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DIY : J’ai retiré mon stérilet, toute seule, à la maison

Risqué? Douloureux? Notre collaboratrice témoigne.

Par
Marianne Desautels-Marissal
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Y’a deux semaines, j’ai retiré mon stérilet. Toute seule, à la maison. Je sais, ça sonne un peu comme si je disais que je me suis arraché une dent comme une sale pirate sans anesthésie avec une pince rouillée (sauf pour le demi quarante onze de rhum avalé d’une seule lampée avant l’opération). Mais non, je n’avais pas bu.

C’était un de ces petits matins où tu te retrouves pliée de douleurs jusqu’à la nausée, crampée ben raide.

On s’entend, le stérilet est une des meilleures méthodes de contraception, avec un taux d’efficacité qui frôle les 100%. Mais le modèle au cuivre comme celui qui a séjourné quelques années dans mon utérus est aussi susceptible d’entraîner des menstruations plus abondantes et douloureuses. Dans mon cas, disons que j’aurais pu donner des ateliers de groupe de fabrication de boudin maison et que je craignais un peu l’anémie. Et les crampes… GOD! On sait que les douleurs de ces contractions mensuelles peuvent s’apparenter à la souffrance ressentie lors d’une crise cardiaque, même si collectivement, on ne prend pas ça très au sérieux.

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Bref, après trois ans de journées de travail et de vacances perdues ici et là à serrer les dents dans mon lit, j’ai décidé de tirer la plogue.

Laissez-moi mettre quelque chose au clair tout de suite: mon but n’est pas d’inciter qui que ce soit à faire de même. Mais j’ajoute ma petite histoire aux récits de plusieurs femmes qui ont décidé, pour elles-mêmes et pour différentes raisons, de tirer sur ces petits fils.

le modèle au cuivre comme celui qui a séjourné quelques années dans mon utérus est aussi susceptible d’entraîner des menstruations plus abondantes et douloureuses.

Depuis un moment déjà, je pensais à faire retirer ce dispositif génial devenu pour moi diabolique, mais c’est au détour d’un #samedisexo que j’ai réalisé que j’avais la possibilité de le faire moi-même. On parle de lecture ici, pas d’un après-midi langoureux, bande de folichons: La tête dans l’cul est un blogue tenu par une étudiante en sexo, autant dire une sexologue du futur, Myriam Daguzan Bernier. Parmi ses actualités se trouvait un long papier de Slate titré: Que risque-t-on à retirer soi-même son stérilet? Je l’ai lu en me tordant de douleur à l’idée de passer à l’action.

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Et bien, selon plusieurs médecins et gynécologues interrogé.es dans ce texte et ailleurs, la procédure est simple, les risques de complications seraient très minces, et la douleur, fugace et comparable à celle que la moitié de la population est susceptible d’éprouver chaque mois. Pour ce qui est de la douleur, je le savais déjà, pour m’être auparavant fait retirer mon fidèle Mirena (le stérilet hormonal) après cinq ans de loyaux services sans anicroche.

Si l’installation d’un stérilet peut provoquer un malaise vagal et n’a rien à voir avec une balade à la Place Versailles, le retrait est nettement moins traumatisant pour le col de l’utérus: on estime le risque d’une telle réaction à moins de 0,01% des tentatives. Il existe aussi un faible risque que le DIU (dispositif intra-utérin) se soit blotti bien au chaud au creux de la paroi utérine, ce qui peut rendre le retrait plus difficile et possiblement entraîner des complications.

Si l’installation d’un stérilet peut provoquer un malaise vagal et n’a rien à voir avec une balade à la Place Versailles, le retrait est nettement moins traumatisant pour le col de l’utérus.

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Au risque de me répéter, ceci n’est pas un tutoriel : quand risques il y a, être accompagné.e d’un.e professionel.le est toujours la meilleure option. Mais pour certaines personnes, l’accès à un médecin est limité. D’autres craignent de ne pas pouvoir se payer un rendez-vous pour le retrait de leur DIU, notamment aux États-Unis, faute de couverture médicale retirée par les politiques de Trump. Certains médecins proposent alors, au moment de la pose, de laisser les fils un peu plus longs pour faciliter la manœuvre.

Pour plusieurs femmes, avoir le contrôle sur sa fertilité est un facteur important dans le choix d’une méthode de contraception. Un groupe de recherche américain étudie la question depuis quelques années, et a découvert que la possibilité d’un retrait DIY à la maison pouvait augmenter l’intérêt des femmes pour le stérilet, et ce serait particulièrement vrai pour celles issues des minorités ethnoculturelles. Il faudra toutefois attendre plusieurs autres études avant de déclarer cette pratique totalement sécuritaire.

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Depuis les années 50 et 60, on a assisté à une médicalisation de tout ce qui touche au système reproducteur féminin. Le fait qu’il y ait un mouvement de femmes qui désirent se réapproprier ces savoirs confisqués, réservés aux médecins, n’est peut-être pas anodin. Et en attendant la pilule pour les hommes, qui commence à faire ses preuves, la contraception restera surtout ancrée dans la charge mentale des propriétaires d’utérus…

Quant à moi, savoir que je pouvais mettre fin en quelques secondes à cette souffrance récurrente s’est avéré libérateur. J’ai pris mon courage à deux mains et les fils de mon stérilet à deux doigts, j’ai tiré doucement, puis après un petit pincement, plus rien que la grande bouffée d’empouvoirement qui m’avait envahie. Mon amoureux pense à se faire couper le canal famille.

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Sinon, je retournerai au Mirena. Et en plus j’aime beaucoup ma nouvelle boucle d’oreille de pirate.