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Du manger pour gratis

Par
Simon Painchaud
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Je ne porte pas des pantalons pattes d’éléphant avec des fleurs dessus, je mange pas des graines de lin en faisant du LSD, j’ai une Subaru 4 roues motrices, je vais parfois souper au PFK: j’ai rien contre les hippies et les granos mais j’en suis pas un.

Je ne sais pas si vous avez entendu parler du Dumpster Diving ou de son cousin français le Trésordure. C’est un mouvement qui a pris de l’ampleur depuis quelques années dans les pays industrialisés, quelques articles sont parus récemment sur le sujet dans les médias américains. Il s’agit, comme le nom l’indique, d’explorer les poubelles et ordures afin d’y récupérer de la bouffe encore bonne ou du matériel réutilisable (ordis, etc).
En naviguant paisiblement sur l’autoroute de l’information, je suis tombé sur une carte exposant les meilleurs spots à Montréal pour récupérer de la bouffe dans les conteneurs des supermarchés et épiceries de notre belle ville. Assez complète, la carte est couplée de précisions utiles comme amener une clé à molette ou à quel moment il est préférable d’y aller pour ne pas se faire pogner.
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Illégal ou pas, je n’ai pas demandé le point de vue de sa majesté maître Guy Bertrand et je suis allé voir moi-même ce matin. Comme aujourd’hui c’est la journée de la collecte des ordures dans mon quartier, je me suis dit qu’il y a aurait pas mal de stock. Je suis arrivé vers 5h15 AM à l’épicerie Métro qui figurait sur la map. Je me sentais comme Chuck Norris dans Delta Force sauf que j’avais les yeux un peu croûtés et une haleine de conteneur. Y’avait déjà du monde qui commençait à pédaler sur leur Bixi (je pense que j’ai vu Christian Bégin, pas sûr). Anyway, j’avais l’air un peu cave avec mon sac d’épicerie en jute de la Maison du Rôti. J’ai escaladé la bine qui faisait 7 ou 8 pieds de haut et je me suis retrouvé au fond.
Appelle ça de l’émotion si tu veux, j’avais la patate qui se faisait aller. Il y avait à peu près une dizaine de sac de vidanges. Il y en avait d’ouverts et je pouvais voir des baguettes de pain, des gâteaux et des tartes en sortir, bref une partie de la section boulangerie.
J’ai commencé à faire mon shopping. J’étais assez supris de voir les dates de péremption : 8 ou 9 juillet (on est le 10 juillet).
Cinq minutes plus tard et une ride gratuite sur GO je suis sorti et me suis dirigé vers la fruiterie un peu plus loin sur Mont-Royal. Même chose. Quelques bines pleines de fruits et légumes. Pas besoin de plonger pour ceux là. Un drive-thru. C’était pas les plus beaux fruits que j’ai vu de ma vie, mais c’était tout de même comestible.
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Je dois avouer que j’ai été troublé de voir toute cette bouffe encore bonne. Oui, oui, y’a sûrement des règles dans un beau cartable quelque part qui spécifient que cette bouffe ne doit pas être donnée pour des raisons légales ou d’assurance. Ça reste tout de même absurde et un peu triste. «Je fais y’ien’que constater», comme dirait Claude Poirier.
Voici mon butin.
Les toasts goûtaient bon.