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Écoute exclusive : «J’espère que tu vas mieux » nouvel EP d’Ariane Zita

Trois ans plus tard, elle nous revient avec un EP sensible et engagé!

Par
Amélie Boudreau
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Du métier dans le corps, une langue bien pendue et du talent à revendre, Ariane Zita nous revient après trois ans avec un tout nouvel EP, J’espère que tu vas mieux. Une jolie primeur qu’on vous offre avant sa parution officielle le 15 juin.

Sonorités assumées, rythmes accrocheurs, sujets intimes, sensibles et engagés, ce EP nous présente une Ariane Zita revendicatrice et prête à prendre la parole. Il faut dire que, ces dernières années, Ariane n’a pas chaumé, loin de là. Cependant, plusieurs événements ont bouleversé sa vie et ainsi repoussé son retour musical. Ces événements n’étaient d’ailleurs pas de tout repos…

Retourner à la création après la sortie de ton premier album Oui mais non en 2015, est-ce que c’était difficile?

C’était volontaire. En création, j’aime ça laisser décanter parce que je n’aime pas trop forcer les choses. Je prends le temps que ça vienne. Cette fois, ça a pris trois ans, ben fallait que ça prenne trois ans!

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Qu’est-ce qui a nourri ces nouvelles chansons?

Naïvement, je pensais qu’on pouvait dénoncer et être prise au sérieux.

Quand mon gérant m’a demandé si je voulais faire un EP, les seules choses qui m’inspiraient, c’est ce qui venait de m’arriver. C’était avant le mouvement #Moiaussi. Je me suis jointe à trois autres femmes pour dénoncer un collègue qui occupait un poste important de directeur de création. Après, ç’a été l’enfer pour moi.

Naïvement, je pensais qu’on pouvait dénoncer et être prise au sérieux, mais je ne connaissais pas l’envers de la médaille. La compagnie a tout fait pour le garder. J’avais ce nouvel obstacle devant moi et je n’étais pas capable de l’affronter. J’ai quitté mon emploi et ç’a vraiment été un deuil important, une grosse désillusion.

Je suis tombée enceinte pas longtemps après, je n’avais pas d’emploi et j’étais trop déprimée pour entreprendre quoi que ce soit. Ma vie est donc devenue de la « crisse de marde » alors quand j’ai eu l’opportunité de faire un EP, je n’avais rien d’autre à dire que ce qui venait de m’arriver parce que c’était encore trop présent en moi.

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J’ai lu que tu avais alors vécu une période de remise en question…

Oui, j’ai pris conscience que je n’étais pas un cas isolé et que le milieu de la musique à l’image et de la publicité est un milieu gangrené. J’ai donc fait une croix là-dessus parce que je sais que cette personne travaille encore et a toujours des contrats. Tout le monde est au courant, mais personne ne fait rien.

Tu fais partie du mouvement Femmes en musique (F*EM) lancé l’été dernier par les sœurs Boulay et soutenu par Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur et Laurence Nerbonne, entre autres. Est-ce que tu crois que ça a fait une différence de sortir dans les médias pour défendre la place des femmes en musique?

Oui, je le crois. Au moins, on en parle maintenant et des gens acceptent que la sous-représentation des femmes soit un problème dans l’industrie. Malgré tout, ça nous remet dans la face qu’on n’est pas sortie du bois!

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F*EM reste un groupe positif en soi parce qu’on peut se retrouver entre nous. On a maintenant un espace où on peut créer des liens avec des personnes qui vivent les mêmes réalités que nous, ce qui est super important.

Est-ce que toutes ces expériences t’ont amené à prendre plus de place dans la réalisation de tes nouvelles chansons? As-tu assumé ta place en tant que femme justement?

Musicalement, c’est vraiment plus moi. L’album est coréalisé par plusieurs personnes, mais je suis arrivée avec des maquettes solides à leur présenter.

Avant, je prenais beaucoup moins de place.

Avant, je prenais beaucoup moins de place. Je n’étais tellement pas confiante que mes musiciens prenaient la place que je leur laissais. J’ai beaucoup plus d’expérience maintenant et cette fois, c’est moi qui étais la cheffe d’orchestre!

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Pour terminer, je suppose que tu aimerais que tes chansons résonnent pour des gens qui auraient vécu une situation similaire à la tienne?

Oui c’est sûr! Ça m’a vraiment fait du bien d’écrire ces chansons et je ne me gêne pas pour en parler parce que je n’ai plus honte. Je n’ai pas besoin de me cacher, c’est lui qui devrait le faire. Peu importe l’injustice que l’on vit, j’ai vraiment espoir que les choses sont en train de changer parce qu’on en parle. La peur doit changer de camp.

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Ariane Zita est en spectacle le 15 juin prochain aux Francos de Montréal. Les détails ici.

On l’écoute ici.

On la suit .