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D’où ça vient, la semaine de 40 heures?
Du lundi au vendredi de 9 à 5. Un horaire de 40 heures par semaine (du moins c’est ce qu’on dit sur papier, en pratique c’est différent). C’est la formule qui se répète pour la plupart des travailleurs de bureau pendant 49 semaines par année. Oui, trois semaines de vacances par année, c’est la moyenne.
Est-ce qu’on travaille trop ou pas assez? Quand on pense qu’il y a 140 ans on pouvait travailler jusqu’à 15 heures par jour puisqu’il n’existait aucune réglementation en ce sens, la question se pose. Ceux qui refusaient de faire ce qu’on appelle aujourd’hui des «heures supplémentaires» risquaient de se faire congédier.
On en a fait du chemin depuis ce temps-là.
Les précurseurs
Le modèle actuel de huit heures par jour, cinq jours par semaine, que connaissent bon nombre de travailleurs au Québec, est calqué sur le modèle états-unien.
Mais ça n’a pas toujours été comme ça. Au 19e siècle, nos voisins du sud pouvaient travailler jusqu’à 100 heures par semaine dans des manufactures, en pleine révolution industrielle.
Il a fallu attendre le début du 20e siècle pour que cette «norme» sociale s’estompe peu à peu, contestée par des mouvements de travailleurs qui en avaient plein leur casque de bosser autant, surtout dans des secteurs comme les mines et l’imprimerie.
Si ça semble être un geste altruiste, c’est plutôt le capitalisme qui guidait l’instinct d’Henry Ford. L’homme d’affaires affirmait que les gens qui ont plus de «loisirs» ont aussi plus de vêtements et ont besoin de voitures pour se déplacer.
Mais c’est en 1926 que le monde du travail prend un réel tournant, alors que Ford Motors instaure dans ses usines le modèle des cinq journées de huit heures par jour, chaque semaine. C’est à ce moment que la pratique devient mainstream. Si ça semble être un geste altruiste, c’est plutôt le capitalisme qui guidait l’instinct d’Henry Ford. L’homme d’affaires affirmait que les gens qui ont plus de «loisirs» ont aussi plus de vêtements et ont besoin de voitures pour se déplacer. L’argent n’est jamais loin derrière les décisions des entrepreneurs.
En 1940, le Congrès américain amende le «Fair Labor Standards Act» et adopte le modèle de 40 heures de travail par semaine comme nouvelle norme.
Et au Canada?
À la fin du 19e siècle, la Federation of Labour commence à militer pour la diminution des heures de travail à 40 heures par semaine.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le Canada se colle de plus en plus au modèle américain à la suite de multiples grèves dans divers secteurs. Au milieu des années 60, le gouvernement libéral de Lester B. Pearson instaure la semaine de travail de 40 heures, appuyé par le NPD en contexte de gouvernement minoritaire.
Mais il faudra attendre jusqu’au tournant des années 2000, pour que la semaine «normale» de travail à 40 heures soit réellement implantée au Québec, c’est-à-dire que les heures supplémentaires soient régies par la Loi sur les normes du travail.
Depuis, la semaine de travail normale dure 40 heures. Il y a, bien sûr, plusieurs exceptions, comme les travailleurs en région éloignée comme à la Baie-James. Mais le modèle qui est arrivé dans le mainstream avec Henry Ford dans les années 20 est constamment remis en question. Est-ce qu’il s’agit réellement du modèle le plus productif? Est-ce qu’on devrait adopter la semaine de quatre jours? Certains disent que oui, d’autres non. Mais reste que de plus en plus d’entreprises décident d’être plus «flexibles» sur les heures de travail. D’ici 2030, un travailleur sur 10 pourrait avoir un horaire qui sortira du classique 9 à 5.
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Est-ce qu’on travaille trop au Québec? Pour écouter les différents points de vue, regardez l’épisode de Zone franche ici.