tout retenir. Mais on peut se blâmer, soi, de ne pas être davantage à l’affût de son propre body. De toujours guérir plutôt que de prévenir. De ne prendre soin de soi que lorsqu’on est à l’article de la mort ou presque.

Nous sommes comme ça, les humains : nous attendons d’être confrontés au pire des scénarios catastrophe avant de changer nos habitudes. Il nous faut rentrer dans le mur pour enfin admettre que ça va mal. Qu’il s’agisse de notre santé physique ou de la santé de notre système politico-économique, on agit et réagit de la même façon. Crise de foie ou crise économique, dans les deux cas, la solution se trouverait dans une écoute plus assidue de nos besoins primaires et une vision plus réaliste de ce que notre corps et notre environnement sont capables de nous donner. Mais ça, qui est prêt à l’entendre ?

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