La lumière décline tranquillement en après-midi, les températures sont de plus en plus fraîches et des hordes d’étudiant.e.s en train de se faire initier envahissent les rues. De toute évidence, l’automne vole peu à peu le show à l’été.
Au centre du stage, on retrouve les élections provinciales, au terme desquelles on connaîtra le nouveau visage (ou pas) de notre leader. Mais si cette période est exaltante pour certain.e.s, elle semble de moins en moins populaire chez les habitant.e.s de la Belle Province, alors que moins de 70 % des personnes en âge de voter se sont rendues aux urnes en 2018.
Afin d’explorer les différentes façons de s’impliquer dans le système démocratique et d’inspirer les jeunes à mettre la main à la pâte, les documentaristes Ismaël Koné, Félix Gagnon, Antoine Jobin et Sébastien Duran sont allés à la rencontre de cinq femmes qui ont décidé de sauter dans l’arène politique à leur manière pour leur long métrage Au-delà du vote.
On a voulu revenir sur l’expérience avec Ismaël Koné à l’occasion de la sortie du documentaire aujourd’hui.
Le documentaire aborde ce manque d’intérêt et de connexion des jeunes avec le monde politique, entre autres en raison d’un manque d’éducation. Qu’est-ce qui pourrait être mieux fait pour rallier ces deux « solitudes » selon toi?
En toute honnêteté, je comprends les jeunes qui ne vont pas voter aux quatre ans. C’est difficile de voir le lien de causalité entre ce que l’on veut comme société et le processus décisionnel en place si on est peu ou pas informé sur ce qui se passe. Il y en a aussi beaucoup qui ne se reconnaissent pas dans les dirigeants élus et perdent espoir en cet univers.
Tout le monde s’entend pour dire qu’exercer la démocratie est primordial, mais combien de cours dans un cursus primaire ou secondaire abordent réellement les enjeux qui y sont liés? Pratiquement aucun. Je crois que si on donnait des cours d’éducation à la citoyenneté plus poussés et plus tôt dans le parcours, on aurait des jeunes plus outillés pour participer à la vie politique de manière concrète. Selon moi, il faudrait aussi leur donner une place prépondérante dans la prise de décision afin qu’ils se sentent entendus pour vrai.
À ton avis, quelle est la recette pour vaincre le cynisme ambiant concernant la politique?
Je crois que la base est de s’impliquer directement dans une cause qui nous tient à coeur. Ça peut être de mettre sur pied un comité citoyen pour mettre de l’avant les préoccupations de la population aux élus comme l’une des protagonistes du film l’a fait ou toute autre engagement qui nous plonge dans l’action.
Une des leçons que l’on retire du documentaire, c’est que l’implication au niveau municipal est plus « accessible » et a un impact plus direct sur la vie des gens. Personnellement, ce projet m’a donné envie d’en faire plus dans mon quartier et d’aller à la rencontre de gens qui ont des pouvoirs décisionnels pour changer les choses. Éventuellement, j’aimerais mettre sur pied des initiatives afin d’aider les citoyens à s’investir davantage que sur le palier municipal. Je ne veux pas trop en dire pour le moment!
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, tes collègues et toi, dans tout le processus du documentaire?
On a réalisé à quel point les ressources comme les experts et les politiciens sont accessibles. On s’attendait à avoir de la difficulté à joindre certains d’entre eux, mais ils ont pratiquement tous été disponibles pour nous. Ce que ça nous a dit, c’est qu’on n’est vraiment pas les seuls à être en mode « solutions » pour changer la donne dans notre système démocratique et qu’il y a bel et bien des chantiers sur lesquels se pencher si on veut que les choses changent.